Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 10.djvu/386

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le point du solstice d’été, soutient la table de marbre blanc sur laquelle sont tracées les divisions qui répondent à ce solstice, & aux tems qui le précédent ou le suivent de près. On en avoit fixé la place à cet endroit, & pour cet usage, dès le tems qu’on a construit le portail méridional de S. Sulpice, & le mur où devoit être attaché l’objectif ; & comme les marbres, &-surtout les marbres blancs viennent enfin à s’user sous les pieds des passans, on a couvert celui-ci d’une grande plaque de cuivre, qu’on ne leve qu’au tems de l’observation. Toutes ces précautions, jointes à tant de nouvelles sources d’exactitudes, font de la méridienne de S. Sulpice un instrument singulier, & l’un des plus utiles qui aient jamais été procurés à l’Astronomie. L’obélisque est chargé d’une inscription qui conservera à la postérité la mémoire d’un si bel ouvrage, & du célebre astronome au soin duquel on en est redevable.

Maniere de tracer une méridienne. Nous supposons qu’on connoisse à-peu-près le sud, il faudra alors observer la hauteur FE, (Pl. astron. fig. 8.) de quelque étoile près du méridien HZRN, tenant alors le quart de cercle ferme sur son axe, de façon que le fil à plomb coupe toujours le même degré, & ne lui donnant aucun autre mouvement que de le diriger du côté occidental du méridien, on épiera le moment où l’étoile aura la même hauteur fe qu’auparavant ; enfin, on divisera en deux parties égales par la droite HR l’angle formé par les intersection des deux plans où le quart de cercle se sera trouvé dans le tems des deux observations avec l’horison, & cette droite HR sera la ligne méridienne.

Autre maniere. Décrivez sur un plan horisontal & du même centre (fig. 9) plusieurs arcs de cercle BA, ba, &c. Sur ce même centre C élevez un stile ou gnomon perpendiculaire à l’horison, & d’un pié ou d’un demi-pié de long. Vers le 21 Juin, entre 9 & 11 heures du matin, observez le point B, b, &c. où l’ombre du stile se terminera en différens instans, & des droites CB, Cb, décrivez des cercles. Observez ensuite l’après-midi les momens où l’ombre viendra couper de nouveau les mêmes cercles & les points A, a, où elle les coupera. Partagez ensuite les arcs de cercles AB, ab, en deux également aux points D, d, &c ; & si la même droite CD, qui passe par le centre C, commun à tous les cercles, & par le milieu D d’un des arcs passe aussi par le milieu d, &c. des autres arcs, ce sera la méridienne cherchée.

Tous ces cercles ainsi tracés, servent à donner plus exactement la position de la méridienne, parce que les opérations réitérées, pour la déterminer sur plusieurs cercles concentriques, peuvent servir à se corriger mutuellement.

Au reste, cette méthode n’est exacte qu’au tems des solstices, & sur-tout du solstice d’été, c’est-à-dire, vers le 21 Juin, comme nous l’avons prescrit : car dans toutes les autres saisons, la méridienne tracée déclinera de quelques secondes, soit à l’orient, soit à l’occident, à cause du changement du soleil en déclinaison, qui devient assez sensible, pour que cet astre, quoique à même hauteur, se trouve plus ou moins éloigné du méridien, le soir que le matin ; on corrigera donc cette erreur par les tables qui en ont été construites, ou en pratiquant les différentes méthodes que les Astronomes ont données pour cela. Voyez Correction du midi. (O)

Comme l’extrémité de l’ombre est un peu difficile à déterminer, il est encore mieux d’applatir le stile vers le haut, & d’y percer un petit trou qui laisse passer sur les arcs AB, ab, une tache lumineuse au-lieu de l’extrémité de l’ombre ; ou bien on peut

faire les cercles jaunes au-lieu de les faire noirs, ce qui aidera à mieux distinguer l’ombre.

Divers auteurs ont inventé des instrumens & des méthodes particulieres pour décrire des méridiens, ou plutôt pour déterminer des hauteurs égales du soleil à l’orient & à l’occident ; mais nous nous abstiendrons de les décrire, parce que la premiere des méthodes que nous venons de donner suffit pour les observations astronomiques, ainsi que la derniere pour des occasions plus ordinaires.

Des méthodes que nous venons de décrite, il s’ensuit évidemment que le centre du soleil est dans le plan de la méridienne, c’est-à-dire, qu’il est midi toutes les fois que l’ombre de l’extrémité du stile couvre la méridienne. De là l’usage de la méridienne pour régler les horloges au soleil.

Il s’ensuit encore que, si on coupe la méridienne par une droite perpendiculaire OU, qui passe par C, cette droite sera l’intersection du premier vertical avec l’horison, & qu’ainsi le point O marquera l’orient, & le point U l’occident.

Enfin, si l’on éleve un stile perpendiculaire à un plan horisontal quelconque, qu’on fasse un signal au moment où l’ombre d’un autre stile couvrira une méridienne tirée du pié de ce dernier stile dans un autre plan, & qu’on marque le point où répondra en ce moment l’extrémité de l’ombre du premier stile, la ligne qu’on pourra tirer par ce point, & le pié du premier stile sera la méridienne du lieu du premier stile.

Méridienne d’un Cadran, c’est une droite qui se détermine par l’intersection du méridien du lieu avec le plan du cadran.

C’est la ligne de midi d’où commence la division des lignes des heures. Voyez Cadran.

Meridien magnétique, c’est un grand cercle qui passe par les poles de l’aimant, & dans le plan duquel l’aiguille magnétique, ou l’aiguille du compas marin se trouve. Voyez Aimant, aiguille, Boussole, Déclinaison, Variation, Compas, &c.

Hauteur méridienne du soleil ou des étoiles, c’est leur hauteur au moment où elles sont dans le méridien du lieu où on les observe. Voyez Hauteur.

On peut définir la hauteur méridienne, un arc d’un grand cercle perpendiculaire à l’horison, & compris entre l’horison & l’étoile, laquelle est supposée alors dans le méridien du lieu.

Maniere de prendre les hauteurs avec le quart de cercle. Supposons d’abord qu’on connoisse la position du méridien, on mettra exactement dans son plan le quart de cercle au moyen du fil aplomb, ou cheveu suspendu au centre. On pourra alors déterminer facilement les hauteurs meridiennes des étoiles, c’est-à dire, qu’on pourra faire les principales des observations sur lesquelles roule toute l’Astronomie.

La hauteur méridienne d’une étoile pourra se déterminer pareillement au moyen du pendule, en supposant qu’on connoisse le moment précis du passage de l’étoile par le méridien.

MÉRIDIONAL, adj. (Géog. & Astr.) distance méridionale en navigation, est la différence de longitude entre le méridien sous lequel le vaisseau se trouve, & celui dont il est parti. Voyez Longitude.

Parties, milles, ou minutes méridionales dans la navigation, ce sont les parties dont les meridiens croissent dans les cartes marines à proportion que les paralleles de latitude decroissent. Voyez Carte.

Le cossinus de la latitude d’un lieu étant égal au rayon, ou au demi-diametre du parallele de ce lieu, il s’ensuit de-là que dans une vraie carte marine, ou planisphere nautique, ce rayon étant toujours égal au rayon de l’équateur, ou au sinus de 90 degrés, les parties ou milles méridionales doivent y croître