degré ; ils en proportionnoient la qualité & l’usage aux facultés de chaque famille. Les moins riches étoient appliqués à l’agriculture & au négoce, sur ce principe que la paresse produit l’indigence, & l’indigence les plus grands crimes : ayant ainsi arraché les racines des plus grands maux, ils croyoient n’en avoir plus rien à craindre. Les exercices du corps, le cheval, la chasse, l’étude de la philosophie, étoient le partage de ceux à qui une meilleure fortune donnoit de plus grands secours : dans une distribution si sage, leur but étoit de sauver les grands crimes aux pauvres, & de faciliter aux riches l’acquisition des vertus. Peu contens d’avoir établi des lois si utiles, ils étoient d’une extrème attention à les faire observer : dans cet esprit, ils avoient distribué la ville en quartiers, & la campagne en cantons différens. Tout se passoit ainsi comme sous leurs yeux. Rien ne leur échappoit des conduites particulieres. Ceux qui s’écartoient de la regle étoient cités devant les magistrats, qui assortissoient les avis ou les peines à la qualité des fautes dont les coupables étoient convaincus. Les mêmes aréopagites engageoient les riches à soulager les pauvres ; ils réprimoient l’intempérance de la jeunesse par une discipline austere. L’avarice des magistrats effrayée par des supplices toûjours prêts à la punir, n’osoit paroître ; & les vieillards à la vûe des emplois & des respects des jeunes gens, se tiroient de la léthargie, dans laquelle ce grand âge a coûtume de les plonger ». Aussi ces juges si respectables n’avoient-ils en vûe que de rendre leurs citoyens meilleurs, & la république plus florissante. Ils étoient si desintéressés, qu’ils ne recevoient rien, ou presque rien, pour leur droit de présence aux jugemens qu’ils prononçoient ; & si integres, qu’ils rendoient compte de l’exercice de leur pouvoir à des censeurs publics, qui placés entre eux & le peuple, empêchoient que l’aristocratie ne devînt trop puissante. Quelque courbés qu’ils fussent sous le poids des années, ils se rendoient sur la colline où se tenoient leurs assemblées, exposés à l’injure de l’air. Leurs décisions étoient marquées au coin de la plus exacte justice : les plus intéressantes par leur objet, sont celles qu’ils rendirent en faveur de Mars, d’Oreste qui y fut absous du meurtre de sa mere par la protection de Minerve qui le sauva, ajoûtant son suffrage à ceux qui lui étoient favorables, & qui se trouvoient en parfaite égalité avec les suffrages qui le condamnoient. Cephale pour le meurtre de sa femme Procris, & Dedale pour avoir assassiné le fils de sa sœur, furent condamnés par ce tribunal. Quelques anciens auteurs prétendent que S. Denys premier évêque d’Athènes avoit été aréopagite, & qu’il fut converti par la prédication que fit S. Paul devant ces juges. Un plus grand nombre ont confondu ce Denys l’aréopagite avec S. Denys premier évêque de Paris. Voyez dans le Recueil de l’Acad. des Belles-Lettres, tom. VII. deux excellens mémoires sur l’aréopage, par M. l’abbé de Canaye, qui sait allier à un degré fort rare l’esprit & la Philosophie à l’érudition. (G)
ARÉOSTYLE, s. m. dans l’ancienne Architecture, c’est une des cinq sortes d’intercolonnations, dans laquelle les colonnes étoient placées à la distance de huit, ou comme disent quelques-uns, de dix modules l’un de l’autre. V. Intercolonnation. Ce mot vient d’ἀραιός, rare, & στύλος, colonne ; parce qu’il n’y avoit point d’ordre d’architecture où les colonnes fussent aussi éloignées les unes des autres que dans l’aréostyle.
On fait principalement usage de l’aréostyle dans l’ordre Toscan, aux portes des grandes villes & des forteresses. Voyez Toscan, &c. Vitruve. (P)
ARÉOTECTONIQUE, adj. est cette partie de fortification & d’architecture militaire, qui con-
ARÉOTIQUES, (en Medecine.) se dit de ces remedes qui tendent à ouvrir les pores de la peau, à les rendre assez dilatés, pour que les matieres morbifiques puissent être poussées dehors par le moyen de la sueur ou de l’insensible transpiration. Voyez Pore, Sueur, Transpiration, &c. Les diaphorétiques, les sudorifiques, &c. appartiennent à la classe des aréotiques. Voyez Diaphorétiques, Sudorifiques, &c. (N)
* ARÉTOPOTÈS, (Hist. anc.) ou le grand bûveur de vin ; nom sous lequel on honoroit à Munichia, comme un homme doüé de vertus héroïques, celui qui savoit bien boire.
* ARÉQUE, areca, sive faufel. (Hist. nat. bot.) c’est le fruit d’une espece de palmier qui croît aux Indes orientales. Il est ovalaire, & ressemble assez à la datte ; il est seulement plus serré par les deux bouts. Son écorce est épaisse, lisse & membraneuse ; & sa pulpe d’un brun rougeâtre. Elle devient en sechant fibreuse & jaunâtre. La moelle, ou plûtôt le noyau qu’elle environne, est blanchâtre, en forme de poire, & de la grosseur d’une muscade. Les Indiens le mâchent continuellement ; qu’il soit dur ou qu’il soit mou, il n’importe : ils le mêlent avec le lycyon ou le kaath, la feuille de betel, & un peu de chaux. Ils avalent leur salive teinte par ces ingrédiens, & rejettent le reste. Geoff. & dict. de med.
* ARÉQUIPE, ou ARIQUIPA, (Géog.) ville de l’Amérique méridion. dans le Pérou, sur une riviere, dans un terrein fertile. Long. 308. lat. mérid. 16. 40.
ARER, ou chasser sur ses ancres. (Marine.) se dit, lorsque l’ancre étant mouillée dans un mauvais fond, elle lâche prise, & se traîne en labourant le sable. Voyez Chasser. (Z)
* ARÈS, (Myth.) nom que les Grecs donnoient à Mars. Il signifie dommage ; d’autres le dérivent du Phénicien arits, qui veut dire, fort, terrible.
* ARESGOL, ancienne ville du royaume d’Alger, dont il ne reste que les ruines ; elle étoit auparavant la capitale de la province & de tout le royaume de Tremecen, qui fait aujourd’hui une partie de celui d’Alger.
* ARESIBO, (Géog.) petite ville d’Amérique, sur une riviere de même nom ; à trois lieues de saint Juan de Porto-Ricco, dans l’île de ce nom, qui est une des grandes antilles.
ARESTE, spina, (Hist. nat.) partie du corps de la plupart des poissons ; on entend communément par ce mot toutes les parties dures & piquantes, qui se trouvent dans les poissons : mais dans ce sens on doit distinguer plusieurs sortes d’arêtes ; car il y a des parties dures dans les poissons, qui sont analogues aux os des serpens, des oiseaux, & des quadrupedes ; tels sont les os de la tête des poissons, leurs vertebres, & leurs côtes. La plûpart ont de plus des piquans dans les nageoires, dans la queue, & sur d’autres parties de leur corps. Il y a aussi dans la chair de plusieurs poissons, des filets solides, pointus, plus ou moins longs, & de différentes grosseurs, dont les uns sont simples, & les autres fourchus. On ne peut donner à ces parties que le nom d’arête. Voyez Poisson. (I)
Areste, (coupe des pierres.) c’est l’angle ou le tranchant que font deux surfaces droites ou courbes d’une pierre quelconque : lorsque les surfaces concaves d’une voûte composée de plusieurs portions de berceaux, se rencontrent en angle saillant, on l’appelle voûte d’arête. La figure 4. Planche de la coupe des pierres, représente une portion de berceaux qui se croisent à angle droit. (D)
* Lorsque l’angle d’une pierre est bien taillé, & sans aucune cassure, on dit qu’elle est à vive-arête.
Sur la mesure des voûtes d’arête, voyez Voûte.