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ADU

se : c’est une faute. Il faut nécessairement écrire & prononcer le d, comme dans adversaire, adversité, parce qu’il vient d’adversus, & non pas d’aversus. Voilà les deux parties adverses. On dit aussi, l’adverse fortune ; pour dire, la mauvaise fortune. Il ne s’emploie que dans ces deux phrases.

On le dit par application d’une personne qui n’en aime pas une autre, qui la déchire, ou la contredit par-tout : il ne faut pas prendre garde à ce qu’il dit d’un tel, c’est sa partie adverse.

ADVERSITÉ. s. f. Etat fâcheux où l’on se trouve par la perte de sa santé, de l’honneur, ou des biens ; état d’une fortune malheureuse. Adversæres. Job souffrit constamment son adversité. Dieu éprouve les Elûs par l’adversité. La vertu se recueille & se réunit dans l’adversité, au lieu qu’elle se dissipe dans le bonheur. Flech. Il est plus aisé de résister aux chagrins de l’adversité, qu’aux charmes de la prospérité. S. Evr. Un ami soulage le poids de l’adversité, parce qu’il en prend la moitié sur lui-même. L’homme ne sauroit tenir ni contre la prospérité, ni contre l’adversité. Flech.

ADVERSITÉ, se dit aussi d’un accident, d’un coup de fortune, dont la suite jette dans un état malheureux. Il lui est arrivé une étrange adversité. En ce sens il se dit plus ordinairement au pluriel. Il a soutenu de grandes adversités. Acad. Fr. Les plus courageux succombent souvent sous les adversités extrêmes. S. Evr.

☞ On voit assez qu’adversité & malheur ne sont point termes absolument synonymes. Malheur ne présente l’idée que d’un accident ou plusieurs accidens passagers. Adversité dit plus, & fait naître l’idée d’une fortune constamment malheureuse. C’est l’opposé de prospérité.

Ces mots viennent de la préposition Adversus.

ADVERTANCE. s. f. Vieux mot. Avertissement.

ADVERTIN. Vieux mot, qui veut dire, fantaisie, boutade. Impetus, lubido, arbitrium.

ADVERTIR. Voyez Avertir.

ADVERTISSEMENT. Voyez Avertissement.

ADVERTISSEUR. Voyez Avertisseur.

ADVEST. s.m. Vieux mot qui signifie investiture, possession. Ce mot se trouve dans la Chronique de Flandre. On a dit aussi, advesture.

ADVEU. Voyez Aveu.

ADVIS. s. m. Sentiment, opinion.

Advis me fut que vers moi tout seul vint. Marot.

C’est-à-dire, ma pensée, mon sentiment fut. On écrit & l’on prononce aujourd’hui Avis Voyez Avis.

ADVISER. Voyez Aviser.

ADVISEMENT. s. m. Ce mot se disoit autrefois pour advis, & dans le même sens.

Je suis de cet advisement
Que foi leur soit gardée.

ADVISION. s. f. Vieux mot. Avis, avertissement. Monitio, monitus. Saint Louis eut trois advisions en son dormant, & à trois divers jours, pour assembler ses Barons & Chevaliers de son Royaume, & aller conquérir le Saint Sépulcre de N. S. Jésus-Christ. Anonyme. Vie de Saint Louis.

ADULA. Nom d’une contrée des Alpes. Adula. Elle est entre les Grisons, les Suisses & les Valésans. Elle comprend le Crispal & le Vogelsberg, où sont les sources du Rhin & du Russi. Elle renferme le mont Saint-Godar, & celui de la Fourche, où naissent le Rhône, le Maggia & le Tessin. Elle contient aussi le mont Adula, qui lui donne son nom, & d’où sort la source méridionale du Rhin. Toutes ces sources montrent que c’est un pays très-élevé, & peut-être le plus élevé de l’Europe.

ADULATEUR, TRICE. s. m. & f. Celui ou celle qui fait métier de flatter, qui par bassesse ou par intérêt donne des louanges excessives à celui qui ne les mérite pas. Adulator, assentator. C’est un lâche adulateur, un perpétuel adulateur. Combien la fortune a-t-elle d’adulateurs ? P. Gail.

On peut se servir de ce mot sur-tout dans la poësie à l’exemple de Boileau, qui a dit,

Du tyran soupçonneux, pâles adulateurs :


& de Rousseau, dont voici un passage :

Ses dons versés avec justice,
Du pâle calomniateur,
Ni du servile adulateur
Ne nourriront point l’avarice. Rouss.

On peut se servir encore de ce mot dans le style oratoire. Adulateur a quelque chose de plus beau & de plus grand que flatteur. Il faut cependant en user sobrement, & ne le point prodiguer. Dans le discours ordinaire on ne s’en sert point ; on dit, flatteur. Pour représenter le mal que fait un adulateur, on a peint un singe, qui étouffe ses petits à force de les embrasser, & de les flatter ; avec ce mot pour ame de la devise, Complectendo necat. Ou une abeille avec ce mot Italien, Se porta suo il mel, la punge ancora. On a donné à l’adulateur même pour devise une petite barbe, avec ce mot Italien, ad ogni vento, pour signifier qu’il change avec la fortune : ou bien une alouette, sub pluvio silet. Elle ne dit mot quand le temps est mauvais. C’est une grande adulatrice.

ADULATIF. adj. m. Flatteur. Ce terme vieillit. Nous avons ici un bénéficier natif d’Angers, nommé M. Ménage, qui est un homme d’esprit & de grande érudition : il a fait des vers fort adulatifs au Cardinal Mazarin, dans lesquels Messieurs du Parlement prétendent être offensés. Il y a du bruit contre lui. J’ai regret qu’il ait fait ce pas de clerc, faute de jugement ; car il est honnête homme & de mérite. Gui Patin. Cette affaire est expliquée au long dans les Mémoires pour servir à la vie de M. Ménage, au-devant du Menagiana. La pierre de scandale étoit ce vers d’une Elégie latine adressée au Cardinal Mazarin :

Et, puto, tam viles despicis ipse togas.

ADULATION. s. f. Ce mot, qui vient du latin adulatio, est nouveau, & signifie flatterie basse. Adulatio, assentatio. Le foible des Grands est d’aimer à être trompés, & à écouter avec plaisir l’adulation & le mensonge, dont on nourrit leur amour-propre. Bourd. Les femmes doivent plus à nos adulations, qu’à leur mérite. S. Evr. Je crois qu’il faut en user peu dans la conversation, & dans le discours ordinaire aussi-bien que d’adulateur ; à moins que ce ne soit en badinant, & en affectant un discours relevé.

ADULTE. adj. m. & f. Qui est parvenu à l’adolescence, à l’âge de raison. Adultus.

Ce mot est aussi très-souvent substantif. Il est masculin quand on parle d’un garçon, & féminin quand on parle d’une fille. Le Baptême des Adultes. Dans les premiers temps on ne baptisoit les Adultes que la veille de Pâques ou de la Pentecôte. Il n’est guère d’usage que dans cette phrase.

On le dit aussi en Anatomie. Il y a plusieurs parties dans le corps des enfans, qui sont différentes de celles des adultes:comme la fontaine de la tête, les apophyses des os, &c. Adulte se dit non-seulement de l’homme, mais aussi des animaux ; il signifie, ceux dont le corps & les membres ont acquis leur perfection & leur maturité, leur achévement. Si l’on veut savoir ce que c’est que ce gros canal charnu, ce n’est plus dans les jeunes oiseaux qu’il le faut examiner, c’est dans les adultes. Acad. des Scienc. 1699. Hist pag. 44. On voit donc dans les oiseaux adultes, que ce canal est composé de plusieurs petits godets placés les uns au-dessus des autres, &c. Ib. p. 45. Ce mot vient d’adolescere, croître.

ADULTÉRATION. s. f. Terme de Droit. Action de gâter, de dépraver quelque chose qui est pur, en y mêlant d’autres choses qui ne le sont pas. On dit mieux altération. Voyez ce mot.

Adultération, en Pharmacie, est l’action de falsifier un Médicament, en y ajoutant quelque chose qui en diminue la valeur & la qualité, ou en le mêlant avec quelque autre qui n’est pas aussi chère.

ADULTÈRE. s. m. Péché qui se commet par des person-