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ÆM — ÆO

de cet Auteur, & qu’il est indigne de lui, aussi-bien que celui qui est intitulé, De fluminibus, qui sont tous deux de la même plume. 2o Les Ægipans n’avoient point un visage d’homme comme les Sylvains, mais un museau de chèvre : ils avoient même toute la partie supérieure du corps d’une chèvre : outre cela on les peignoit avec une queue de poisson. Ainsi le monstre qu’on voit par les médailles d’Auguste, & que nos Antiquaires appellent Capricorne, est la vraie figure d’un Ægipan ; & en effet Théon, sur Aratus, dit, que le Capricorne est la figure d’un Ægipan. Hyginus, & le Scholiaste de Germanicus disent la même chose. On voit aussi souvent des Ægipans dans les anciens monumens des Égyptiens.

☞ ÆGIUCHUS. Terme de Mythologie. Surnom de Jupiter, sous lequel les Romains l’honoroient quelquefois en mémoire de ce qu’il avoit été nourri par une chèvre.

ÆGLÉ. s. f. Une des Grâces.

ÆGLÉ. La plus belle des Naïades, dit Virgile.

ÆGOBOLE. s. m. Terme de Mythologie, Ægobolus. Surnom que les Potniens donnerent à Bacchus, parce qu’au lieu d’un jeune homme bien fait qu’ils immoloient à ce Dieu par le conseil d’Apollon, il leur déclara lui-même qu’il suffisoit dans la suite de lui sacrifier une chèvre, & qu’il n’en vouloit pas davantage. Ce mot vient de αἴξ, αἰγός, chèvre, & Βούλομαι, Je veux.

ÆGOCEROS. s. m. Capricornus. Capricorne. De αἴξ, αἰγός, chèvre, & ϰέρας, corne.

☞ ÆGOLETHRON. s. m. Plante décrite par Pline. Elle croît dans la Colchide. Les abeilles sucent la fleur : mais le miel qu’elles en tirent, rendent furieux ou ivres ceux qui en mangent. Voyez dans M. Tournefort les caractères de cette plante sous le nom de Chamærododendros pontica maxima, mespili folio, flore luteo.

ÆGOPHAGE. adj. s. Terme de Mythologie. Surnom de Junon, parce qu’on lui sacrifioit des chèvres. De αἴξ chèvre, & φάγω je mange.

ÆGYPTIAC. adj. m. Terme de Pharmacie. Pharmacum Ægyptiacum. C’est une espèce d’onguent détersif décrit par Mésué, ainsi nommé, à cause qu’il est d’une couleur obscure comme les Égyptiens. Il est composé de vert-de-gris, de vinaigre & de miel, & sert à consumer les chairs pourries.

ÆL.

ÆLAM. Voyez Élam.

ÆLATH. Voyez Aila.

ÆLIE, ou ÆLIA. Nom que l’Empereur Adrien, qui s’appeloit Ælius Hadrianus, donna à Jérusalem. Voyez Jérusalem.

ÆLIEN, ENNE. s. & ad. Arien. Ælianus, a, um. On a donné dans l’antiquité ce nom aux Ariens. Voyez Arien.

AËLLO. s. f. Une des trois Harpies, fille de Thaumas & d’Electra, selon Hésiode.

☞ ÆLURUS. Dieu des chats. Il est représenté dans les Antiques Egyptiennes tantôt en chat, tantôt en homme avec une tête de chat.

ÆM.

ÆM, AM, AME. s. m. Cette mesure pour les liquides, qui est en usage presque par toute l’Allemagne, n’est pourtant pas la même que celle d’Amsterdam, quoiqu’elle en porte presque le nom ; & elle n’est pas même semblable dans toutes les villes d’Allemagne. L’ame communément est de 20 vertels, ou 80 masses. A Heydelberg elle est de 12 vertels, & le vertel de 4 masses, ce qui réduit l’ame à 48 masses. Et dans le Wirtemberg l’ame est de 16 yunes, & l’yune de 10 masses ; ce qui fait monter l’ame à 160 masses. L’æm est de 4 ankers, l’anker de 2 stekans, ou de 32 mingles ou mingéles, & le mingle revient à deux pintes mesure de l’aris. L’æm revient à 250 ou 260 pintes de Paris.

AËMERE. adj. C’est un terme de Martyrologe, qui signifie, qui n’a point de jour certain. M. Châtelain, à la fin de son Martyrologe universel, a fait imprimer un catalogue des Saints aëmères, c’est-à-dire, des Saints dont on ne connoît point le nom. De l’α privatif, & ἡμέρα jour.

AEN.

AËN, ou AÏN. Ville ou Bourgade de la tribu de Juda, dans la Terre-Sainte. Aën. Elle fut donnée ensuite à la tribu de Siméon, & elle étoit dans la partie septentrionale de cette tribu, aux confins de celle de Dan. Elle devint aussi ville Lévitique. Voyez Jos. XV. 32. & I. Paral. IV. 32. Ce mot est hébreu, & signifie, Fontaine.

ÆNÉE. Voyez Énée.

AËNGANNIM. Voyez Engannim.

ÆO.

ÆOLE. s. m. Æolus. Nom propre d’homme. Il y a trois Æoles. L’un qui regna dans les îles qui ont porté son nom, & qui par la fumée de ces îles découvrit, dit-on, les vents qu’il devoit faire trois jours après. Voyez Pline, L. III. C. 9. & Solin, C. 12. Un autre qui regna en Étrurie ; & un troisième fils d’Hellen. Quelques-uns attribuent à ce dernier l’invention de la Carte des vents. Quoiqu’il en soit, c’est de cette invention que les Poëtes ont pris occasion de faire un Æole Roi des vents, ou du moins modérateur & distributeur des vents. Ovide le fait fils d’Hippotas ; d’autres lui ont donné Jupiter pour pere. Les uns disent que Ménécla, & d’autres, que Lygia fut sa mere. Il résidoit, selon la Fable, dans les îles Vulcaniennes, qui furent appelées de son nom Æoliennes. Le Géographe Denys a dit qu’il fut grand hospitalier. Au lieu de ce que nous avons rapporté de ses prédictions sur les vents, Isacius & Palæphatus disent qu’il étoit grand Astronome ; & Strabon, que par le flux & reflux, il prévoyoit les tempêtes & les vents qu’il devoit faire. Bochart, L. I. C. 33. croit que cette fable est venue de la Langue phénicienne, où עעול, Aol, signifie, tempête ; d’où s’est fait en Grec ἄελλα.

ÆOLIE, ou ÆOLIDE. Æolis, Æolia. Pays de l’Asie mineure, entre la Troade au septentrion, & l’Ionie au midi, & située sur la mer Ægée. Il s’appela d’abord Mysie ; mais les Æoliens étant venus l’habiter, ils lui donnèrent leur nom.


ÆOLIEN, ENNE. Æolius, & au plur. ÆOLIENS. Æoles. Peuples de Grèce ainsi appelés d’Æole fils d’Hellen. Ils quitterent la Grèce leur patrie, passerent dans l’Asie mineure, s’emparerent de la Mysie, & fonderent peu à peu une des trois grandes colonies des Grecs en Asie. Les jeunes gentilshommes servoient chez les Æoliens aux sacrifices publics.

Æolien, enne, est aussi adj. Le dialecte Æolien se rapporte au Dorien. Port-R. La musique Æolienne étoit douce, appaisoit les passions, & endormoit agréablement. T. Cor. Les îles Æoliennes étoient plusieurs îles dans la mer de Toscane, entre l’Italie & la Sicile, plus près toutefois de la Sicile.

Les îles Æoliennes sont sept petites îles, entre l’Italie & la Sicile, Lipara, Hiera, Strongyle, Didyme, Ericusa, Phœnicusa, & Eronymos. Voyez Æole.

ÆOLIPILE. Voyez Eolipile.

ÆOLIQUE. adj. m. & f. Æolicus. Qui appartient aux Æoliens. Le dialecte Æolique est un des cinq dialectes de la langue Grecque ; c’étoit la manière de parler propre des Æoliens. Dialectus Æolica. C’est du dialecte Æolique que la langue latine s’est formée. Je trouve cependant qu’on dit communément Æolien plutôt qu’Æolique, si ce n’est dans les Colléges.

ÆON. s. m. Ce mot qui est Grec, αἰών, siècle, signifie, la durée d’une chose, éternité ; mais les hérétiques des premiers siècles y ont attaché une autre idée. Abusant de la philosophie de Platon, ils donnoient de la réalité aux idées que ce Philosophe avoit admises en Dieu ; bien plus, ils les personnifioient, & feignoient que c’étoient des êtres distincts de Dieu, & qu’il avoit produits les uns mâles & les autres femelles ; c’est-là ce qu’ils appeloient Æons, de l’assemblage desquels ils composoient la Divinité toute entière, qu’ils appeloient πλήρωμα, nom Grec, qui signifie Complément, comme si c’eût été là le complément de la Divinité. Au