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d’une fermentation extraordinaire qu’on y a excitée par quelques ingrédiens acres & piquans.

Nos Brasseurs au contraire entendent par aile, la même chose que par métiers, une liqueur sans houblon ; la premiere dissolution de la farine dans l’eau chaude, qu’on fait ensuite bouillir & dont on obtient, sans autre préparation, une liqueur doucereuse, même sucrée, mais jusqu’à la fadeur, & qui n’est pas de garde.

Ailes de saint Michel, est le nom d’un ordre de Chevalerie institué en Portugal en 1165, suivant le Pere Mendo, Jésuite, ou en 1171, suivant D. Michieli, comme on le peut voir dans son Tesoro militar de Cavalleria. Alphonse-Henri premier, Roi de Portugal, fonda cet ordre à l’occasion d’une victoire qu’il avoit remportée sur le Roi de Séville & les Sarrasins, & dont il attribuoit le succès au secours de S. Michel, qu’il avoit pris pour patron contre les Infideles.

La banniere de cet Ordre étoit une aile semblable à celles de l’Archange, de couleur de pourpre, & environnée de rayons d’or. La regle des Chevaliers étoit celle de S. Benoît. Ils faisoient vœu de défendre la Religion chrétienne, & les frontieres du Royaume, & de secourir les orphelins. Leur devise étoit quis ut Deus ? qui est en Latin la signification du mot Hébreu, Michel. (G)

Ailes, s. f. pl. en terme de Guerre, sont les deux extrémités d’une armée rangée en bataille : on les distingue en aile droite & en aile gauche. Voyez Armée, Bataillon, &c. La cavalerie est ordinairement portée sur les ailes, c’est-à-dire sur les flancs, à la droite & à la gauche de chaque ligne ; on la place ainsi afin de couvrir l’infanterie qui est au milieu. Voyez Ligne & Flanc.

Pan, l’un des Capitaines de Bacchus, est regardé comme le premier inventeur de cette maniere de ranger une armée en bataille ; & c’est-là la cause, à ce qu’on prétend, pourquoi les Anciens, qui nommoient cornua ce que nous appellons ailes aujourd’hui, representoient Pan avec des cornes à la tête. Voyez Panique.

Ce qu’il y a de certain, c’est que cette maniere de ranger les armées est très-ancienne. On sait que les Romains donnoient le nom d’ailes à deux corps de troupes de leurs armées, qui étoient placés l’un à droite & l’autre à gauche, & qui consistoient l’un & l’autre dans 400 chevaux & 4200 fantassins. Ces ailes étoient ordinairement de troupes alliées, & leur usage étoit de couvrir l’armée Romaine, comme les ailes d’un oiseau servent à lui couvrir le corps. Les troupes des ailes étoient appellées alares, & alares copiæ.

Aujourd’hui les armées sont divisées en aile droite, aile gauche, & centre.

Ailes signifie aussi les deux files qui terminent la droite & la gauche d’un bataillon ou d’un escadron. Du tems qu’on avoit des Piquiers, on les plaçoit dans le milieu, & les Mousquetaires aux ailes. (Q)

Ailes, dans la Fortification, sont les côtés ou les branches des ouvrages à corne, à couronne & autres ouvrages extérieurs. V. Ouvrage à corne, &c.

Les ailes ou côtés doivent être flanqués ou par le corps de la place, lorsqu’elles n’en sont pas trop éloignées, ou du moins par des redoutes, ou par des traverses faites dans leur fossé. Celles des ouvrages à corne placés vis-à-vis les courtines, sont flanquées ou des demi-lunes collatérales ou des faces des bastions. Il en est de même des ouvrages à corne placés vis-à vis les bastions, & des ouvrages à couronne.

Il faut observer que si l’on veut que ces ailes soient exactement défendues, leur extrémité vers la campagne ne doit être éloignée des parties qui les dé-

fendent que de la portée du fusil, c’est-à-dire de 120

ou 140 toises. Il faut aussi que la défense n’en soit pas trop oblique ; autrement elle devient très-foible, & d’un très-léger obstacle à l’ennemi. (Q)

Les Ailes du nez. Voyez Nez. (L)

Ailes de chauve-souris, vespertilionum alæ, en Anatomie, sont deux ligamens fort larges & membraneux, qui tiennent le fond de la matrice attachée aux os de l’ilium ; leur nom vient de la ressemblance qu’elles ont avec les ailes d’une chauve-souris. (N)

Ailes, nom que les Horlogers donnent aux dents d’un pignon. Voyez Dent, Pignon.

Pour que la roue mene uniformément le pignon, lorsque la dent rencontre l’aile dans la ligne des centres, il faut que la face de cette aile soit une ligne droite tendante au centre. Voyez Roue, Engrenage. (T)

Ailes, se dit, en Jardinage, des arbres ou des plantes qui poussant des branches à côté les unes des autres, forment des especes d’ailes. On voit aux artichaux, des pommes à côté du principal montant & sur la même tige ; ces pommes sont appellées les ailes d’un pié d’artichaux. (K)

Ailes, terme de Tourneur ; ce sont deux pieces de bois plates & triangulaires qu’on attache en travers à une des poupées du tour, pour lui servir de support, quand on veut tourner des quadres ronds.

Ailes, ou Ailerons, en terme de Vitrier, sont les extrémités les plus minces du plomb qui entretiennent les pieces de verre dont un panneau de vitre est composé ; & qui recouvrant de part & d’autre ces mêmes pieces, empêchent que le vent ni la pluie ne passent entre le plomb & le verre. Voyez Lingotiere.

Ailes, (Manége) les ailes de la lance sont les pieces de bois qui forment l’endroit le plus large de la lance au-dessus de la poignée. Voyez Lance. (V)

Ailes, en Blason, se portent quelquefois simples & quelquefois doubles ; on appelle ces dernieres ailes conjointes. Quand les pointes sont tournées vers le bas de l’écusson, on les nomme ailes renversées, & ailes élevées, quand les pointes sont en haut. Voyez Vol. (V)

Ailes, (terme de riviere.) sont deux planches formant arrondissement, de trois pouces d’épaisseur, que l’on met au bout des semelles d’un bateau foncet en avant & en arriere.

Aile, partie de moulin à vent. Voyez Moulin.

Aile de fiche, ou Couplet ; c’est la partie de ces ouvrages de serrurerie qui s’attache sur le bois, & qui est entraînée dans le mouvement d’une porte, d’une fenêtre, d’un volet brisé ; en un mot, on donne le nom d’aile, à tout ce qui n’est pas la charniere.

Aile, se dit de la partie des lardoires à l’usage des cuisiniers & rotisseurs, qui est fendue en plusieurs parties, & évasée autant qu’il le faut pour recevoir le lard, dont on veut piquer une viande.

AILÉ, adjectif, terme de Blason : il se dit de toutes les pieces auxquelles on donne des ailes contre leur nature, comme d’un lion, d’un léopard, &c. Il se dit encore de tous les animaux volatils qui ont des ailes d’un autre émail ou couleur que le reste de leur corps. D’azur au taureau ailé & élancé d’or ; de gueules au grifon d’or ailé d’argent.

Manuel en Espagne, de gueules à une main de carnation ailée d’or, tenant une épée d’argent, la garde d’or. (V)

AILERON, s. m. (terme d’Architecture) c’est une espece de console renversée, de pierre ou de bois, revêtue de plomb, dont on orne les côtés d’une lucarne, comme on en voit au-devant des combles de la place de Vendôme à Paris, ou à côté d’un second ordre du portail d’une Eglise, comme à Saint