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même créance que l’Eglise catholique, sans aucun mêlange des erreurs que professent les schismatiques.

Nous remarquerons encore que le titre de vertabied, ou docteur, est plus respecté que celui d’évêque ; qu’ils le conferent avec les mêmes cérémonies qu’on donne les ordres sacrés ; parce que, selon eux, cette dignité représente celle de Jesus-Christ, qui s’appelloit rabbi, ou docteur. Ces vertabieds ont droit de prêcher assis, & de porter une crosse semblable à celle du patriarche, tandis que les évêques n’en ont qu’une moins distinguée, & prêchent debout, l’ignorance de leurs évêques ayant acquis ces honneurs & cette préférence aux docteurs. Galanus, conciliat. de l’Egl. Armén. avec l’Egl. Rom. Simon, hist. des Relig. du Levant. (G)

* ARMENNA, (Géog. anc.) ruines d’une ville appellée autrefois Medobriga : on les voit dans l’Alentéjo, près de l’Estramadure d’Espagne, & du bourg de Marvaon.

* ARMENTIERES, (Géog.) ville des Pays-bas dans le comté de Flandre, au territoire d’Ypres, capitale du quartier de la Wepe sur la Lys. Lon. 20. 27. lat. 50. 40.

ARMER (s’) en terme de Manege, se dit d’un cheval qui baisse sa tête, & courbe son encolure jusqu’à appuyer les branches de la bride contre son poitrail, pour résister au mors, & défendre ses barres & sa bouche.

On dit encore qu’un cheval s’arme des levres, quand il couvre ses barres avec ses levres, afin de rendre l’appui du mors plus sourd. Les chevaux qui ont de grosses levres sont sujets à s’armer ainsi. Le remede à cela est de lui donner un mors plus large, & qui soit mieux arrêté sur les barres.

Pour le premier cas, le remede est de lui attacher sous la bouche une boule de bois entourée d’étoffe entre les os de la mâchoire inférieure, qui l’empêche de porter sa bouche si près de son poitrail. (V)

Armer un vaisseau, c’est l’équiper de vivres, munitions, soldats, matelots, & autres choses nécessaires pour faire voyage & pour combattre. (Z)

Armer, terme de Fauconnerie. On dit armer les cures de l’oiseau. Voyez Cure. On dit aussi armer l’oiseau ; c’est lui attacher des sonnettes au pié.

Armer un Métier, terme de fabrique des étoffes de soie ; c’est par rapport à la chaîne, quand elle est passée au-travers du remisse, qu’elle est tirante, & qu’il s’agit de la faire mouvoir, pour former le corps de l’étoffe ; attacher des ficelles de moyenne grosseur aux lisserons par de longues boucles, enfiler les marches & les ajuster, pour faire lever ou baisser les lisses & partager la chaîne, de façon que l’ouvrier puisse mouvoir sa navette.

L’armure est très-peu de chose, pour ce qui concerne la chaîne : mais elle est de conséquence pour les lisses de poil : quant à cette opération, voyez l’article Armure.

* ARMIERES, (Géog.) petite ville du Hainaut, sur la Sambre. Long. 25. 3. lat. 52. 4.

* ARMIER, (Géog.) ville de France, dans le Dauphiné, au Valentinois.

ARMIGER, s. m. (Hist. mod.) mot Latin composé d’arma gerere, porter les armes. C’étoit chez nos anciens, ceux qui accompagnoient les héros au combat, & étoient leurs porteurs d’armes. Dans les écrivains modernes armiger est un titre de dignité : un degré de noblesse, que nous exprimons en François par écuyer. Voyez Écuyer. (G)

ARMILLAIRE, adj. (en Astronomie.) c’est ainsi que l’on appelle une sphere artificielle, composée de plusieurs cercles de métal ou de bois, qui représentent les différens cercles de la sphere du monde, mis ensemble dans leur ordre naturel. Voyez Sphere & Cercle. Ce mot armillaire est formé d’armilla, qui

veut dire un bracelet. La sphere armillaire sert à aider l’imagination pour concevoir l’arrangement des cieux, & le mouvement des corps célestes. Voyez Ciel, Soleil, Planete

On en voit la représentation dans la Planch. Astron. fig. 21. P & Q représentent les poles du monde ; AD, l’équateur ; EL, l’écliptique, ou le zodiaque ; PAQD, le méridien, ou le colure des solstices ; T, la terre ; EG, le tropique du cancer ; HL, le tropique du capricorne ; MN, le cercle arctique ; OV, le cercle antarctique ; N & O, les poles de l’écliptique ; & RS, l’horison. Il y a cette différence entre le globe & la sphere armillaire, que la sphere est à jour, & ne contient précisément que les principaux cercles ; au lieu que le globe est entierement solide, & que les cercles y sont simplement tracés. Outre la sphere armillaire, qui représente les différens cercles qu’on imagine sur le globe terrestre, ou céleste, il y a d’autres spheres armillaires, qui représentent les orbites ou les cercles que décrivent les planetes dans les différens systèmes. Ainsi il y a la sphere armillaire de Ptolomée, celle de Copernic, celle de Tycho : ces différentes spheres représentent les différens arrangemens des planetes, suivant ces Astronomes. (O)

ARMILLE, en Architecture. Voyez Annelets.

ARMILUSTRIE, s. f. (Hist. anc.) fête des Romains, dans laquelle on faisoit une revûe générale des troupes dans le champ de Mars, au mois d’Octobre. Les chevaliers, les centurions & tous les soldats étoient couronnés, & l’on y faisoit un sacrifice au son des trompettes. Ce nom vient du Latin arma lustrare, faire la revûe des armes. Varron donne à cette fête une autre origine : il prétend que cette fête étoit regardée comme un ὁπλοκαθάρσιον, expiation ou bénédiction des armes, dérivant armilustrium de arma luere, ou lustrare, qui en termes consacrés à la religion payenne, signifioient une expiation, pour la prosperité des armes des Romains. (G)

* ARMINACHA, (Géog. anc. & mod.) petite ville de la Natolie, dans l’Aladulie, au pié du mont Taurus ; on prétend que c’est l’ancienne Cybistra.

ARMINIANISME, s. m. (Théol. Hist. eccles.) doctrine d’Arminius, célebre ministre d’Amsterdam ; & depuis professeur en Théologie dans l’Académie de Leyde & des Arminiens ses sectateurs. Voyez Arminiens. Ce qui distingue principalement les Arminiens des autres réformés ; c’est que persuadés, que Calvin, Beze, Zanchius, &c. qu’on regardoit comme les colonnes du calvinisme, avoient établi des dogmes trop séveres sur le libre arbitre, la prédestination, la justification, la persévérance & la grace ; ils ont pris sur tous ces points des sentimens plus modérés, & approchans à quelques égards de ceux de l’Eglise Romaine. Gomar professeur en Théologie dans l’Académie de Groningue, & Calviniste rigide, s’éleva contre la doctrine d’Arminius. Après bien des disputes commencées dès 1609, & qui menaçoient les Provinces-unies d’une guerre civile ; la matiere fut discutée & décidée en faveur des Gomaristes par le synode de Dordrect, tenu en 1618 & 1619 ; & composé outre les Théologiens d’Hollande, de députés de toutes les églises réformées, excepté des François, qui en furent empêchés par des raisons d’état. C’est par l’exposition de l’arminianisme faite dans ce synode, qu’on en pourra juger sainement. La dispute entre les deux partis, étoit réduite à cinq chefs : le premier regardoit la prédestination ; le second, l’universalité de la rédemption ; le troisieme & le quatrieme, qu’on traitoit toûjours ensemble, regardoient la corruption de l’homme & la conversion ; le cinquieme concernoit la persévérance.

Sur la prédestination, les Arminiens disoient « qu’il ne falloit reconnoître en Dieu aucun decret abso-