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moyens, de sorte qu’ils ne concourront ni trop faiblement, ni avec âpreté de lignes ou de couleurs ; ainsi l’on peut parler de l’amitié et de l’inimitié des couleurs, et de leurs limites.

De l’action.

Il y a deux instruments qui maîtrisent les âmes des auditeurs : l’action et la diction. La première, en elle-même, est si entraînante et si efficace que Démosthène lui donnait la primauté sur les artifices de la rhétorique, Marcus Tullius l’appelle le langage[1] du corps, et Quintilien lui attribue tant de vigueur et de force que sans elle, il tient pour inutiles les pensées, les preuves, les expressions ; et sans elle, les lignes et la couleur sont inutiles.

De quelques formes de la manière magnifique.
De la Matière,
de la Pensée, de la Structure et du Style.

La manière magnifique consiste en quatre choses : dans la matière, dans la pensée, dans la structure et dans le style. La première chose, requise comme fondement de toutes les autres, c’est que la matière et le sujet soient grands, comme seraient les batailles, les actions héroïques[2], et les choses divines. Mais la matière sur laquelle le Peintre fait effort étant grande, son premier soin doit être de s’éloigner de tout son pouvoir des minuties, pour ne pas contrevenir au

  1. Voir le commentaire de la Manne, p. 5.
  2. Camille chef les Falisques est un sujet « héroïque », p. 4 ; quant à la Conversion de saint Paul, « le subiec est trèsbeau », p. 402.