L’Encyclopédie/1re édition/VALENTINIENS

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VALENTINIENS, s. m. pl. (Hist. ecclés.) ancienne & fameuse secte de Gnostiques, ainsi appellés de l’hérésiarque Valentin leur chef, qui vivoit dans le onzieme siecle. Voyez Gnostiques.

Le fonds du système des Valentiniens étoit de vouloir expliquer l’Evangile par les principes du platonisme ; c’est pourquoi ils avoient imaginé une généalogie d’éons ou d’éones au nombre de trente, mâles & femelles qui composoient le pléroma ou la divinité. Voyez l’exposition de ce système sous le mot Eons.

Outre cela Valentin & ses sectateurs disoient que les Catholiques, qu’ils appelloient Psychiques, étant incapables d’arriver à la science parfaite, ne pouvoient se sauver que par la foi simple & les œuvres ; que c’étoit à eux que convenoit la continence & le martyre, mais que les spirituels (c’est le nom que se donnoient les Valentiniens), n’avoient pas besoin de bonnes œuvres, parce qu’ils étoient bons par nature & propriétaires de la grace qui ne pouvoit leur être ôtée. Ils se comparoient à l’or qui ne se gâte point dans la boue ; c’est pourquoi ils mangeoient indifféremment des viandes immolées aux idoles, & prenoient part aux fêtes des payens & aux spectacles mêmes des gladiateurs. Quelques-uns s’abandonnoient sans mesures aux plaisirs les plus infâmes, disant qu’il falloit rendre à la chair ce qui appartient à la chair, & à l’esprit ce qui appartient à l’esprit. Ils se moquoient des Catholiques qui craignoient les péchés de parole & même de pensée, les traitant de simples & d’ignorans, sur-tout ils condamnoient le martyre, & disoient que c’étoit une folie de mourir pour Dieu.

Pour initier à leurs mysteres il y en avoit qui préparoient une chambre nuptiale, & avec de certaines paroles célébroient un mariage spirituel, à l’imitation de l’union des éones ; d’autres amenoient leurs disciples à l’eau & les baptisoient au nom de l’inconnu pere de tout, en la vérité mere de tout, & en celui qui est descendu, en Jesus, en l’union, la rédemption, & la communauté des puissances ; d’autres disoient que le baptême d’eau étoit superflu, & se contentoient de jetter sur la tête de l’huile & de l’eau mêlée & d’oindre de baume ; d’autres rejettoient toutes les cérémonies extérieures, disant que le mystere de la vertu invisible & ineffable ne pouvoit s’accomplir par des créatures sensibles & corruptibles ; que la rédemption étoit toute spirituelle, & s’accomplissoit intérieurement par la connoissance parfaite. Les Valentiniens se diviserent en plusieurs branches connues sous les noms de Cainites, d’Ophites, & ce Sethiens. Voyez Caïnites, Ophites, & Sethiens. Fleury, Hist. ecclés. tom. I. l. III. n°. 29. & 30.