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font & vendent les alenes : aussi les appelle-t-on quelquefois Aleniers.

Il y a des alenes de plusieurs sortes : les alenes à joindre, sont celles dont les Cordonniers se servent pour coudre les empeignes avec les cartiers ; l’alene à premiere semelle est plus grosse que celle à joindre ; & l’alene à derniere semelle, encore davantage. Voyez les figures de six sortes d’alenes, fig. 22. & suivantes du Cordonnier-Bottier. Ces alenes des Cordonniers sont des especes de poinçons d’acier très aigus, polis, & courbés de différentes manieres, selon le besoin. Ils sont montés sur un manche de buis. Voyez la fig. 37. qui représente une alene montée. On tient cet outil de la main droite, & on perce avec le fer des trous dans les cuirs pour y passer les fils qu’on veut joindre ensemble. Ces fils sont armés de soie de cochon, qui leur sert de pointe : ils sont au nombre de deux, que l’on passe dans le même trou, l’un d’un sens, & l’autre de l’autre. On serre le point en tirant des deux mains ; savoir de la main gauche, après avoir tourné le fil un tour ou deux sur un cuir qui environne la main, & qu’on appelle manicle. Voyez Manicle. Son usage est de garantir la main de l’impression du fil : de la main droite on entortille l’autre fil deux ou trois fois autour du colet du manche de l’alene ; ce qui donne le moyen de les tirer tous deux fortement.

* ALENTAKIE (Géog.) Province de l’Esthonie, sur le Golfe de Finlande.

* ALENTÉJO, (Géog.) Province de Portugal, située entre le Tage & la Guadiana.

ALEOPHANGINES, adj. (en Pharmacie.) Ce sont des pilules qu’on prépare de la maniere suivante.

Prenez de la canelle, des clous de girofle, des petites cardamomes, de la muscade, de la fleur de muscade, du calamus aromatique, carpobalsamum, ou fruit de baume, du jonc odorant, du santal jaune, du galanga, des feuilles de roses rouges, une demi-once de chaque. Réduisez le tout grossierement en poudre ; tirez-en une teinture avec de l’esprit-de-vin dans un vaisseau de terre bien fermé ; vous dissoudrez dans trois pintes de cette teinture du meilleur aloès une livre. Vous y ajoûterez du mastic, de la myrrhe en poudre, une demi-once de chaque ; du safran, deux gros ; du baume du Pérou, un gros : vous donnerez à ce mêlange la consistance propre pour des pilules, en faisant évaporer l’humidité superflue, sur des cendres chaudes. Pharmacop. de Londres. (N)

* ALEP, (Géog.) grande ville de Syrie, en Asie, sur le ruisseau Marsgras ou Coié. Long. 55. lat. 35. 50.

Le commerce d’Alep est le même que d’Alexandrette, qui n’est, à proprement parler, que le port d’Alep. Les pigeons y servent de couriers ; on les instruit à ce voyage, en les transportant d’un de ces endroits dans l’autre, quand ils ont leurs petits. L’ardeur de retrouver leurs petits, les ramene d’Alep à Alexandrette, ou d’Alexandrette à Alep, en trois heures, quoiqu’il y ait vingt à vingt-cinq lieues. La défense d’aller autrement qu’à cheval d’Alexandrette à Alep, a été faite pour empêcher par les frais le Matelot de hâter la vente, d’acheter trop cher, & de fixer ainsi le tau des marchandises trop haut. On voit à Alep des Marchands François, Anglois, Hollandois, Italiens, Arméniens, Turcs, Arabes, Persans, Indiens, &c. Les marchandises propres pour cette échelle, sont les mêmes que pour Smyrne. Les retours sont en soie, toile de coton, comme amanblucies, anguilis, lizales, toiles de Beby, en Taquis, à Jamis, & indiennes, cotons en laine ou filés, noix de galle, cordoüans, savons, & camelots fort estimés.

ALEPH, C’est le nom de la premiere lettre de

l’alphabet Hébreu, d’où l’on a formé l’alpha des Syriens & des Grecs ; ce nom signifie Chef, Prince, ou mille. On trouve quelques Pseaumes & quelques autres ouvrages dans l’Ecriture, qui commencent par aleph, & dont les autres versets continuent par les lettres suivantes de l’alphabet. Il n’y a en cela aucun mystere ; mais ces pieces s’appellent acrostiches, parce que tous les vers qui les composent, commencent par une lettre de l’alphabet, selon l’ordre & l’arrangement qu’elles tiennent entre elles dans l’ordre grammatical. Ainsi dans le Pseaume Beati immaculati in viâ, les huit premiers vers commencent par aleph, les huit suivans par beth ; & ainsi des autres. Dans le Pseaume 110. Consitebor tibi, Domine, in toto corde meo, ce vers commence par aleph ; ce qui suit, in concilio justorum & congregatione, commence par beth, & ainsi de suite. Dans les Lamentations de Jérémie, il y a deux chapitres, dont la premiere strophe seulement commence par aleph, la seconde par beth ; & ainsi des autres. Le troisieme chapitre a trois versets de suite qui commencent par aleph ; puis trois autres qui commencent par beth, & les Hébreux ne connoissent point d’autres vers acrostiches que ceux-là. Voyez Acrostiche.

Les Juifs se servent aujourd’hui de leurs lettres, pour marquer les chifres : aleph, vaut un ; beth, deux ; ghimel, trois ; & ainsi des autres. Mais on ne voit pas qu’anciennement ces caracteres aient eu le même usage : pour le reste, on peut consulter les grammaires Hébraïques. On en a depuis peu imprimé une en François à Paris chez Colombat, en faveur de ceux qui n’entendent pas le Latin : pour les Latines, elles sont très-communes. On peut consulter ce que nous dirons ci-après, sous les articles de Langues Hébraiques, de Grammaire, de Points voyelles, de Lettres, &c. (G)

ALERIONS, s. m. pl. terme de Blason, sorte d’aiglettes qui n’ont ni bec ni jambes. Voyez Aiglette. Menage dérive ce mot de aquilario, diminutif d’aquila. Il n’y a pas plus de cent ans qu’on les nomme alérions, & qu’on les représente les ailes étendues sans jambes & sans bec. On les appelloit auparavant simplement, par leur nom aiglettes.

L’alérion représenté ne paroît différent des merlettes, qu’en ce que celles-ci ont les ailes serrées, & sont représentées comme passantes ; au lieu que l’alérion est en pal, & a l’aile étendue ; outre que la merlette a un bec & que l’alérion n’en a pas. Voyez Merlette. (V)

ALERON, s. m. (Soierie.) Voyez Aleiron. On dit aleron dans la manufacture de Paris ; & l’on dit aleiron dans celle de Lyon.

* ALERTE, cri de guerre, par lequel on appelle les soldats à leur devoir.

ALÉSÉ, adj. (Hydraul.) se dit des parois ou côtés d’un tuyau qui sont bien limés, c’est-à-dire, dont on a abattu tout le rude. (K)

Alésé, terme de Blason ; il se dit de toutes les pieces honorables, comme d’un chef, d’une fasce, d’une bande, qui ne touchent pas les deux bords ou les deux flancs de l’écu. De même, la croix ou le sautoir qui ne touchent pas les bords de leurs quatre extrémités, sont dits alésés. Il porte d’argent à la fasce alésée de gueules.

L’Aubespine, d’azur au sautoir alésé d’or, accompagné de quatre billettes de même. (V)

ALÉSER, dans l’Artillerie, c’est nettoyer l’ame d’une piece de canon, l’aggrandir pour lui donner le calibre qu’elle doit avoir. (Q)

Aléser, terme d’Horlogerie, c’est rendre un trou circulaire fort lisse & poli, en y passant un alésoir. Voyez Alésoir. (T)

ALÉSOIR, s. m. en terme de la Fonderie des Canons, est une machine assez nouvellement inventée, qui