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tôt après il publia le verset suivant : « Dieu ne charge l’homme que de ce qu’il peut, & ne lui impute que ce qu’il mérite par obéissance ou par rebellion ». Quelques Musulmans prétendirent dans la suite que cette derniere sentence abrogeoit la premiere. Les Aschariens, au contraire, se servirent de l’une & de l’autre pour établir leur système sur la liberté & le mérite des œuvres, système directement opposé à celui des Montazales. Voyez Montazales.

Les Aschariens regardent Dieu comme un agent universel, auteur & créateur de toutes les actions des hommes, libres toutefois d’élire celles qu’il leur plaît. Ainsi les hommes répondent à Dieu d’une chose qui ne dépend aucunement d’eux, quant à la production, mais qui en dépend entierement quant au choix. Il y a dans ce système deux choses assez bien distinguées : la voix de la conscience, ou la voix de Dieu ; la voix de la concupiscence, ou la voix du demon, ou de Dieu parlant sous un autre nom. Dieu nous appelle également par ces deux voix, & nous suivons celle qu’il nous plaît. Mais les Aschariens sont, je pense, fort embarrassés, quand on leur fait voir que cette action par laquelle nous suivons l’une ou l’autre voix, ou plûtôt cette détermination à l’une ou à l’autre voix, étant une action, c’est Dieu qui la produit, selon eux ; d’où il s’ensuit qu’il n’y a rien qui nous appartienne ni en bien ni en mal dans les actions. Au reste, j’observerai que le concours de Dieu, sa providence, sa prescience, la prédestination, la liberté, occasionnent des disputes & des hérésies par-tout où il en est question ; & que les Chrétiens feroient bien, dit M. d’Herbelot dans sa bibliotheque orientale, dans ces questions difficiles, de chercher paisiblement à s’instruire, s’il est possible, & de se supporter charitablement dans les occasions où ils sont de sentimens différens. En effet, que savons-nous là-dessus ? Quis consiliarius ejus fuit ?

* ASCHAW, (Géog. anc. & mod.) ville d’Allemagne dans la haute Autriche, sur le Danube, à l’embouchure de l’Ascha ; quelques-uns prétendent que c’est l’ancienne Joviacum de la Norique, que d’autres placent à Starnberg, & d’autres à Frankennemarck.

* ASCHBOURKAN ou ASCHFOURKAN, ville de la province de Chorasan. Long. 100. & lat. 36. 45.

* ASCHERLEBEN, ville d’Allemagne sur l’Eine, dans la principauté d’Anhalt.

* ASCHERN su ASCHENTEN, ville d’Irlande, dans la province de Moun ou de Mounster, & le comté de Limerik, sur la riviere d’Aschern.

* ASCHMOUN, ville d’Egypte, près Damiette. Il y a entre cette derniere & Manssurah, un canal de même nom.

* ASCHMOUNIN, (Géog. anc.) ville de la Thébaïde, où il y a encore des ruines qui font admirer la magnificence des anciens rois d’Egypte.

* ASCHOUR, nom d’une des rivieres qui passent par la ville de Kasch en Turquestan, vers le nord.

* ASCHOURA, île de la mer des Indes, des plus reculées & des desertes, proche Melai, & loin de Shamel.

* ASCHTIKHAN, ville de la province de Transoxane, dans la Sogde. Long. 88. lat. sept. 39. 55.

* ASCI, (Hist. nat.) plante qui croît en Amérique ; elle s’éleve à la hauteur de cinq ou six palmes, & même davantage. Elle est fort branchue ; sa fleur est blanche, petite & sans odeur ; son fruit a le goût du poivre. Les Américains en assaisonnent leurs mets ; les Européens en font aussi usage. Il pousse des especes de gousses rouges, creuses, longues comme le doigt ; ces gousses contiennent les semences.

ASCIENS, s. m. mot composé d’ & de σκιὰ, ombre, il signifie en Géographie ces habitans du globe terrestre, qui, en certains tems de l’année, n’ont point

d’ombre. Tels sont les habitans de la Zone-Torride, parce que le soleil leur est quelquefois vertical ou directement au-dessus de leur tête. Voyez Zone torride. Tous ces habitans, excepté ceux qui sont précisement sous les deux tropiques, sont asciens deux fois l’année, parce que le soleil passe deux fois l’année sur leur tête. Pour trouver en quels jours les peuples d’un parallele sont sans ombre, V. Globe. (O)

ASCITES, s. m. pl. (Théol.) mot dérivé du grec ἀσκος, outre ou sac. C’est le nom d’anciens hérétiques de la secte des Montanistes, qui parurent dans le second siecle. Voyez Montanistes. On les appelloit Ascites, parce que dans leurs assemblées ils introduisirent une espece de bacchanales, où ils dansoient autour d’une peau enflée en forme d’outre, en disant qu’ils étoient ces vases remplis de vin nouveau, dont Jesus-Christ fait mention, Matth. IX. 17. On les appelle quelquefois Ascodrogites. (G)

ASCITE, ἀσκίτης, d’ἀσκὸς, bouteille, (en terme de Medecine.) s. f. c’est une espece d’hydropisie qui affecte principalement l’abdomen ou le bas-ventre. V. Abdomen. L’ascite est l’hydropisie d’eau ordinaire. V. Hydropisie. L’hydropisie ascite exige quelquefois une opération de Chirurgie, qui procure l’écoulement des eaux qui sont épanchées dans la cavité du bas ventre. Voyez Paracenthese. (N)

ASCLEPIADE, adj. (Belles-Lett.) dans la poésie greque & latine, vers composé de quatre piés, savoir, d’un spondée, de deux choriambes, & d’un pyrrhique ; tel que celui-ci :

Mĕcǣ | nās ătăvīs | ēdĭtĕ rē | gĭbŭs.

On le scande plus ordinairement ainsi,

Mĕcǣ | nās ătă | vīs | ēdĭtĕ | rēgĭbŭs.

& alors on le regarde comme composé d’un spondée, d’un dactyle, une césure longue, & deux dactyles. Il tire son nom d’Asclepiade poete grec, qui en fut l’inventeur. (G)

* ASCLEPIES, (Hist. anc. & Mythol.) fêtes qu’on célébroit en l’honneur de Bacchus, dans toute la Grece, mais surtout à Epidaure, où se faisoient les grandes asclépies, Megalasclepia.

ASCODRUTES ou ASCODRUPITES, s. m. pl. (Theolog.) hérétiques du II siecle, qui rejettoient l’usage des sacremens, se fondant sur ce principe, que des choses incorporelles ne pouvoient être communiquées par des choses corporelles, ni les mysteres divins par des élemens visibles, qui étant, disoient-ils, l’effet de l’ignorance & de la passion, étoient détruits par la connoissance. Ils faisoient consister la rédemption parfaite dans ce qu’ils appelloient la connoissance, c’est-à-dire, l’intelligence des mysteres interpretés à leur fantaisie, & rejettoient le baptême. Les Ascodrutes avoient adopté une partie des rêveries des Valentiniens & des Marcosiens. Voyez Marcosiens & Valentiniens. (G)

* ASCOLI, ville d’Italie, dans l’état de l’Eglise, & la Marche d’Ancone, sur une montagne, au bas de laquelle coule le Fronto. Long. 31. 23. lat. 42. 47.

Ascoli de Satriano, ville d’Italie, au royaume de Naples. Long. 33. 15. lat. 41. 8.

ASCOLIES, s. f. pl. (Hist. anc.) fêtes que les paysans de l’Attique célébroient en l’honneur de Bacchus, à qui ils sacrifioient un bouc, parce que cet animal, en broutant, endommage les vignes. Après avoir écorché cet animal, ils faisoient de sa peau un outre ou ballon, sur lequel ils sautoient, tenant un pié en l’air. Cérémonie que Virgile a ainsi décrite au livre II. des Géorgiques.

Non aliam ob culpam Baccho caper omnibus aris
Cæditur, & veteres ineunt proscenia ludi,
Præmiaque ingentes pagos & compita circum
Thereïdæ posuere : atque inter pocula læti
Mollibus in pratis cunctos saliere per utres.