lieu qu’il prend une figure applatie lorsqu’il est mis sur du verre ou sur quelqu’autre métal. Plus les gouttes sont petites, moins elles ont de pesanteur ; & par conséquent lorsqu’elles viendront à s’attirer, elles formeront un globule beaucoup plus rond que celui qui sera formé par les grosses gouttes, comme on pourroit le démontrer plus au long, & comme l’expérience le confirme. Il est à remarquer que tous ces phénomenes s’observent également dans l’air & dans le vuide. Mussch.
On peut s’assûrer encore de la force avec laquelle les particules d’eau s’attirent, en prenant une phiole, dont le cou soit fort étroit, & n’ait pas plus de deux lignes de diametre, & en renversant cette phiole, après l’avoir remplie d’eau : car on remarquera alors qu’il n’en sort pas une seule goutte.
Comme dans une goutte d’eau, les parties qui s’attirent réciproquement, ne restent pas en repos avant que d’avoir formé une petite boule, de même aussi deux gouttes d’eau situées l’une proche de l’autre, & légerement attirées par la surface sur laquelle elles se trouvent, se précipiteront l’une vers l’autre par leur attraction mutuelle ; & dans l’instant même de leur premier contact, elles se réuniront & formeront une boule, comme on l’observe en effet ; la même chose arrive à deux gouttes de mercure.
Lorsqu’on verse ensemble les parties de divers liquides, elles s’attirent mutuellement ; celles qui se touchent alors, tiennent l’une à l’autre par la force avec laquelle elles agissent ; c’est pourquoi les liquides pourront en ce cas se changer en un corps solide, qui sera d’autant plus dur, que l’attraction aura été plus forte ; ainsi ces liquides se coaguleront. Mussch.
Lorsqu’on a fait dissoudre des parties de sel dans une grande quantité d’eau, elles sont attirées par l’eau avec plus de force qu’elles ne peuvent s’attirer mutuellement, & elles restent séparées assez loin les unes des autres : mais lorsqu’on fait évaporer une grande quantité de cette même eau, soit par la chaleur du soleil, soit par celle du feu, soit par le moyen du vent, il s’éleve sur la surface de l’eau une pellicule fort mince, formée par les particules de sel qui se tiennent en haut, & dont l’eau s’est évaporée. Cette pellicule, qui n’est composée que des parties de sel, peut alors attirer & séparer de l’eau qui est au-dessous, différentes particules salines, avec plus de force, que ne pouvoit faire auparavant cette même eau déjà diminuée de volume ; car par l’évaporation d’une grande quantité d’eau, les parties salines se rapprochent davantage, & s’unissent beaucoup plus qu’auparavant ; & l’eau se trouvant en moindre quantité, elle a aussi moins de force pour pouvoir agir sur les parties salines qui sont alors attirées enhaut vers la pellicule de sel à laquelle elles se joignent. Cette petite peau devient par conséquent plus épaisse & plus pesante que le liquide qui est au-dessous, puisque la pesanteur spécifique des parties salines est beaucoup plus grande que celle de l’eau ; ainsi dès que cette peau est devenue fort pesante, elle se brise en pieces ; ces morceaux tombent au fond, & continuent d’attirer d’autres parties salines ; d’où il arrive qu’augmentant encore de volume, ils se forment en grosses masses de différentes grandeurs appellées crystaux. Mussch.
L’air, quoiqu’il doive surnager tous les liquides que nous connoissons, & qui sont beaucoup moins pesans que lui, ne laisse pas d’en être attiré, & de se mêler avec eux ; & M. Petit a fait voir par plusieurs expériences, de quelle maniere il est adhérent aux corps fluides, & se colle, pour ainsi-dire, aux corps solides. Mém. Acad. 1731.
Les effervescences qui arrivent lorsqu’on mêle ensemble différens liquides, nous donnent un exemple remarquable de ces sortes d’attractions entre les peti-
une explication un peu plus détaillée.
Il n’est pas non plus fort difficile de prouver que les liquides sont attirés par les corps solides. En effet, qu’on verse de l’eau dans un verre bien net, on remarquera qu’elle est attirée sur les côtés contre lesquels elle monte & auxquels elle s’attache, de sorte que la surface de la liqueur est plus basse au milieu que celle qui touche les parois du verre, & qui devient concave : au contraire, lorsqu’on verse du mercure dans un verre, sa surface devient convexe étant plus haute au milieu que proche les parois du verre, ce qui vient de ce que les parties du mercure s’attirent réciproquement avec plus de force, qu’elles ne sont attirées par le verre.
Si on prend un corps solide bien net, & qui ne soit pas gras, & qu’on le plonge dans un liquide, & qu’ensuite on le leve fort doucement & qu’on l’en retire, la liqueur y restera attachée, même quelquefois à une hauteur assez considérable ; en sorte qu’il reste entre le corps & la surface du liquide, une petite colonne qui y demeure suspendue ; cette colonne se détache, & retombe lorsqu’on a élevé le corps assez haut, pour que la pesanteur de la colonne l’emporte sur la force attractive. Mussch.
La force avec laquelle le verre attire les fluides, se manifeste principalement dans les expériences sur les tuyaux capillaires. Voyez Tuyaux capillaires.
Il y a une infinité d’autres expériences qui constatent l’existence de ce principe d’attraction entre les particules des corps. Voyez les articles Sel, Menstrue, &c.
Toutes ces actions en vertu desquelles les particules des corps tendent les unes vers les autres, sont appellées en général par Newton du nom indéfini d’attraction, qui est également applicable à toutes les actions par lesquelles les corps sensibles agissent les uns sur les autres, soit par impulsion, ou par quelqu’autre force moins connue : & par-là cet auteur explique une infinité de phénomenes, qui seroient inexplicables par le seul principe de la gravité : tels sont la cohésion, la dissolution, la coagulation, la crystallisation, l’ascension des fluides dans les tuyaux capillaires, les secrétions animales, la fluidité, la fixité, la fermentation, &c. Voyez les articles Cohésion, Dissolution, Coagulation, Crystallisation, Ascension, Secrétions, Fermentation, &c.
« En admettant ce principe, ajoûte cet illustre auteur, on trouvera que la nature est par-tout conforme à elle-même, & très-simple dans ses opérations : qu’elle produit tous les grands mouvemens des corps célestes par l’attraction de la gravité qui agit sur les corps, & presque tous les petits mouvemens de leurs parties, par le moyen de quelqu’autre puissance attractive répandue dans ces parties. Sans ce principe il n’y auroit point de mouvement dans le monde : & sans la continuation de l’action d’une pareille cause, le mouvement périroit peu à peu, puisqu’il devroit continuellement décroître & diminuer, si ces puissances actives n’en reproduisoient sans cesse de nouveaux. Optiq. p. 373 ».
Il est facile de juger après cela combien sont injustes ceux des philosophes modernes qui se déclarent hautement contre le principe de l’attraction, sans en apporter d’autre raison, sinon, qu’ils ne conçoivent pas comment un corps peut agir sur un autre qui en est éloigné. Il est certain que dans un grand nombre de phénomenes, les philosophes ne reconnoissent point autre d’action, que celle qui est produite par l’impulsion & le contact immédiat : mais nous voyons dans la nature plusieurs effets, sans y