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et par là il termine son discours, le finissant par où il l’avait commencé.
Il l’avait commencé par ces paroles : « Je vous fais un commandement nouveau » (Jn. 13,34), il le continue par celles-ci « Afin qu’ils soient un tous ensemble, comme vous, mon Père, vous êtes en moi et moi en vous, qu’ils soient de même un en nous (21) ». Observez encore que le mot « comme » ne marque pas ici une exacte égalité, car ils ne pouvaient pas être un de même, mais autant qu’il est possible aux hommes, comme lorsqu’il dit : « Soyez pleins de miséricorde, comme votre Père ». (Lc. 6,36) Que veut dire cela : « en nous ? » Dans la foi en nous. Comme rien ne trouble tant les hommes que la désunion, Jésus-Christ fait en sorte qu’ils soient un. Quoi donc ? le Sauveur ne l’a-t-il pas fait ? Oui, sûrement, il l’a fait. Tous ceux qui ont cru par la parole des apôtres sont un, quoique quelques-uns d’entre eux se soient séparés. Et Jésus-Christ ne l’a point ignoré, il l’a prédit et il a déclaré que cela viendrait de leur lâcheté.
« Afin que le monde croie que vous m’avez a envoyé ». Le Seigneur l’avait dit au commencement de son discours : « C’est en cela que tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres ». (Jn. 13,35) Et comment était-ce par là que les hommes devaient croire ? Parce que, dit-il, vous êtes le Dieu de paix. S’ils gardent donc la doctrine qu’ils ont apprise, par les disciples les auditeurs connaîtront le Maître. Mais au contraire, s’ils sont désunis, les hommes ne les diront pas les disciples du Dieu de paix. Si je ne suis pas pacifique, les hommes ne reconnaîtront pas que vous m’avez envoyé. Ne voyez-vous pas, mes frères, que, jusqu’à la fin, le divin Sauveur déclare et montre son union avec son Père ?
« Et je leur ai donné la gloire que vous m’avez donnée (22) ». C’est-à-dire, par le don des miracles, par ma doctrine et par l’union que j’ai mise entre eux. Car la gloire consiste à être un, et cette gloire est plus grande et plus excellente que celle des miracles. Comme nous admirons Dieu de ce que dans cette divine nature, il n’y a nulle désunion, nulle dissension ; comme c’est là la plus grande gloire : de même il faut, dit-il, que mes disciples se rendent illustres par cette sorte de gloire. Et pourquoi, direz-vous, Jésus-Christ prie-t-il son Père de leur donner cette gloire, puisqu’il prétend la, leur donner lui-même ? Qu’il parle des miracles, de l’union ou de la paix, on voit que c’est lui qui leur donne ces choses. Tout cela vous prouve évidemment qu’il n’a fait cette prière à son Père : « Afin que je sois en eux comme vous êtes en moi (21) », que pour consoler ses disciples. Comment leur a-t-il donné la gloire ? En venant en eux, et ayant son Père avec lui, pour les unir ensemble. Mais ailleurs il ne parle pas de la même manière ; il ne dit pas que le Père soit venu par lui ; il dit qu’il est venu lui-même avec le Père, et qu’il demeure avec le Père : par où il réfute d’une part l’hérésie de Sabellius, et de l’autre celle d’Arius[1].
« Afin qu’ils soient consommés en l’unité, afin que le monde connaisse que vous m’avez envoyé (23) ». Le Sauveur répète souvent ces paroles pour montrer que la paix et l’union attirent plus les hommes que les miracles mêmes. Comme les contestations désunissent, ainsi la concorde et la paix lient les cœurs et les unissent. « Et je les ai aimés comme vous m’avez aimé ». Avec le mot : « comme », il faut sous-entendre encore ici autant que les hommes peuvent être aimés : or, que Jésus-Christ se soit livré lui-même pour eux, c’est là le témoignage et la marque assurée de son amour. Le Sauveur ayant donc déclaré à ses disciples qu’ils seraient en sûreté, que rien ne pourrait ni les abattre ni les renverser, qu’ils seraient saints, que beaucoup croiraient par eux, et encore qu’ils jouiraient d’une grande gloire ; qu’il ne les avait pas aimés lui seulement, mais que son Père les aimait aussi ; le Sauveur, dis-je, leur déclare enfin maintenant ce qui leur doit arriver après leur sortie de ce monde, après cette vie ; il leur parle des couronnes et des récompenses qui leur sont réservées, et il dit :
« Mon Père, je désire que là où je suis, ceux que vous m’avez donnés y soient aussi avec, moi (24) ». C’est donc là ce que les disciples demandaient continuellement, en disant : Où allez-vous ? Mais, Seigneur, que dites-vous ? Ce royaume que vous promettez, vous ne l’avez

  1. Jésus-Christ réfute l’hérésie de Sabellius, en disant qu’il est Venu avec le Père, par où il montre qu’il a son hypostase, qu’il est une personne distincte du l’ère ; ce que Sabellius confondait, soutenant que le Père, et le Fils, et le Saint-Esprit, n’était que la même personne sous ces différentes dénominations : et ne reconnaissant en Dieu qu’une seule personne, il réfute Arius, en disant qu’il demeure avec son Père : ce qui marque l’égalité des personnes, et la consubstantialité que cet hérésiarque combattait, etc.