Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/496

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
488
CHA

☞ A la chaude, façon de parler adverbiale, qui signifie, sur l’heure, dans le premier mouvement. Les choses qui se font à la chaude sont excusables. Cette façon de parler n’est pas noble.

On dit proverbialement, tomber de fièvre en chaud mal ; pour dire, d’un petit malheur entrer en un plus grand. On dit qu’un homme ne trouve rien de trop froid ni de trop chaud, pour dire, qu’il n’est point dégoûté, que tout lui est bon, qu’il prend par-tout. On dit qu’un homme souffle le froid & le chaud, pour dire qu’il n’est d’aucun parti assuré, qu’il soutient le pour & le contre, qu’il dit du bien & du mal des mêmes gens. On dit aussi qu’il faut battre le fer tandis qu’il est chaud, pour dire, qu’il ne faut pas laisser échapper l’occasion. Et on dit ironiquement à ceux qu’on veut taxer de froideur : vous êtes un chaud lambin, un chaud lancier. On dit aussi, pour exagérer la chaleur d’une chambre, qu’il y fait chaud comme dans un four. On dit encore, si vous n’avez rien de plus chaud, vous n’avez que faire de souffler ; pour donner à entendre à quelqu’un, qu’il se flatte vainement de quelque espérance.

Chaud, vient du latin caldum. On disoit autrefois cald.

CHAUDE. s. f. Feu violent que donnent les ouvriers qui travaillent aux forges & aux verreries. Chez les Verriers, on le dit de la cuisson de la matière propre à faire le verre. On a fait tant de cens de verre d’une telle chaude, d’une telle quantité de matière cuite. Dans les forges, on appelle chaude grasse ou suante, le feu qu’on donne au fer, quand il est si violent qu’il commence à tomber par gouttes & à se fondre. Dans les Monnoies on dit, battre la chaude, lorsqu’on bat les lingots d’or sur l’enclume à coups de marteau, après qu’ils ont été tirés du moule, avant que de les donner aux ouvriers.

On dit, en termes d’Orfévre, donner une chaude à la besogne, pour dire, mettre le métal au feu à chaque fois qu’on veut le travailler sur l’enclume.

Ces termes s’expriment en latin par les adjectifs calidus, calens, fervens, que l’on joint aux différens substantifs auxquels le mot de chaude convient.

CHAUDEAU. s. m. Bouillon qu’on porte aux mariés le matin du lendemain de leurs nôces. Calens jusculum. Il est vieux. Il s’entend souvent de lait bouilli avec du sucre, des jaunes d’œufs & de la cannelle, qu’on donne aux femmes nouvellement accouchées.

CHAUDE-CHASSE. s. f. Poursuite d’un prisonnier. Ce mot est composé de deux autres, chasse, qui veut dire poursuite, & chaude, qui marque que la poursuite est vive.

CHAUDE-COLE. s. f. On trouve ce mot dans quelques anciennes Loix & Ordonnances ; il signifie chaude colère, & il est formé de ces deux mots par abréviation. On trouve dans les Auteurs latins des siècles du bas Empire, & dans ceux qui ont écrit encore depuis, calida colera, pour dire chaude-cole.

Chaude-Medée, synonyme à chaude-cole.

☞ CHAUDEMENT. Ce mot a différentes acceptions au propre & au figuré. Se bien vêtir, & se tenir chaudement quand on est enrhumé ; c’est-à-dire, de manière que la chaleur puisse se conserver. Au figuré il signifie avec ardeur, avec vivacité ou promptement. Ardenter, ferventer. Les procès criminels doivent se poursuivre chaudement. Cette résolution fut prise chaudement.

☞ Voltaire prétend que l’adverbe chaudement, dans ce sens, est proscrit du style noble.

CHAUDE-PISSE. s. f. Espèce de maladie qu’on appelle autrement gonorrhée. Le mot de chaude-pisse a quelque chose d’obscène. Ce mal est ainsi nommé à cause de l’ardeur que sentent en urinant ceux qui en sont attaqués. Voyez Gonorrhée.

CHAUDERET. s. m. Les Batteurs d’or nomment ainsi le troisième moule de ceux qui leur servent à éteindre l’or & l’argent, fin ou faux.

☞ CHAUDERON. Quelques-uns écrivent ainsi. Chaudron paroît plus usité. Voyez ce mot.

☞ CHAUDERONNÉE. Voyez Chaudronnée.

☞ CHAUDERONNERIE. Voyez Chaudronnerie.

☞ CHAUDERONNIER. Voyez Chaudronnier.

☞ CHAUDE-SUITE. Terme de Coutume, synonyme de chaude-chasse.

CHAUDIER. v. n. Terme de Chasse, qui se dit des levrettes ou lices qui entrent en chaleur. Æstu venereo percitus. On fait chaudier les lices en leur donnant des omelettes avec du poivre & de la muscade, &c.

CHAUDIÈRE. s. f. Grand vaisseau de cuivre ou de fer, sous lequel on met du feu pour faire cuire, bouillir, ou chauffer quelque chose. Cortina, ahenum, caldarium. Chaudière de Brasseur de bière, de Chapelier, de Teinturier, d’Affineur de surce, &c. Les Payens ont fait souffrir le martyre dans des chaudières d’huile bouillante. Chaudière de Saulnerie, faite de platines de fer battu. Gollut. Mém. de Bourges, Liv. II, c. 27.

Ce mot vient de caldarium, qui se trouve dans de bons Auteurs, & de caldaria, qui s’est dit dans la basse latinité, pour signifier ce que nous appelons chaudière.

La chaudière, en termes de Blason, est une marque de grande noblesse, sur-tout en Espagne & en Portugal, parce qu’elle n’étoit portée sur les écus que par de grands Seigneurs, qu’ils appeloient ricos hombres, ou de caldera y dependon : ce qui répondoit à nos Seigneurs Bannerets de France, parce qu’ils pouvoient non seulement lever des soldats, mais de plus, ils étoient obligés de les nourrir.

Chaudière, en termes de Marine, signifie cuisine, bonne-chère. Epulum. Les Mariniers qui ont pris à la ligne ou au harpon, de gros poissons, en font chaudière, c’est-à-dire, en font un festin entr’eux.

Il y a en Canada un grand lac, qui a de diamêtre environ douze lieues, que l’on appelle le lac de la Chaudière, à cause de sa forme ronde, & par allusion aux chaudières des sauvages. Il est vers l’occident, & se nomme aussi le lac des eaux salées ou de mer.

CHAUDRON. s. m. Ustensile de cuisine, fait de cuivre ou de fer de fonte, qui a une anse mobile, par laquelle on l’accroche à la cremaillière. Il sert à faire cuire, ou à faire chauffer quelque chose sur le feu. Lebes. Les Orfévres appellent aussi le chaudron d’une cassolette, la partie où l’on met les odeurs, & sous laquelle on met le feu. On dit aussi, pour blâmer le son d’une cloche, que ce n’est qu’un chaudron.

Ce mot vient du latin caldarium, de caldus, pour calidus.

Chaudron de pompe, en termes de Marine, est une pièce de plomb ou de cuivre, faite en façon de chaudron, & percée en divers endroits, laquelle embrasse le bas de la pompe, pour empêcher qu’aucune ordure n’entre dans la pompe. Operculum.

Chaudron, chez les Boyaudiers, espèce de baquets cerclés de fer, où ils mettent tremper les boyaux.

Chaudron, chez les Bottiers, c’est une genouillère aussi haute en dedans qu’en dehors, & qui par son égale profondeur ressemble assez à un chaudron.

Chaudron, est aussi une grande mesure dont on se sert en Angleterre, dans le commerce du charbon de terre : elle contient 36 boisseaux.

CHAUDRONNÉE. s. f. Si l’on veut donner la couleur de vin rouge à la génevrette, il faut mettre des bèteraves coupées en tranches infuser pendant un demi-jour dans une chaudronnée d’eau chaude, & puis jeter cette eau dans le tonneau de génevrette. Jour. Hist. Avril. 1710.

CHAUDRONNERIE. s. f. Marchandise de chau-

drons