ANCAON (Sera de), Géog. moderne, chaîne de montagnes dans le Béïra, province de Portugal, qui tient à une autre qu’on appelle Sera d’Estrella. Celle-là tourne à l’Orient, entre les rivieres Moddego & Zezere. Elles paroissent détachées d’une autre qui commence près de Lamego, & s’étend depuis Porto jusqu’à Coïmbre, sans qu’il y ait dans tout cet espace plus de trois lieues ou environ de plaines entr’elles.
ANCARANO, (Géog. mod.) petite ville de l’Etat ecclésiastique dans la Marche d’Ancone.
ANCE. Voyez Anse.
* ANCENIS, (Géog. mod.) ville de France dans la Bretagne sur la Loire. Long. 16. 28. lat. 47. 22.
ANCÊTRES, s. m. pl. (Hist. & Gram.) se dit des personnes de qui l’on descend en droite ligne, le pere & la mere non compris. Ce mot dérive du Latin antecessor, & par syncope ancessor, qui va devant.
En Droit on distingue ancêtres & prédécesseurs. Le premier de ces deux noms convient à certaines personnes dans l’ordre naturel ; on dit un homme & ses ancêtres : le second a directement rapport à l’ordre politique ou de la société ; nous disons un évêque & ses prédécesseurs. On dit également un Prince & ses prédécesseurs, pour signifier les Rois qui ont régné avant lui : mais on ne dit un Roi & ses ancêtres, que quand il est descendu par le sang de ses prédécesseurs.
Dans l’usage on met cette différence entre les peres & les ancêtres, que ce dernier ne se dit que des peres d’une personne qualifiée. Il seroit ridicule qu’un artisan dit, mes ancêtres ont fait le même métier que moi. (G & H)
ANCETTES DE BOULINES ou COBES DE BOULINES ; (Marine.) c’est ainsi que l’on nomme les bouts de corde qui sont attachés à la relingue de la voile, dont le plus long n’excede pas un pié & demi ; leur usage est d’y passer d’autres cordes qu’on appelle pattes de boulines. Voyez Boulines & Ralingues. (Z)
ANCHARIE, s. f. (Myth.) déesse que le peuple d’Asculum dans la Pouille adoroit.
ANCHE, s. m. c’est le conduit quarré par lequel la farine passe dans la huche du moulin. V. Moulin à farine.
ANCHE, s. f. en Lutherie, petite machine de canne, de léton, de bois, ou de toute autre matiere, d’une ou de plusieurs parties, qu’on adapte à des instrumens à vent, & qui les fait résonner, en portant une ligne d’air contre la surface du tuyau, que cette ligne d’air rase en vibrant comme une corde, dont le poids de l’atmosphere seroit le poids tendant, & qui auroit la longueur du tuyau. Voy. Instrument de musique. Ce qui fera résonner un instrument à vent, & ne formera pas avec lui un tout, pourra s’appeller anche. Sans l’anche. la colonne d’air qui remplit l’instrument seroit poussée toute entiere à la fois, & il n’y auroit point de son produit. Les anches d’orgue sont des pieces de cuivre de la forme d’un cylindre concave qui seroit coupé en deux par un plan qui passeroit par son axe. Voyez A & C, fig. 53. Pl. d’Orgue. La partie inférieure de l’anche est relevée ; ensorte que quand elle est appliquée sur un plan, le passage à l’air soit entierement fermé de ce côté. On les forme sur l’étampoir. V. Étampoir. Aux trompettes dont les anches sont la bouche, la partie supérieure de l’anche entre dans la noix. V. Noix. On la recouvre ensuite d’une piece de léton flexible & élastique B, qu’on appelle languette, & on affermit le tout au moyen du coin D, dans le corps de la noix, dont il acheve de remplir l’ouverture. Les anches doivent suivre la proportion du diapason.
Quant aux autres sortes d’anches, voyez les instrumens auxquels elles appartiennent. Voyez Basson, Hautbois, &c.
ANCHÉ, adj. (terme de Blason.) courbé : il se dit seulement d’un cimetere courbé.
Tournier S. Victoret à Marseille, de gueules à l’écusson d’or, chargé d’un aigle de sable, l’écusson embrassé de deux sabres badelaires ou braquemars, anchés d’or, les poignées vers le chef. (V)
* ANCHEDIVE ou ANGADIVE, (Géog. mod.) petite île de l’Océan Indien, sur la côte du royaume de Décan, non loin de Goa vers le midi.
ANCHIALE Anchialum. (Théol.) terme célebre parmi les critiques qui ont écrit sur ce qui concerne les Hébreux ou les Juifs. On le trouve dans cette épigramme de Martial, Lib. XI. Ep. xcv.
Ecce negas, jurasque mihi per templa tonantis.
Non credo ; jura, Verpe, per Anchiaium.
c’est-à-dire, pour nier ou pour affirmer, tu attestes les temples de Jupiter, je ne t’en crois pas ; jure, circoncis, par Anchiale.
On demande qui est cet Anchiale, si c’est le nom du vrai Dieu ou d’un faux Dieu ; & pourquoi l’on demandoit aux Juifs, de la bonne foi desquels on se défioit, de jurer par Anchiale.
Il est certain, dit le P. Calmet, que le jurement le plus ordinaire des Juifs est : Vive le Seigneur : ce serment se trouve en plusieurs endroits des Livres saints, comme dans les Juges viij. 19. dans le Livre de Ruth, c. iij. v. 13. Dans le premier Livre des Rois, c. xiv. v. 45. Le Seigneur lui-même, quand il fait un serment, n’ayant personne plus grand que lui par qui il puisse jurer, il jure par sa propre vie : Vivo ego dicit Dominus. Or en Hebreu ce serment, vive le Seigneur, peut se prononcer ainsi, Hacgaï-Elion ; par la vie du très-Haut, ou Ana-chi-eloa : ah, que le Seigneur vive, ou simplement Ha-chi-el, par la vie de Dieu ; la terminaison Latine um, qui est à fin d’Anchialum, ne faisant rien à la chose, non plus que la lettre n, que le Poete y a mise, parce-que dans la prononciation, en disant hachiel ou al, il semble qu’on prononce han-chi-al. Suivant cette explication, l’anchialum de Martial signifieroit qu’il exige de ce Juif, qu’il lui jure par le nom ou la vie du Seigneur.
Quelques-uns ont cru qu’on faisoit jurer les Juifs par une statue de Sardanapale, érigée dans la ville d’Anchiale en Cilicie : mais cette conjecture n’est fondée sur rien.
D’autres tirent anchialum du Grec ἀγχίαλος, qui signifie qui est près du rivage, comme si le Juif juroit par le Dieu qu’on adore sur les rivages ; parce qu’en effet les Juifs hors de Jérusalem & de leur pays, alloient pour l’ordinaire faire leurs prieres sur le bord des eaux. Enfin d’autres ont cru que c’est parce qu’il juroit par le temple du Seigneur heicaliah, & l’on sait que les Juifs juroient quelquefois par le temple : mais toutes ces explications paroissent peu naturelles.
Un ancien exemplaire manuscrit, qui appartenoit à M. de Thou, porte : Jura, Verpe, per ancharium ; jure, Juif, par l’âne. Or les Payens, & sur-tout les Poëtes, se plaisoient à reprocher aux Juifs qu’ils adoroient un âne, ou la tête d’un âne ; voici ce qu’en dit Petrone.
Judœus licet, & porcinum numen adoret,
Et Cilli summas advocet auriculas.
On peut voir ce qu’en dit Tacite, Histor. Lib. V. & les raisons ou le fondement de cette fausse imputation, sous l’article ononyctites. Ce dernier sens est beaucoup plus simple, & est très-relatif aux idées que s’étoient formé les payens de la religion des Juifs. Dictionn. de la Bibl. (G)
* ANCHIALE. deux villes anciennes ; l’une de Cilicie, bâtie par Sardanapale ; l’autre de Thrace sur la côte de la mer Noire, que les Turcs nomment Kenkis, & les Grecs Anchilao ou Anchio.
* ANCHIFLURE, s. f. c’est, en Tonnellerie, le trou qu’un ver a fait à une douve de tonneau, à l’en-