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déterré des marques d’antiquité qui concourent à justifier sa conjecture.

MEDIOMANUM, (Géogr. anc.) ancien lieu de la Grande-Bretagne sur la route de Segontium, qui est Caernarvon. M. Gale conjecture que c’est Mainturog en Mérionetshire.

MÉDIOMATRICES, les, (Géog. anc.) en latin Mediomatrici ; ancien peuple de la Gaule-Belgique qui étoient alliés du peuple romain. Sanson dit d’eux que du tems de César, outre le diocese de Metz, ils occupoient encore celui de Verdun d’un côté, & que de l’autre, ils s’avançoient vers le Rhin ; cependant bientôt après, ils firent un peuple en chef. (D. J.)

MÉDISANCE, s. f. (Morale.) médire, c’est donner atteinte à la réputation de quelqu’un, ou en révélant une faute qu’il a commise, ou en découvrant ses vices secrets ; c’est une action de soi-même indifférente. Elle est permise & quelquefois même nécessaire, s’il en résulte un bien pour la personne qu’on accuse, ou pour celles devant qui on la dévoile : ce n’est pas-là précisément médire.

On entend communément par médisance une satyre maligne lâchée contre un absent, dans la seule vûe de le décrier ou de l’avilir. On peut étendre ce terme aux libelles diffamatoires, médisances d’autant plus criminelles, qu’elles font une impression plus forte & plus durable. Aussi chez tous les peuples policés en a-t-on fait un crime d’état qu’on y punit séverement.

On médit moins à présent dans les cercles qu’on ne faisoit les siecles passés, parce qu’on y joue davantage. Les cartes ont plus sauvé de réputations, que n’eût pû faire une légion de missionnaires attachés uniquement à prêcher contre la médisance ; mais enfin on ne joue pas toujours, & par conséquent on médit quelquefois.

Une trop grande sensibilité à la médisance entretient la malignité, qui ne cherche qu’à affliger.

MÉDITATION, s. f. (Gramm.) opération de l’esprit qui s’applique fortement à quelque objet. Dans la méditation profonde, l’exercice des sens extérieurs est suspendu, & il y a peu de différence entre l’homme entierement occupé d’un seul objet, & l’homme qui rêve, ou l’homme qui a perdu l’esprit. Si la méditation pouvoit être telle que rien ne fût capable d’en distraire, l’homme méditatif n’appercecevant rien, ne répondant à rien, ne prononçant que quelques mots décousus qui n’auroient de rapports qu’aux différentes faces sous lesquelles il considéreroit son objet ; rapports éloignés que les autres ne pourroient lier que rarement, il est certain qu’ils le prendroient pour un imbécille. Nous ne sommes pas faits pour méditer seulement, mais il faut que la méditation nous dispose à agir, ou c’est un exercice méprisable. On dit, cette question est épineuse, elle exige une longue méditation. L’étude de la morale qui nous apprend à connoître & à remplir nos devoirs, vaut mieux que la méditation des choses abstraites. Ce sont des oisifs de profession qui ont avancé que la vie méditative étoit plus parfaite que la vie active. L’humeur & la mélancolie sont compagnes de la méditation habituelle : nous sommes trop malheureux pour obtenir le bonheur en méditant ; ce que nous pouvons faire de mieux, c’est de glisser sur les inconvéniens d’une existence telle que la nôtre. Faire la méditation chez les dévots, c’est s’occuper de quelque point important de la religion. Les dévots distinguent la méditation de la contemplation ; mais cette dictinction même prouve la vanité de leur vie. Ils prétendent que la méditation est un état discursif, & que la contemplation est un acte simple permanent, par lequel on voit tout en Dieu, comme l’œil discerne les objets dans un miroir. A s’en tenir

à cette distinction, je vois qu’un méditatif est souvent un homme très-inutile, & que le contemplatif est toujours un insensé. Il y a cette distinction à faire entre méditer un projet & méditer sur un projet, que celui qui médite un projet, une bonne, une mauvaise action, cherche les moyens de l’exécution ; au lieu que la chose est faite pour celui qui médite sur cette chose ; il s’efforce seulement à la connoître, afin d’en porter un jugement sain.

MÉDITERRANÉE, s. f. (Géogr.) signifie cette vaste mer qui s’étend entre les continens de l’Europe & de l’Afrique, qui communique à l’Océan par le détroit de Gibraltar, voyez Gibraltar, & qui mouille jusqu’à l’Asie en formant le Pont-Euxin & les Palus mæotides. Voyez Mer.

La Méditerranée s’appelloit autrefois la mer de Grece & la grande Mer ; elle est maintenant partagée en différentes divisions qui portent différens noms. A l’occident de l’Italie, elle s’appelle la mer de Toscane. Près de Venise, la mer Adriatique ou le golfe de Venise. Vers la Grece, la mer Ionique, ou Egée, ou l’Archipel. Entre l’Hellespont & le Bosphore, elle se nomme mer Blanche, parce que la navigation en est facile ; & par-delà, mere Noire, à cause que la navigation en devient alors difficile.

Sur la communication de l’Océan avec la Méditerranée, entreprise exécutée sous le regne de Louis XIV. voyez Canal artificiel. Chambers.

MEDITRINALES, adj. (Hist. anc.) fêtes que les Romains celébroient en Automne le 11 d’Octobre, dans lesquelles on goûtoit le vin nouveau & l’on en buvoit aussi du vieux par maniere de médicament, parce qu’on regardoit le vin non-seulement comme un confortatif, mais encore comme un antidote puissant dans la plûpart des maladies. On faisoit aussi en l’honneur de Meditrina, déesse de la Médecine, des libations de l’un & de l’autre vin. La premiere fois qu’on buvoit du vin nouveau, on se servoit de cette formule, selon Festus : Vetus novum vinum bibo, veteri novo morbo medior ; c’est-à-dire je bois du vin vieux, nouveau, je remédie à la maladie vieille, nouvelle ; paroles qu’un long usage avoit consacrées, & dont l’omission eût passé pour un présage funeste. (G)

MEDITULLIUM, (Anat.) est un terme latin employé par quelques anatomistes pour signifier le diploé, autrement cette substance spongieuse qui se trouve entre les deux tables du crâne, & dans les interstices de tous les os qui ont des lames. Voyez Os, Crane.

MEDIUM, terme de philosophie méchanique ; c’est la même chose que fluide ou milieu. Ce dernier est beaucoup plus usité. Voyez Milieu.

MEDIUS FIDIUS, (Mytholog.) divinité qui présidoit à la foi donnée. Plaute in asin. dit, per deum Fidium, credis jurato mihi ? Ainsi voyez Fidius.

MEDMA, (Géogr. anc.) ville maritime d’Italie, au pays des Brutiens. Strabon & Pomponius Mela disent Médama. Quelques modernes croient que c’est la Nicotera d’Antonin qui subsiste encore ; d’autres, comme le P. Hardouin, pensent que c’est présentement Bossarno, ville de la Calabre ultérieure : mais celle-ci est trop dans les terres pour avoir été un port de mer.

MEDNIKI, (Géogr.) en latin Mednicia ; ville épiscopale de Pologne dans la Samogitie, sur la riviere de Wirwitz. Long. 41. lat. 55. 40.

MEDOACUS, (Géog. anc.) rivieres d’Italie, toutes deux du même nom, n’ayant qu’une embouchure commune dans la bouche la plus septentrionale du Pô. On les distinguoit par les surnoms de grande & petite, major & minor. Le Médoacus major est présentement la Brenta, & le Médoacus minor est la Bachiglione.