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nairement en triples de blanches, avec deux reprises qu’on recommence chacune deux fois. Elle commence & finit, quand celui qui bat la mesure baisse la main ; au contraire de la sarabande, qui finit ordinairement quand il la lève.

Par rapport à la Danse, la Courante est la plus commune de toutes les danses qu’on pratique en France, qui se fait d’un temps, d’un pas, d’un balancement & d’un coupé. La courante reçoit aussi plusieurs autres pas. Autrefois on en sautoit les pas, & en ce point elle étoit différente des basses danses, & des pavanes. Il y a des courantes simples, & des courantes figurées, qui se dansent toutes à deux personnes.

Ma franchise a dansé la courante. Expression comique & burlesque ; pour dire, j’ai perdu ma franchise. Elle est de Moliere.

Courante se dit aussi bassement du flux de ventre, à cause qu’il faut courir aux nécessités. Alvi profluvium.

COURANTIN, terme d’Artificier. Fusée dont on se sert dans les jours de réjouissance, & dans un feu d’artifice, pour parcourir une corde tendue, & bandée en l’air & porter le feu d’un lieu à un autre. On met d’ordinaire le courantin dans une figure d’ozier qui représente un homme, ou quelque animal, & cela forme quelquefois un combat en l’air, entre ces figures.

COURAP. s. m. Nom que les Indiens donnent à une maladie que Bontius nous apprend être très-commune à Java, & dans d’autres contrées des Indes Orientales. C’est une espèce de herpe ou gale qui paroît ordinairement aux aisselles, à la poitrine, aux aînes & au visage. Dict. de James.

COURATIER. s. m. ancien terme dont on se servoit pour exprimer ce qu’on appelle aujourd’hui Courtier. Voyez ce mot.

COURAU, s. m. petit bateau dont on se sert sur la Garonne à charger les grands bateaux.

COURBARI ou COURBARIL. s. m. arbre d’Amérique qui s’élève fort haut, & dont le bois est dur, rougeâtre, & bon pour la menuiserie. Son tronc & ses branches sont couvertes d’une écorce épaisse, rude, inégale & brune. Ses branches sont longues & fort ramifiées. Elles sont chargées de feuilles glabres, pareilles à celles du laurier, mais d’un vert moins foncé, sans aucun goût aromatique. Elles viennent au nombre de deux à l’extrémité de chaque queue. Ses fleurs naissent par bouquets assez considérables, & disposés en manière de pyramide. Elles sont légumineuses, purpurines, & donnent des gousses fort grosses, dures, aplaties, dont les cosses sont si étroitement unies, qu’on ne sauroit les séparer, & dont l’intérieur est rempli d’une substance qui étant séchée est toute fibreuse, soyeuse & mêlée d’une poudre ou farine douce & jaunâtre. Cette substance enveloppe des semences un peu ovales, grosses, dures, noirâtres au dessus, blanchâtres en dedans. Il découle de cet arbre une gomme résine fort transparente, d’assez bonne odeur lorsqu’on la met au feu. Pison, en parlant de cet arbre sous le nom de Jetaiba, dit que cette résine est nommée Animé chez les Portugais. La résine qu’on vend aujourd’hui pour gomme Copal, & qu’on employe dans les beaux vernis, n’est pas différente de l’Animé des Portugais. Le Courbari est commun dans nos Îles Antilles. Voyez Plum. du Tertre, Rochef. Hernand.

On a trouvé à quelques-uns de ces arbres des morceaux de gomme gros comme le poing, mais dure, transparente, & claire comme de l’ambre, qui ne se dissout ni à l’eau, ni à l’huile. Cette gomme est de bonne odeur, & quand on la brûle, elle exhale une fumée fort agréable. On se sert ordinairement du bois de cet arbre pour faire les rouleaux des moulins à sucre. C’est quand il est vieux qu’il rend de la gomme. Quelques Indiens en forment des boutons de différentes figures, dont ils font des bracelets, des coliers & des pendans d’oreille, qui sont beaux, luisans, & sentent fort bon.

Courbari se prend quelquefois pour la gousse de l’arbre qu’on vient de décrire.

COURBATON. s. m. terme de Charpenterie. Les courbatons sont des pièces de bois courbées presqu’à angles droits dont l’usage est de joindre les membres des côtes du haut des vaisseaux à ceux de dedans ; comme aussi de lier les alonges aux barots. Tignum incurvum. Courbaton de beaupré, est une pièce de bois qui fait un angle aigu avec la tête du mât, au bout duquel il y a un petit chouquet où l’on passé le perroquet du beaupré. Courbatons de hunes. Voyez Taquets. Courbatons de l’éperon, sont ceux qui font la rondeur de l’éperon depuis la flèche supérieure jusqu’au premier porte-vergue.

Courbatons sont aussi de fortes pièces de bois attachées sur la fourrure d’une galère, pour servir de contre-forts.

COURBATU, UE. adj. C’est ainsi qu’on appelle un cheval qui n’a pas le mouvement des jambes bien libre. Un cheval courbatu est celui qui a été surmené, dont la respiration n’est altérée que par l’excès du travail. Il devient aussi courbatu, lorsqu’il est trop échauffé, ou plein de mauvaises humeurs.

☞ On observe dans le dictionnaire de l’Académie Françoise, que courbatu se dit quelquefois des personnes. Je me sens tout courbatu. Si cela est, il est au moins d’un usage bien rare.

☞ COURBATURE. s. f. terme de Maréchallerie ; maladie du cheval qui n’a pas le mouvement des jambes bien libre. Voyez Courbatu. Soleisel dit que la courbature est une chaleur étrangere causée par les obstructions qui sont dans les intestins & dans le poumon, ce qui donne les mêmes signes que la pousse. Le poux, la morve & la courbature sont trois cas rédhibitoires qui annullent la vente du cheval. On en est garant neuf jours, parce que ce sont des défauts qu’on peut cacher jusques-là.

COURBATURE. s. f. se dit quelquefois en parlant des hommes, pour signifier une lassitude douloureuse. Sa maladie commença par une courbature. Acad. Fr.

COURBE. adj. m. & f. ☞ opposé à droit. La ligne droite, disent les Géomètres, est la plus courte mesure entre deux points donnés. La ligne courbe est celle qui n’est pas le chemin le plus court d’un point à un autre, ce seroit embrouiller des notions aussi simples que de chercher à les expliquer. Curvus. En Géométrie il y a des lignes courbes régulières, comme le cercle, l’ellipse, la parabole & l’hyperbole ; d’autres irrégulières, comme la conchoïde, la cycloïde, l’hélice, quoiqu’elles se puissent tracer avec art ; d’autres tout-à-fait irrégulières, comme celles qu’on fait au hazard avec la plume, ce qui se dit de tout ce qui est tortu.

COURBE se dit substantivement, en termes de Géométrie & génériquement, pour ligne courbe. Curva. Ce qui fait voir que cette courbe est ici une seconde parabole du cinquième degré. Varign. Acad. des Sc. 1699. Mém. pag. 57. Cette courbe doit être ici une parabole ordinaire. Id. Ibid. Cette courbe générative se trouve être telle ou telle section conique.

Il y a deux sortes de courbes, les géométriques & les méchaniques. Les courbes géométriques sont celles dont on peut exprimer & déterminer la nature par le rapport des ordonnées & des abscisses, qui sont les unes & les autres des grandeurs finies. Les méchaniques sont celles dont on peut exprimer ainsi la nature, parce que les ordonnées & les abscisses n’ont point de rapport réglé. Les sections coniques sont géométriques. La cycloïde, la cissoïde, la conchoïde sont méchaniques. Acad. des Sc. 1704, Hist. p. 115.

Courbe logarithmique, terme de Géométrie. Curva logarithmitica. La courbe que l’on appelle logarith-