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pourrions en exposer ici, à l’art. Végétal, Chimie.

Après avoir considéré le tableau de ce travail particulier, on s’appercevra facilement qu’il peut servir de modele à l’examen de tous les corps naturels, & principalement de ceux qui sont très-composés, tels que les végétaux & les animaux, sujets sur lesquels on emploie cette analyse avec le plus de succès, & l’on se convaincra sans peine des avantages qu’a cette méthode moderne sur l’emploi du feu seul que l’ancienne chimie mettoit en œuvre pour l’examen des mêmes corps ; car on retire par le secours de cette analyse des principes réellement hypostatiques ou préexistens ; & évidemment inaltérés : ces principes sont en grand nombre ou très variés en comparaison des produits de l’analyse à feu seul. Ces avantages suffiroient pour mériter la préférence à l’analyse menstruelle, puisque les défauts tant reprochés à l’ancienne analyse se réduisoient précisément à l’altération ou même à la création des produits ou principes qu’elle manifestoit, au petit nombre & à l’uniformité de ses produits. Mais un titre de prééminence plus essentiel encore pour l’analyse menstruelle, c’est la régularité de sa marche, de sa méthode : elle attaque par rang, comme nous l’avons déja insinué, les différens ordres de combinaison du corps qu’elle se propose d’examiner, en commençant par les matériaux les plus grossiers, les plus sensibles ; au lieu que l’analyse par la violence du feu atteint tout d’un coup les derniers ordres de combinaison. Cette différence peut être représentée par la comparaison d’un mur formé de pierres & de mortier, & recrépit ou enduit d’une couche de plâtre, dont on sépareroit les matériaux en enlevant d’abord la couche de plâtre, dont il seroit recouvert, détachant ensuite les pierres une à une, & les séparant du mortier ; prenant ensuite successivement chacun de ces matériaux, séparant, par exemple la pierre que je suppose coquilliere, en coquilles & en matiere qui leur servoit de mastic naturel ; le mortier en chaux & en sable, &c. & voilà l’image de la marche de l’analyse menstruelle. Celle de l’analyse par la violence du feu seul, seroit à-peu-près représentée par la destruction soudaine & confuse de ce mur, le broyement d’un pan entier du plâtre, de la pierre, du mortier pêle-mêle, &c. (b)

MENSURABILITÉ, s. f. (Géom.) c’est l’aptitude ou la proprieté qu’a un corps, de pouvoir être appliqué à une certaine mesute, c’est-à-dire de pouvoir être mesuré par quelque grandeur déterminée. Voyez Mesure & Mesurer.

MENTAGRA, (Médec.) je suis obligé de conserver le mot latin mentagra ; c’étoit une espece de dartre lépreuse de mauvaise qualité, qui selon le rapport de Pline, liv. XXVI. ch. j. parut pour la premiere fois à Rome, sous le regne de Claude ; elle commençoit par le menton, d’où elle prit son nom, s’étendoit successivement aux autres parties du visage, ne laissoit que les yeux de libres, & descendoit ensuite sur le cou, sur la poitrine, & sur les mains. Cette maladie ne faisoit pas craindre pour la vie, mais elle étoit extrèmement hideuse ; Pline, de qui nous tenons ce récit, ajoute que les femmes, le menu peuple & les esclaves, n’en furent point atteints, mais seulement les hommes de la premiere qualité.

On fit venir, continue cet auteur, des médecins d’Egypte, qui est un pays fertile en semblables maux. La méthode qu’on suivoit generalement pour la cure, étoit de brûler ou de cauteriser en quelques endroits jusqu’aux os pour éviter le retour de la maladie ; mais ce traitement faisoit des cicatrices aussi difformes que le mal étoit laid. Galien parle d’un Pamphile qui guérissoit cette dartre sans employer les cauteres, & qui gagna beaucoup d’ar-

gent par ses remedes. Manilius Cornutus, gouverneur

d’Aquitaine, composa avec le medecin qui entreprit de le guérir, pour une somme marquée dans Pline de cette maniere, cette ligne mise au-dessus de deux C, indiqueroit qu’il faut entendre deux cens milles grands sesterces qui font environ deux millions de livres. Mais comme cette somme paroît follement excessive, pour avoir été le salaire de la guérison d’une simple maladie, où d’ailleurs la vie ne se trouvoit point en danger ; le P. Hardouin a sans doute raison de croire, qu’il faut entendre seulement deux cens sesterces, c’est-à-dire environ vingt mille livres, ce qui est toujours une récompense magnifique.

On prétend que sous le pontificat de Pélage II. dans un été qui suivit l’inondation du Tibre, il parut à Rome une espece de dartre épidémique que les Médecins n’avoient jamais vûe, & qui tenoit des caracteres de la mentagra, dont Pline a donné la description. Mais il ne faut pas s’y tromper, la maladie qui ravagea Rome sous le pape Pélage, & dont lui-même périt, étoit une peste si violente, que souvent on expiroit en éternuant ou en baillant ; c’est de-là qu’est venu, selon quelques historiens, la coutume de dire à celui qui éternue, Dieu vous bénisse, & celle de faire le signe de la croix sur la bouche lorsqu’on baille, coutume qui subsiste encore parmi le petit peuple. (D. J.)

MENTAL, (Gram.) qui s’execute dans l’entendement ; verbal ou qu’on profere au-dehors est son opposé, il y a l’oraison mentale ; la restriction mentale. Voyez l’article Restriction.

MENTAVAZA, (Hist. nat.) oiseau de l’île de Madagascar, il est de la grosseur d’une perdrix ; son plumage est gris, son bec est long & recourbé ; il se-tient sur le sable des côtes de la mer ; sa chair est un manger très-délicat.

MENTEITH, (Géog.) petite province d’Ecosse, qui confine à l’orient avec celle de Fife. Le fleuve Forth la sépare au midi de la province de Sterling, & elle a celle de Lennox à l’occident ; elle prend son nom de la riviere de Teith qui l’arrose, & se jette dans le Forth. Sa longueur est de treize lieues, & sa largeur de quatre. Dublin sur l’Allan en est la capitale, & la seule ville. (D. J.)

MENTÉSA, (Géog. anc.) il y avoit deux villes de ce nom en Espagne ; l’une dont les habitans étoient nommés Mentesani Oretani, & l’autre Mentesani Bastuli ; on ne trouve plus de trace de ces deux villes. (D. J.)

MENTES-ILI, (Géog.) contrée d’Asie dans la Natolie, suivant M. de Lisle ; elle est bornée au nord, par l’Aidin-Ili, à l’orient par le pays de Macri, au midi par le golfe de Macri, & à l’occident par l’Archipel. (D. J.)

MENTHE, s. f. mentha, (Botan.) genre de plante à fleur monopetale labiée ; la levre supérieure est voûtée, & l’inférieure divisée en trois parties ; cependant ces deux levres sont partagées de façon que cette fleur paroît au premier coup d’œil, divisée en quatre parties. Il s’éleve du calice un pistil qui est attaché comme un clou à la partie postérieure de la fleur ; ce pistil a quatre embryons qui deviennent dans la suite autant de semences renfermées dans une capsule qui a servi de calice à la fleur. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

La Médecine retire tant d’utilité de la menthe, & l’odeur de ce genre de plante qui tient du baume & du citron, plaît si généralement, qu’on en cultive dans les jardins de botanique presque toutes les especes ; mais il suffira de décrire ici la menthe la plus commune de nos jardins.

La menthe ordinaire est appellée par C. Bauhin,