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Voyez, & qu’on se rie après de ma puissance !
Il n’eut pas dit, qu’on vit trois monstres au plancher,
Aîlés, noirs, & velus, en un coin s’attacher.
On cherche les trois sœurs, on n’en voit nulle trace :
Leurs métiers sont brisés, on éleve en leur place
Une chapelle au dieu pere du vrai Nectar.
Pallas a beau se plaindre, elle a beau prendre part
Au destin de ces sœurs par elle protégées ;
Quand quelque dieu voyant ses bontés négligées,
Nous fait sentir son ire, un autre n’y peut rien :
L’olympe s’entretient en paix par ce moyen.

(D. J.)


MINÉO, (Géog.) ville de Sicile, dans le val de Noto, vers la source de la riviere santo-Paulo. Elle est située entre Caltagirone à l’occident, & Lentini à l’orient. C’est l’ancienne Menæ. (D. J.)

MINERAI, s. m. (Hist. nat.) mot synonyme de mine, & qui désigne la substance métallique, soit pure, soit minéralisée, que l’on détache dans les souterreins des mines. On dit laver le minerai, écraser le minerai, fondre le minerai, &c. comme on dit aussi détacher la mine, laver la mine, fondre la mine, &c. Le mot minerai semble s’être introduit pour éviter la confusion que peut occasionner le mot de mine, minera, ou gleba metallica, avec le mot mine, metalli fodina. Cependant l’usage veut qu’on dise en françois une mine de cuivre, une mine de plomb, une mine d’argent, & l’on ne dit point un minerai d’or ou d’argent, &c. Voyez Mine. (—)

MINÉRAL, adj. (Hist. nat.) ce mot se prend ou comme substantif, ou comme adjectif. Comme substantif, on dit un minéral, ce qui est la même chose qu’une substance appartenante à la terre : comme adjectif, le mot minéral se joint à un substantif, & désigne que c’est un corps qui se trouve dans la terre, ou qui lui appartient : c’est ainsi qu’on dit regne minéral, charbon minéral, substance minérale ; les eaux minérales sont des eaux chargées de quelques parties qui leur sont étrangeres, & qui appartiennent au regne minéral. Voyez Minéraux.

Dans la Chimie, on nomme acides minéraux, les dissolvans ou menstrues acides que l’on obtient du vitriol, du sel marin, & du nitre, pour les distinguer des acides qu’on obtient des végétaux. (—)

Minéral, Æthiops. voyez Mercure, Chimie, & Mercure, Mat. med.

Minéral regne, (Hist. nat.) c’est ainsi qu’on nomme l’assemblage total des corps qui appartiennent à la terre, & qui se forment dans son sein. Ces corps s’appellent minéraux, ou substances du regne minéral ; ils font une des trois branches dans lesquelles il a plu aux Physiciens de partager l’histoire naturelle. Le regne minéral est l’objet d’une étude particuliere, qu’on nomme Minéralogie. Voyez Minéralogie & Minéraux. Il est très-difficile de fixer les bornes précises que la nature a mises entre ses différens regnes ; tout nous démontre qu’il y a la plus grande analogie entre les minéraux, les végétaux, & les animaux. En effet, le regne minéral fournit aux végétaux la terre & les sucs nécessaires pour leur accroissement ; les végétaux fournissent aux animaux leur nourriture, & passent ainsi avec les parties qu’ils ont tiré de la terre dans la substance de ces animaux, qui eux-mêmes rendent à la fin à la terre ce qu’ils en ont reçus, & retournent dans la substance d’où ils ont été originairement tirés. Le célebre M. Henckel a fait voir cette circulation perpétuelle des êtres qui passent d’un regne de la nature dans un autre, par l’ouvrage qu’il a publié sous le nom de flora saturnizans, ou de l’analogie qui se trouve entre le regne végétal & le regne minéral. (—)

Minérales Eaux, (Chimie & Médecine.) c’est ainsi qu’on appelle les eaux chargées ou imprégnées de principes minéraux en assez grande quantité,

pour produire sur le corps humain des effets sensibles & différens de ceux de l’eau commune.

Les eaux minérales se divisent ordinairement en thermales & en froides. Parmi ces dernieres, il y en a qu’on nomme acidules, à cause d’un certain goût piquant qu’elles impriment sur la langue, à-peu-près égal à celui du vin mousseux, comme le vin de Champagne & la biere ; telles sont les eaux de Spa, de Pyrmont, de Vals, &c. Relativement à leurs principes, les eaux minérales se divisent encore en sulphureuses, en martiales, & en salées : c’est à cette division que nous nous en tiendrons dans cet article, en commençant par les salées. Il est néanmoins à propos d’observer que les eaux martiales & les sulphureuses, qui outre le soufre ou le fer, contiennent encore des sels, doivent être entierement distinguées des autres, par cela seul qu’elles renferment des substances sulphureuses & martiales ; c’est pourquoi nous en ferons une classe à part.

Eaux minérales salées. Ce sont les eaux qui sont imprégnées de sels, & qui ne contiennent d’ailleurs ni fer, ni soufre, mais qui indépendamment des principes salins, renferment quelquefois un air ou esprit élastique, du bitume, une terre absorbante, & souvent même une autre espece de terre appellée selénite. Voyez Sélénite.

On reconnoit les eaux minérales qui sont purement salées, à ces signes : 1°. si l’inspersion de la poudre de noix de gale n’altere point sensiblement leur couleur naturelle, phénomene qui est particulier aux eaux martiales : 2°. si en y jettant de l’argent en masse, ou une piece d’argent, ou en exposant ce métal à leur vapeur, sa couleur n’en est point obscurcie ou noircie : 3°. si elles n’exhalent point une mauvaise odeur approchante de celle des œufs pourris, deux propriétés des eaux sulphureuses.

Maintenant parmi les eaux salées, on en trouve qui sont chaudes, & dans différens degrés de chaleur ; d’autres qui sont froides. Les principales eaux thermales salées du royaume, sont les eaux de Balaruc, de Bourbon, du mont d’Or ; celles de Vichy, de Bourbonnes, de Bagneres, &c. Les froides sont celles de Pongues, de Mier, de Valo, d’Yeuzet, & les eaux froides du mont d’Or, celles de saint Martin de Fenouilla, & plusieurs autres, dont nous attendons l’analyse des travaux de MM. Venel & Bayen. On doit encore mettre au nombre des eaux salées, les martiales qu’on ne boit que quelque tems après qu’elles ont été tirées de la source, en sorte qu’elles ayent déposé leur fer, comme sont les eaux de Passy épurées, qu’on prend communément à Paris, celles de Camares qu’on transporte dans diverses villes du Languedoc, &c.

Les principes qu’on retire ordinairement des eaux salées, & qui s’y trouvent dans une variété de rapports proportionnels à celle des eaux, sont 1°. un air ou esprit élastique ; 2°. un sel marin ; 3°. un sel d’epson ; 4°. un sel alkali minéral ; 5°. une terre absorbante ; 6°. une terre sélénitique ; 7°. un sel marin à base terreuse qui ne se crystallise point ; 8°. une espece d’huile minérale, autrement dite bitume ; 9°. enfin, on retire de l’alun de quelques-unes : mais celles-ci sont très-rares. Nous allons traiter de chacune de ces eaux en particulier, sans omettre de donner des exemples de la maniere dont on peut en découvrir & en démontrer les principes.

Les eaux minérales qui contiennent un air élastique, sont presque toutes froides ; la présence de cet air se manifeste par les bulles qui s’élevent continuellement çà & la sur la surface de ces eaux, & par leur goût piquant. Or ce goût que nous avons comparé à celui du vin mousseux, dépend évidemment de cet air élastique ; la preuve en est que les eaux perdent de ce goût ou deviennent plates à pro-