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le suivre, le comte Monthyon fut le trouver et lui parla de moi : « Je ne puis pas le prendre ; il ne fait pas partie de ma garde. Si ma signature pouvait lui servir, je le nommerais chef de bataillon, mais il est trop tard. » Il lui fut accordé six cents hommes pour sa garde ; il fit prendre les armes et demanda des hommes de bonne volonté ; tous sortirent des rangs et il fut forcé de les faire rentrer : « Je vais les choisir. Que personne ne bouge ! » Et passant devant le rang, il désignait lui-même : « Sors, toi ! » et ainsi de suite. Cela fut long. Puis il dit : « Voyez si j’ai mon compte. — Il vous en faut encore vingt, dit le général Drouot. — Je vais les faire sortir. »

Son contingent fini, il choisit les sous-officiers, les officiers, et il rentra dans son palais, disant au général Drouot : « Tu conduiras ma garde à Louis XVIII à Paris après mon départ. »

Lorsque tous les préparatifs furent terminés et ses équipages prêts, il donna l’ordre pour la dernière fois de prendre les armes. Tous ces vieux guerriers arrivés dans cette grande cour naguère si brillante, il descendit du perron, accompagné de tout son état-major, et se présenta devant ses vieux grognards : « Que l’on m’apporte mon aigle ! » Et le prenant dans ses bras, il lui donna le baiser d’adieu. Que ce fut touchant ! On n’entendait qu’un gémissement dans tous les rangs ; je puis dire que je versai des larmes de voir