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pour en procurer & en hâter la guérison.

Par les raisons que nous avons exposées plus haut, en traitant des effets des eaux sulfureuses sur des personnes robustes, il est clair que l’usage de ces eaux employées, soit extérieurement, comme dans le bain tempéré, soit intérieurement par la boisson, ne peut qu’être fort utile. Toutefois les remedes chirurgicaux ne doivent pas être négligés lorsqu’ils paroissent nécessaires pour procurer ou faciliter l’issue à du pus qui peut s’être amassé & croupir dans quelque sinus profond, d’autant mieux que par ce moyen l’eau thermale portera sur toutes les parties de l’ulcere. On peut appliquer ceci à la carie lorsqu’elle se rencontre, c’est-à-dire il faut tâcher de la découvrir autant qu’on le peut, & de l’emporter par des remedes convenables.

La douche des eaux de Barêge a encore cela de merveilleux, qu’en renouvellant l’inflammation & la suppuration dans une partie, elle procure bien souvent l’issue des corps étrangers : souvent même ce remede est très-efficacement employé dans l’amaigrissement d’une partie. Il résout quelquefois encore avec succès les tumeurs lymphatiques des glandes, ainsi que l’hydropisie des articulations, &c.

Cet article est un abrégé d’un traité latin sur la nature & l’usage des eaux minérales, de M. Leroy, professeur en Medecine en l’université de Montpellier.

MINÉRALISATION, (Hist. nat. Minéral.) c’est ainsi qu’on nomme dans la Minéralogie l’opération par laquelle la nature combine un métal ou un demi-métal avec du soufre, ou avec de l’arsenic, ou avec l’une & l’autre de ces substances à-la-fois. Par cette combinaison l’aspect du métal est entierement changé ; on n’y voit plus ni éclat, ni ductilité, ni malléabilité, en un mot le métal n’est plus reconnoissable, & la combinaison totale prend une forme entierement étrangere au métal qu’elle contient. Alors on dit qu’un tel métal est minéralisé, c’est-à-dire qu’il est dans l’état de mine ou de minerai. C’est ainsi que l’argent qui est métal blanc, lorsqu’il est combiné avec de l’arsenic & avec une petite portion de fer, prend la forme d’un amas de crystaux rouges qui sont quelquefois transparens comme des grenats ; c’est ce que l’on nomme la mine d’argent rouge. Dans cette mine, l’argent & une portion de fer sont minéralisés avec l’arsenic. L’argent combiné avec une portion de soufre, devient une substance d’un gris-foncé, flexible comme du plomb, & si tendre, que l’on peut la tailler avec le couteau : alors on dit que dans cette mine l’argent se trouve minéralisée avec le soufre.

Le plomb uni ou minéralisé avec le soufre, affecte une forme cubique que l’on nomme galêne ou mine de plomb. Ce même métal combiné avec de l’arsenic, forme quelquefois des grouppes de crystaux d’un beau verd ou d’un beau blanc, que l’on nomme mines de plomb vertes ou blanches. Voyez Plomb.

L’étain est minéralisé par l’arsenic, & la masse qui résulte de leur union est en crystaux polygones. Voyez Étain.

Le cuivre & le fer minéralisés soit avec le soufre, soit avec l’arsenic, prennent une infinité de formes différentes, qui les rendent méconnoissables à ceux qui n’ont point les yeux accoutumés à les voir dans l’état de mine. Voyez Cuivre & Fer.

Quant à l’or, jusqu’à-présent on ne l’a point encore trouvé minéralisé ; on le rencontre toujours sous la forme & sous la couleur qui lui sont propres. Cependant comme nous ne connoissons point toutes les productions de la nature, on ne peut point décider si l’or est absolument incapable d’être minéralisé. Voyez Or.

Les demi-métaux sont, ainsi que les métaux, sus-

ceptibles de la minéralisation, c’est-à-dire, ils peuvent

être combinés avec le soufre & avec l’arsenic, de maniere à prendre une forme entierement différente de celle qui leur est propre. C’est ainsi que l’antimoine combiné avec le soufre, forme une masse composée de stries ou d’aiguilles, que l’on nomme antimoine crud. L’arsenic combiné avec le soufre, forme une masse feuilletée jaune ou rouge, que l’on appelle orpiment, voyez Orpiment. Le cobalt se montre aussi sous plusieurs aspects différens ; il en est de même du zinc, qui est méconnoissable dans la calamine & dans la blende, qui sont ses mines ordinaires. A l’égard du bismuth, on le trouve toujours sous la forme qui lui est propre, & on ne l’a point encore rencontré minéralisé.

Le mercure est minéralisé avec le soufre, & alors il forme une masse d’un beau rouge que l’on nomme cinnabre. Voyez Cinnabre.

Les métaux qui ne sont point minéralisés & que l’on trouve sous la forme qui leur est propre, se nomment métaux natifs ou métaux vierges. Voyez Natif & Vierge.

La Chimie est parvenue à imiter la nature dans un grand nombre de minéralisations ; c’est ainsi qu’en combinant du mercure avec du soufre, on fait un vrai cinnabre. En combinant de l’argent avec de l’arsenic, & joignant un peu de safran de mars à ce mélange, on fait une combinaison semblable à la mine d’argent rouge. On fait pareillement avec l’argent & du soufre, une combinaison semblable à la mine d’argent vitrée, à la mine d’argent noire, &c. cela dépend du plus ou du moins de soufre que l’on fait entrer dans la combinaison. Personne n’ignore qu’en combinant du régule d’antimoine avec du soufre, il résulte une masse striée semblable à l’antimoine crud. M. Rouelle connoît un tour de main au moyen duquel il donne au plomb la forme cubique & feuilletée que ce métal prend dans la galene ou dans la mine la plus ordinaire. Il y a lieu de croire que l’on pourroit parvenir de même à imiter la plûpart des minéralisations que la nature opere. La voie de l’analyse & de la récomposition est assurément la plus sûre pour connoître avec exactitude les substances que la nature fait entrer dans la combinaison des corps, d’où l’on voit la nécessité de la Chimie pour démêler les mysteres de la Minéralogie. Voyez Minéralogie ; & voyez Mine & Minerai. (—)

MINÉRALOGIE, s. f. (Hist. nat.) La Minéralogie prise dans toute son étendue, est la partie de l’Histoire naturelle qui s’occupe de la connoissance des substances du regne minéral ; c’est-à-dire, des terres, des pierres, des sels, des substances inflammables, des pétrifications, en un mot, des corps inanimés & non pourvus d’organes sensibles qui se trouvent dans le sein de la terre & à sa surface.

Dans un sens moins étendu, par Minéralogie l’on entend la suite des travaux que l’on fait pour l’exploitation des mines, & alors on comprend aussi sous ce nom la Métallurgie. Voyez Métallurgie. Cela est fondé sur la liaison intime de ces deux sciences, qui se prêtent des secours mutuels, & qui tendent toutes deux au même but. En effet, il est très-difficile ou même impossible que le métallurgiste ait une connoissance parfaite de son art, s’il n’est aidé des lumieres de la Minéralogie, c’est-à-dire, s’il ne connoît parfaitement les substances qu’il doit travailler. Vainement prétendroit-il à l’une ou l’autre de ces connoissances sans le secours de la Chimie, comme nous allons avoir occasion de le prouver.

Sous quelque point de vue que l’on envisage la Minéralogie, son objet est très-vaste, & ses branches très-étendues. Elle s’occupe des substances dont est composé le globe que nous habitons ; elle considere les différentes révolutions qui lui sont arrivées ;