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du don qu’il leur communique. Mais après quarante jours ils reçurent la puissance de faire des miracles. Voilà pourquoi Jésus-Christ dit : « Vous recevrez la vertu du Saint-Esprit qui descendra sur vous, et vous me rendrez témoignage dans Jérusalem et dans la Judée (Act. 1,8) ». Ce témoignage, ils l’ont rendu par les miracles, car la grâce du Saint-Esprit est ineffable, et ses dons sont de plusieurs sortes. La sagesse de Dieu en a ainsi disposé pour vous apprendre que les dons du Père, du Fils et du Saint-Esprit, sont un seul et même don, et leur puissance une seule et même puissance. Les choses qui paraissent être propres au Père, et lui appartenir uniquement, appartiennent également au Fils et au Saint-Esprit. (Jn. 6,44) Comment donc personne ne vient au Fils si le Père ne l’attire ? Mais cette puissance se montre aussi dans le Fils, car il dit : « Je suis la voie. Personne ne vient au Père que par moi ». (Id. 14,6) Observez qu’il en est de même pour le Saint-Esprit. L’apôtre dit : « Nul ne peut confesser que Jésus est le Seigneur, sinon par le Saint-Esprit ». Et encore, le don que Dieu a fait à l’Église de ses apôtres, l’Écriture l’attribue tantôt au Père, tantôt au Fils, tantôt au Saint-Esprit ; nous voyons aussi dans ces livres saints qu’il y a diversité de dons spirituels du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

4. Faisons donc tous nos efforts, et n’omettons rien pour avoir avec nous le Saint-Esprit et honorons infiniment ceux qu’il a chargés de son opération, car la dignité des prêtres est grande. « Les péchés seront remis », dit Jésus-Christ, « à ceux à qui vous les remettrez » ; c’est pourquoi saint Paul disait : « Obéissez et soyez soumis à vos pasteurs, et portez-leur un très grand honneur et un très-grand respect ». (Heb. 13,17) Vous n’avez soin que de vous-mêmes, et si vous vous conduisez bien, vous n’avez point à rendre compte pour les autres. Mais un prêtre, mais un pasteur, s’il se contente de bien vivre lui-même, s’il n’a pas en même temps un grand soin de vous et de tous ceux qui lui sont confiés, il ira en enfer avec les méchants ; souvent il périt, non pour ses propres fautes et ses propres péchés, mais pour ceux d’autrui, s’il n’a fait tout ce qui était en son pouvoir pour les corriger. Voyant donc à quels périls sont exposés vos pasteurs, ayez pour eux une affection tendre et respectueuse ; saint Paul vous fait connaître ce que vous leur devez, en disant : « Ils veillent pour le bien de vos âmes », et ils ne veillent pas simplement, mais « comme en devant rendre compte », c’est pourquoi on doit beaucoup les honorer et les respecter.

Que si vous vous joignez à ceux qui les insultent et les outragent, c’est à vous-même que vous ferez tort en même temps. Tant que le pilote est tranquille et dans la joie, les matelots et tout l’équipage sont en sûreté, mais si, par leurs injures et leurs mauvais traitements, ils lui rendent la vie dure et misérable, s’ils l’empêchent de veiller et d’exercer son art, il ira même malgré lui les jeter sur des écueils ; ainsi vos pasteurs, si vous leur rendez l’honneur que vous leur devez, pourront, en veillant sur eux-mêmes, veiller aussi à votre garde et à votre salut ; mais si vous les accablez d’ennuis, si vous les empêchez d’agir, vous vous exposerez à périr avec eux dans les flots, encore qu’ils soient actifs et vigilants.

Écoutez ce que Jésus-Christ dit aux Juifs, et donnez-y toute votre attention. « Les scribes et les pharisiens sont assis sur la chaire de Moïse, faites donc tout ce qu’ils vous disent de faire ». (Mat. 23,2-3) Maintenant il ne faut point dire : Les prêtres sont assis dans la chaire de Moïse ; nous devons dire : ils sont assis dans la chaire de Jésus-Christ, car ils ont reçu sa doctrine. C’est pourquoi saint Paul dit : « Nous remplissons donc la charge d’ambassadeurs pour Jésus-Christ, et c’est Jésus-Christ même qui vous exhorte par notre bouche ». (2Co. 5,20) Ne voyez-vous pas que tous sont soumis aux puissances séculières et aux magistrats, et souvent ceux mêmes qui les surpassent en naissance, en probité et en prudence ? La soumission qu’on a pour le prince qui les a établis et leur a confié son autorité, fait que l’on ne pense point à toutes ces choses, et que l’on ne considère que sa volonté, quel que soit celui qu’il a élevé à la magistrature. Nous qui avons une si grande crainte de celui qu’un homme a établi en autorité, quand c’est Dieu qui établit, quand c’est lui qui commande, nous ne craignons pas de mépriser, d’insulter, de couvrir de mille opprobres celui qu’il a choisi ; nous à qui il est défendu de juger nos frères, nous aiguisons nos langues contre les prêtres. Et de quel pardon serons-nous dignes, nous qui, ne voyant pas une poutre dans notre œil, cherchons durement