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AVANT-PROPOS.

cuse. Elle fait comprendre tout ce qu’avait d’émouvant ce dernier baiser à l’aigle, dans la grande cour de Fontainebleau379. Le second départ, à Laon, est loin d’avoir un tel caractère407.

Ceux qui tiennent pour dangereuse la légende napoléonienne trouveront peut-être que j’y suis revenu avec trop de complaisance. Mais en histoire comme en autre chose, j’estime qu’on gagne à ne rien oublier, surtout quand il s’agit d’un tel capitaine. Appliquons-nous plutôt à le bien connaître, à voir comment il a pu surexciter tous les éléments guerriers de la nation. On peut en tirer un double enseignement : l’un professionnel, bon à méditer pour les patriotes que préoccupe le relèvement de notre esprit militaire ; l’autre, non moins utile, montre les dangers du culte d’un seul homme substitué au culte de la patrie. C’est pourquoi on ne saurait proscrire ni le nom de Napoléon, ni celui de Bonaparte. La leçon qui se dégage de ses revers serait perdue si on oubliait sa gloire qui est aussi la nôtre. Plus grand fut le succès, plus dure reste la chute qui nous laisse, au bout de soixante-dix ans, doublement mutilés.