Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ARIEN

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 498-499).
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ARIEN, ENNE. s. m. & f. Arianus. Nom de secte. Hérétique infecté de l’Arianisme, qui suit les erreurs d’Arius. C’est de-là que ce nom vient. L’Empereur Constance, qui succéda à Constantin en 337, se déclara pour les Ariens. L’impératrice Justine étoit Arienne. Les Ariens se diviserent en plusieurs sectes, qui se condamnerent mutuellement. Voyez S. Epiphane, hér. 68 & 69. S. Aug. hér. 49. Sozoméne, Théodoret, Eusèbe, Socrate, Ruffin, M. Godeau. Maimbourg a fait une Histoire de l’Arianisme. Les Ariens ont été nommés Anomiens, Exucontiens, Eusèbiens, Photiniens, Eudoxiens, Acaciens, Eunomiens, Macédoniens, Æliens, Psatyriens, & Duliens. Godeau. Arius trouve des sectateurs en grand nombre, mais comme ils n’ont plus d’autorité légitime qui les réunisse, ils se divisent en une infinité de diverses branches d’Ariens, ou semi-Ariens, connus dans la suite tantôt sous un nom, tantôt sous un autre ; Eunomiens, Photiniens, Acaciens, &c. selon que quelqu’un éclate dans ces mauvais partis. Tous combattent l’Eglise, mais se combattent aussi les uns les autres… Et qui ne voit là, comme dans un miroir, les branches infinies de Sacramentaires, de Luthériens, de Zuingliens, de Calvinistes, d’accord contre l’Eglise, peu d’accord entre elles, & qu’on n’a jamais pu réunir ? Tous ces divers partis d’Ariens, ou comme Ariens, &c. Pelis.

Arien, enne. Arianus est aussi adjectif. Le parti Arien, une secte, une doctrine, une proposition Arienne. On a accusé les Auteurs de la version de Mons, d’avoir traduit le premier verset de l’Evangile de S. Jean d’une manière Arienne, en mettant, Et le verbe étoit avec Dieu, au lieu de dire, Et le l’herbe étoit en Dieu. Le concile de Rimini en pleine liberté de suffrages, rejette la nouvelle formule, & ne compte de toutes les sectes Ariennes mal réunies ensemble, qu’environ 50 Evêques sur 300. Péliss.

Plusieurs écrivent ce nom par deux rr, comme M. Pélisson entre autres ; ils se trompent. On n’a qu’à voir le concile de Nicée, saint Athanase, saint Grégoire de Nazianze, Photius, Socrate, Théodoret & les autres Grecs qui ont parlé d’Arius & des Ariens ; tous écrivent Ἀρεῖος, Ἀριανὸς. Il est vrai que quelques traducteurs des Auteurs Grecs écrivent en latin Arrius & Arrianus ; mais il est clair que c’est une faute, L’étymologie de ce nom demande qu’on l’écrive avec un seul r : car Arius vient d’Ἀρεῖος, & Ἀρεῖος, d’Ἄρης, qui assûrement l’un & l’autre ne sont jamais écrits par deux ρρ & nous sommes bien sûrs qu’on n’en apportera jamais d’autre étymologie, qui soit vraie : Et si quelques anciens Peres ou Auteurs latins ont écrit Arrius & Arrianus, il y a bien de l’apparence que c’est une faute de copiste ; si-non, ils se sont trompés. L’Auteur grec qui a écrit l’Histoire d’Alexandre, s’appelle Arrien sans doute : mais c’est Ἀῤῥίανὸς, & non pas Ἀρίανὸς. Ἀρίανὸς & Ἀῤῥίανὸς sont deux mots fort différens.

Arien, Arianus, ou Arienus, nom de peuple qui habitoit en Asie, selon Denys le Géographe. Ceux que Tacite appelle Arii, étoient de la Germanie ou Allemagne.