L’Encyclopédie/1re édition/ARMINIENS

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 697).
ARMISTICE  ►

ARMINIENS, sectateurs d’Arminius, parti ou secte qui s’éleva en Hollande, au commencement du dix-septieme siecle, & qui se sépara des Calvinistes. Voyez Arminianisme. Les Arminiens sont aussi appellés Remontrans, par rapport à une requête ou remontrance qu’ils adresserent aux Etats Genéraux des Provinces-unies en 1611, & dans laquelle ils exposerent les principaux articles de leur croyance. Voyez Remontrans. Les derniers Arminiens ont poussé les choses beaucoup plus loin que n’avoit fait Arminius lui-même, & se sont fort approchés du Socinianisme, surtout lorsqu’ils avoient pour chef Simon Episcopius. Quand les Calvinistes les accusoient de renouveller une ancienne hérésie déjà condamnée dans les Pélagiens & les semi-Pélagiens ; ils répliquoient que la simple autorité des hommes ne pouvoit passer pour une preuve légitime que dans l’Eglise Romaine : que les Calvinistes eux-mêmes avoient introduit dans la religion une toute autre maniere d’en décider les différends ; & enfin qu’il ne suffisoit pas de faire voir qu’une opinion avoit été condamnée, mais qu’il falloit montrer en même tems qu’elle avoit été condamnée à juste titre. Nec satis est damnatam olim sententiam esse, nisi damnandam eam, aut jure, aut ritè damnatam esse constet. Sur ce principe que les Calvinistes ne sont pas trop en état de réfuter, les Arminiens retranchent un assez grand nombre d’articles de religion que les premiers appellent fondamentaux, parce qu’on ne les trouve point assez clairement expliqués dans l’Ecriture. Ils rejettent avec mépris les catéchismes & les confessions de foi, auxquels les Calvinistes veulent qu’ils ayent à s’en tenir. C’est pourquoi ceux-ci dans le synode de Dordrect, s’attacherent beaucoup à établir la nécessité de décider les différends de religion par voie d’autorité, & y condamnerent les Arminiens, qui furent d’abord proscrits en Hollande, où on les tolere cependant aujourd’hui.

Ils ont abandonné la doctrine de leur premier maître sur la prédestination & l’élection faites de toute éternité, en conséquence de la prévision des mérites ; Episcopius ayant imaginé que Dieu n’élit les fideles que dans le tems, & lorsqu’ils croyent actuellement. Ils pensent que la doctrine de la Trinité n’est point nécessaire au salut, & qu’il n’y a dans l’Ecriture aucun précepte qui nous commande d’adorer le S. Esprit. Enfin leur grand principe est qu’on doit tolérer toutes les sectes chrétiennes ; parce que, disent-ils, il n’a point été décidé jusqu’ici, qui sont ceux d’entre les chrétiens qui ont embrassé la religion la plus véritable & la plus conforme à la parole de Dieu.

On a distingué les Arminiens en deux branches ; par rapport au gouvernement, & par rapport à la religion. Les premiers ont été nommés Arminiens politiques ; & l’on a compris sous ce titre tous les Hollandois qui se sont opposés en quelque chose aux desseins des Princes d’Orange, tels que Messieurs Barneveld & de Witt, & plusieurs autres réformés qui ont été victimes de leur zele pour leur patrie. Les Arminiens ecclésiastiques, c’est-à-dire ceux qui professant les sentimens des Remontrans touchant la religion, n’ont cependant point de part dans l’administration de l’état, ont été d’abord vivement persécutés par le prince Maurice : mais on les a ensuite laissés en paix, sans toutefois les admettre au ministere ni aux chaires de Théologie, à moins qu’ils n’ayent accepté les actes du synode de Dordrect. Outre Simon Episcopius, les plus célebres entre ces derniers, ont été Etienne de Courcelles & Philippe de Limborch, qui ont beaucoup écrit pour exposer & soûtenir les sentimens de leur parti. (G)