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* AVACCARI, (Hist. nat. bot.) petit arbre qui croît aux Indes, & qui a la feuille, la fleur & la baie du myrte ; sa baie est seulement un peu plus astringente.

* AVAGE, s. m. (Jurisprud.) c’est le nom qu’on donne au droit que les exécuteurs levent ou en argent ou en nature, sur plusieurs marchandises. Ils n’ont pas ce droit par-tout, ni tous les jours ; mais seulement dans quelques provinces, & certains jours de marché.

AVAL, (Commerce.) c’est une souscription qu’on met sur une lettre de change, ou sur une promesse d’en fournir quelqu’une ; sur des ordres ou sur des acceptations ; sur des billets de change ou autres billets, & sur tous autres actes de semblable espece, qui se font entre marchands & négocians ; par laquelle on s’oblige d’en payer la valeur ou le contenu, en cas qu’ils ne soient pas acquités à leur échéance par ceux qui les ont acceptés ou qui les ont signés, C’est proprement une caution pour faire valoir la lettre, la promesse, &c.

On appelle ceux qui donennt ces sortes de cautions, donneurs d’aval, lesquels sont tenus de payer solidairement avec les tireurs, prometteurs, endosseurs & accepteurs, encore qu’il n’en soit pas fait mention dans l’aval. Ordonn. de 1673, art. 33 du tit. V.

Suivant l’art. 1 du tit. VII. de la même ordonnance, les donneurs d’aval peuvent être contraints par corps.

Ceux qui souscrivent & donnent leur aval sur les lettres & billets, ne peuvent prétendre ni réclamer le bénéfice de discussion & division : mais ils peuvent d’abord être contraints par corps au payement, ainsi qu’il a été jugé au Parlement de Paris.

Les courtiers de marchandises ne peuvent signer aucune lettre de change par aval, mais seulement certifier que la signature des lettres est véritable. Ordonn. de 1673, art. 2, tit. 11.

Il semble qu’il en devroit être de même à l’égard des agens de change & de banque ; puisque par l’art. 1 du tit. I. de la même Ordonnance, il leur est défendu de faire le change & la banque pour leur compte personnel. (G)

Aval, (d’) terme de Riviere, opposé à d’amont. L’aval & l’amont sont relatifs au cours de la riviere, & à la position d’un lieu sur ses bords ; l’aval de la riviere suit la pente de ses eaux ; l’amont remonte contre leur cours : le pays d’aval est celui où l’on arrive en suivant le cours de la riviere ; le pays d’amont est celui où l’on arrive en le remontant. Ainsi des marchands qui viennent de Charenton à Paris, navigent aval, mais viennent du pays d’amont ; & pareillement des bateaux qui viennent de Roüen à Paris, & remontent la riviere, navigent amont, mais viennent du pays d’aval.

AVALAGE, s. m. terme de Tonnelier, c’est l’action par laquelle les maîtres Tonnelliers descendent les vins dans les caves des particuliers. Voyez Tonnelier.

AVALANT, participe, en terme de Riviere, c’est la même chose que descendant. On dit d’un bateau qu’il va en avalant en pleine riviere ; que le montant doit céder à l’avalant en pont ; & qu’en pertuis, c’est le contraire. On dit aussi d’une arche, qu’elle est avalante, pour marquer que le courant des eaux y est fort rapide.

AVALÉE, s. f. terme de Manufacture en laine ; c’est la plus grande quantité d’ouvrage que l’ouvrier puisse faire, sans dérouler ses ensuples ; celle de devant pour mettre dessus l’ouvrage fait, celle de derriere pour lâcher de la chaîne. On dit aussi levée. Avalée & levée sont synonymes à fassure ; mais fassure n’est guere d’usage que dans les manufactures en soie.

Avalée, se dit encore dans les mêmes manufac-

tures, de la quantité d’étoffe comprise depuis la perche

jusqu’au faudet, dans l’opération qu’on appelle le lainage ; d’avalée en avalée, la piece se trouve toute lainée. Voyez Lainer, Faudet, Draperie

* AVALER, v. act. (Physiolog.) Voyez Déglutition.

On voit parmi les raretés qu’on conserve à Leyde, dans l’école d’Anatomie, un couteau de dix pouces de long, qu’un paysan avala, & fit sortir par son estomac. Ce paysan vécut encore huit ans aprés cet accident.

Une dame dont M. Greenhill parle dans les Transactions philosophiques, eut une tumeur au nombril, pour avoir avalé des noyaux de prunes. La tumeur étant venue à s’ouvrir d’elle-même quelque tems après, elle les rendit ; mais elle mourut malgré le soin qu’on en prit. Une fille âgée de dix ans, qui demeuroit auprès de Hall en Saxe, avala en joüant un couteau de six pouces & demi de long ; la curiosité du fait engagea Wolfgang Christ Weserton, Medecin de l’électeur de Brandebourg, à en prendre soin ; le couteau changea de place plusieurs fois, & cessa d’incommoder cette fille au bout de quelques mois : mais un an après on ne le sentit presque plus, tant il avoit diminué : enfin il sortit par un abcès que sa pointe avoit causé trois travers de doigt au-dessous du creux de l’estomac, mais il étoit extrèmement diminué, & la fille fut entierement rétablie. Transac. philosoph. n° 219. Voyez aussi les Mém. de l’Acad. de Chir.

« Plusieurs personnes » (dit M. Sloane, à l’occasion d’un malheureux qui avoit avalé une grande quantité de cailloux, pour remédier aux vents dont il étoit affligé, lesquels, ayant resté dans son estomac, l’avoient réduit à un état pitoyable ;) « s’imaginent lorsqu’ils voyent que les oiseaux languissent, à moins qu’ils n’avalent des cailloux ou du gravier, que rien n’est meilleur pour aider la digestion que d’en avaler : mais j’ai toûjours condamné cette coûtume ; car l’estomac de l’homme étant tout-à-fait différent des gésiers des oiseaux, qui sont extrèmement forts, musculeux, & tapissés d’une membrane qui sert avec ces petits cailloux à broyer les alimens qu’ils ont pris ; les cailloux ne peuvent manquer de faire beaucoup de mal. J’ai connu, continue cet auteur, un homme qui, après avoir avalé pendant plusieurs années, neuf ou dix cailloux par jour, aussi gros que des noisettes, mourut subitement, quoiqu’ils ne lui eussent fait aucun mal en apparence, & qu’ils eussent toûjours passé. »

Avaler, v. act. (Commerce.) avaler une lettre de change, un billet de change ; c’est y mettre son aval, le souscrire, en répondre : cette expression est peu usitée. (G)

Avaler la ficelle, terme de Chapelier ; c’est faire descendre, avec l’instrument appellé avaloire, la ficelle depuis le haut de la forme d’un chapeau jusques au bas, qui se nomme le lien. Voyez Chapeau & Avaloire.

Avaler du vin dans une cave, terme de Tonnelier, c’est le descendre dans la cave par le moyen du poulain. Voyez Avalage & Poulain.

* AVALIES, s. f. (Commerce & Manufacture.) c’est ainsi qu’on appelle les laines qu’on enleve des peaux de moutons au sortir des mains du Boucher. On conçoit aisément que ces laines étant d’une qualité fort inférieure à celles de toison, on ne peut guere les employer qu’en trames.

AVALOIRE, s. f. outil dont les Chapeliers se servent pour avaler la ficelle, ou la faire descendre depuis le haut de la forme jusqu’au bas. Voyez Chapeau.

L’avaloire est un instrument moitié de bois & moitié de cuivre ou de fer : la partie qui est composée de bois a cinq ou six pouces de longueur, deux de