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que l’architecture civile qui se distingue, eu égard à ces différentes époques, & à ses variations, en antique, ancienne, gothique, & moderne, peut encore se distinguer selon ses différentes proportions & ses usages, selon les différens caracteres des ordres dont nous avons parlé. V. Toscan, Dorique, Ionique, Corinthien & Composite.

Pour avoir des notions de l’architecture & des principes élémentaires concernant la matiere, la forme, la proportion, la situation, la distribution & la décoration, voyez la définition de ces différentes expressions, aussi-bien que celles des Arts qui dépendent de l’architecture, tels que la Sculpture, Peinture, Dorure, Maçonnerie, Charpenterie, Menuiserie, &c. Voyez ces articles.

De tous les Architectes Grecs qui ont écrit sur l’architecture, tels qu’Agatarque l’Athénien, Démocrite, Théophraste, &c. aucun de leurs traités n’est parvenu jusqu’à nous, non plus que ceux des auteurs Latins, tels que furent Fussitius, Terentius Varo, Publius Septimius, Epaproditus, &c. de sorte que Vitruve peut être regardé comme le seul Architecte ancien dont nous ayons des préceptes par écrit, quoique Vegece rapporte qu’il y avoit à Rome près de sept cens Architectes contemporains. Cet Architecte vivoit sous le regne d’Auguste, dont il étoit l’ingénieur, & composa dix Livres d’architecture, qu’il dédia à ce prince : mais le peu d’ordre, l’obscurité & le mêlange de Latin & de Grec qui se trouve répandu dans son ouvrage, a donné occasion à plusieurs Architectes, du nombre desquels sont Philander, Barbaro, &c. d’y ajoûter des notes : mais de toutes celles qui ont été faites sur cet auteur, celles de Perrault, homme de Lettres & savant Architecte, sont celles qui font le plus d’honneur aux commentateurs de Vitruve. Ceux qui ont écrit sur l’architecture depuis cet auteur sont, Léon-Baptiste Alberti, qui publia dix Livres d’architecture, à l’imitation de Vitruve, mais où la doctrine des ordres est peu exacte ; Sebastien Serlio en donna aussi un, & suivit de plus près les préceptes de Vitruve ; Palladio, Philibert de Lorme & Barrozzio de Vignole en donnerent aussi ; Daviler a fait des notes fort utiles sur ce dernier. On peut encore ranger au nombre des ouvrages célebres sur l’architecture, l’idée universelle de cet Art, par Vincent Scamozzi ; le parallele de l’ancienne architecture avec la moderne, par M. de Chambray ; le cours d’architecture de François Blondel, professeur & directeur de l’Académie royale d’architecture, qui peut être regardé comme une collection de tout ce que les meilleurs auteurs ont écrit sur les cinq ordres ; l’architecture de Goldman, qui a montré combien il étoit aisé d’arriver au degré de perfection dans l’art de bâtir, par le secours de certains instrumens dont il est l’inventeur ; celle de Wotton réduite en démonstration par Volfius, à qui nous avons l’obligation, ainsi qu’à François Blondel, d’avoir appliqué à l’architecture les démonstrations mathématiques.

Depuis les auteurs dont nous venons de parler, plusieurs de nos Architectes François ont aussi traité de l’architecture, tels que M. Perrault qui nous a donné les cinq ordres avec des additions sur Vitruve & des observations fort intéressantes ; le P. Dairan, qui nous a donné un excellent traité de la coupe des pierres, que la Rue, Architecte du Roi, a commenté, éclairci & rendu utile à la pratique ; M. Fraizier, qui a donné la Théorie de cet art, presque inconnue avant lui ; M. Boffrand, qui nous a donné ses Œuvres, dans lesquels cet habile homme a montré son érudition & son expérience dans l’art d’architecture ; M. Brizeux nous a aussi donné un traité de la distribution & de la décoration des maisons de campagne ; & Daviler, qui non-seulement a commenté Vignole, mais nous a donné un traité d’architecture fort estimé, augmenté

par le Blond (qui a dessiné les planches de l’excellent traité du Jardinage de M. d’Argenville, dont il est parlé dans le Discours Préliminaire, p. xlij.) & depuis par Jacques-François Blondel, professeur d’architecture, dont nous avons aussi un Traité de la distribution & de la décoration des édifices ; sans oublier Bullet, le Muet, Bosse, &c. qui nous ont aussi donné quelques ouvrages sur l’architecture.

Le terme d’architecture reçoit encore plusieurs significations, selon la maniere dont on le met en usage, c’est-à-dire qu’on appelle architecture en perspective celle dont les parties sont de différentes proportions, & diminuées à raison de leurs distances pour en faire paroître l’ordonnance en général plus grande ou plus éloignée qu’elle ne l’est réellement, tel qu’on voit exécuté le fameux escalier du Vatican, bâti sous le pontificat d’Alexandre VII. sur les desseins du cavalier Bernin. On appelle architecture feinte celle qui a pour objet de représenter tous les plans, saillies & reliefs d’une architecture réelle par le seul secours du coloris, tels qu’on en voit dans quelques frontispices de l’Italie, & aux douze pavillons du château de Marly ; ou bien celle qui concerne les décorations des théatres ou des arcs de triomphe peintes sur toile ou sur bois, géométralement ou en perspective, à l’occasion des entrées ou fêtes publiques, ou bien pour les pompes funebres, feux d’artifice, &c. (P)

ARCHITHRÉSORIER, s. m. (Hist. mod.) ou grand thrésorier de l’Empire, dignité dont est revêtu l’électeur Palatin. Cette dignité fut créée avec le huitieme électorat en faveur du prince Palatin du Rhin : mais Frédéric V. ayant été dépossedé de son électorat par l’empereur Ferdinand II. après la bataille de Prague, sa charge fut donnée à l’électeur de Baviere : mais elle a été rendue à la maison Palatine lorsqu’elle est rentrée en possession d’une partie de ses états par le traité de Westphalie. Au commencement de ce siecle, l’empereur Joseph ayant mis l’électeur de Baviere au ban de l’Empire, le priva de son électorat & de sa charge de grand-maître d’hôtel, qu’il donna à l’électeur Palatin, & revêtit de celle de grand thrésorier l’électeur d’Hanovre, qui fonde d’ailleurs son droit à cette charge sur ce qu’il descend de Frédéric V. Mais la maison de Baviere ayant été rétablie dans ses états & dans ses droits, le Palatin conteste à l’électeur d’Hanovre le titre de grand thrésorier, d’autant plus que celui-ci ne le tient qu’en vertu d’une disposition particuliere de l’empereur Joseph, qui n’est point confirmée par la décision du corps Germanique. Quoi qu’il en soit de ces droits, une des principales fonctions de l’archithrésorier de l’Empire, le jour du couronnement de l’empereur, est de monter à cheval & de répandre des pieces d’or & d’argent au peuple dans la place publique. Heiss. Hist. de l’Empire. (G)

* ARCHITIS (Myth.) on adoroit Venus au mont Liban, sous ce nom : elle y étoit représentée dans l’affliction que lui cause la nouvelle de la blessure d’Adonis ; la tête appuyée sur la main gauche, & couverte d’un voile, de dessous lequel on croyoit voir couler ses larmes.

ARCHITRAVE, s. f. (Architecture.) du Grec ἀρχὸς, principal, & du Latin trabs, une poutre ; on le nomme aussi épistyle du Latin epistylium, fait du Grec ἐπί, sur, & στύλος, colonne. Sous ce nom on entend la principale poutre ou poitrail qui porte horisontalement sur des colonnes, & qui fait une des trois parties d’un entablement. Voyez Entablement. Comme les anciens donnoient peu d’espace à leur entre-colonne, leur architrave étoit d’une seule piece qu’ils nommoient sommier. Nos Architectes modernes, qui ont mis en usage les colonnes accouplées, ont donné plus d’espace à leurs grands entre-colonemens, & ont fait leur architrave de plusieurs claveaux, tels qu’on le remarque aux grand & petit en-