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arrive un de ses grands officiers qui donne ordre au colonel Boissy de prendre le commandement de la place et de réunir tous les traînards ; la garde nationale arrivait de toutes parts. Enfin, l’Empereur se présente dans une grande cour où nous étions dans l’anxiété ; il demande un verre de vin ; on le lui donne sur un grand plat ; il le boit, puis nous salue, et part. On ne devait plus jamais le revoir.

Nous restâmes dans cette cour sans nous parler ; nous remontâmes cette montagne très rapide dans le plus profond silence, anéantis par la faim et la fatigue ; nos pauvres chevaux eurent du mal à la monter, ayant couru 24 heures. Hommes et chevaux tombaient de besoin, sans savoir que devenir. Personne ne tenant compte de nous, nous étions bien malheureux. On réunit un peu de braves soldats qui n’avaient pas quitté leurs armes, car la plus grande partie les avaient abandonnées pour se sauver, ne suivant pas les routes et fuyant à travers les plaines. Le quartier général réuni, le comte Monthyon à sa tête, nous partîmes pour Avesnes l’oreille basse ; nous arrivâmes à marches forcées à la forêt de Villers-Cotterets. À la sortie de cette grande forêt, nous logeâmes la nuit chez un médecin. Le comte Monthyon me dit : « Mon brave, il ne faut pas desseller vos chevaux, car l’ennemi pourrait venir nous surprendre pendant la nuit ; je suis sûr qu’ils sont à notre poursuite ;