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il marque la distinction et la différence de son « hypostase », ou de sa personne, et lorsqu’il dit « paraclet », il montre que la substance est la même.

Pourquoi le Sauveur dit-il : « Je prierai mon Père ? » C’est parce que, s’il avait dit : Je l’enverrai, ils ne l’auraient pas si bien cru. Maintenant, il veut seulement qu’on croie au Saint-Esprit ; et c’est à quoi il s’attache dans la suite, il déclare que c’est lui qui l’envoie : « Recevez », dit-il, « le Saint-Esprit ». Mais il dit ici qu’il priera son Père de l’envoyer, afin que sa parole leur parût plus digne de foi, et qu’ils la crussent plus fermement. Jean-Baptiste dit de lui : « Nous avons tous reçu de sa plénitude ». (Jn. 1, 16) Or, ce qu’il avait en soi, comment l’aurait-il reçu d’un autre ? Et encore : « C’est lui qui vous baptisera dans le Saint-Esprit et dans le feu » : (Mt. 3, 11) Mais Jésus-Christ, qu’aurait-il eu de plus que les apôtres, s’il avait dû prier son Père pour leur donner le Saint-Esprit, eux qu’on a souvent vu le donner sans prier auparavant ? Comment le Saint-Esprit se répand-il de lui-même, si c’est par l’effet d’une prière que le Père l’envoie ? Comment est-il envoyé par un autre, cet Esprit-Saint, qui est présent partout, qui distribue à chacun ses dons, selon qu’il lui plaît (1Cor. 12,11) ; qui dit avec autorité : « Séparez-moi Paul et Barnabé ? » (Act. 13,11) Mais ces ministres, Paul et Barnabé, étaient actuellement appliqués au service de Dieu, et néanmoins, le Saint-Esprit les a appelés pour les faire travailler à son œuvre ; véritablement, ce n’était pas pour les tirer de leur fonction et les appliquer à une œuvre différente, mais c’était pour montrer sa puissance et son autorité.

Que signifie donc, direz-vous, cette parole « Je prierai mon Père ? » Que le temps de l’avènement du Saint-Esprit était arrivé. Jésus-Christ ayant purifié ses disciples par le sacrifice de la croix, le Saint-Esprit est incontinent descendu sur eux. Pourquoi ne descendit-il pas lorsque Jésus était avec eux ? Parce que le sacrifice n’avait pas encore été offert. Mais maintenant que le péché est effacé, et que les disciples, se préparant à combattre, allaient être exposés à de grands périls, il a fallu leur envoyer le Saint-Esprit pour les encourager et les animer aux combats. Et pourquoi n’est-il pas descendu aussitôt après la résurrection ? C’est afin que, par le retard même, les disciples en ayant un plus grand désir, le reçussent avec plus de fruit et avec une plus grande abondance de grâces. Tant que Jésus-Christ a demeuré avec eux, ils n’ont point ressenti de peines ni d’afflictions ; mais si tôt qu’il s’est retiré, cette séparation les jetant dans une grande crainte et dans l’effroi, a allumé leur amour et excité en eux un violent désir de recevoir l’Esprit consolateur.

« Il demeure avec vous » ; c’est-à-dire, il ne se retire même pas après la mort. Mais, de peur que les disciples, entendant parler d’un consolateur, ne pensent à une nouvelle incarnation, et ne se flattent de le voir avec les yeux de la chair, le Sauveur les détourne de cette grossière pensée, en disant : « Que le monde ne peut recevoir, parce qu’il ne le voit point ». Le Saint-Esprit ne demeurera point avec vous comme moi, mais il habitera dans vos âmes ; c’est là ce que signifie ce mot : « Il sera en vous ». Jésus-Christ l’appelle l’Esprit de vérité, et par ces figures il marque, il découvre les figures de l’ancienne loi. « Afin qu’il soit avec vous » ; que veut dire cela : « Avec vous ? » Ce qu’il dit lui-même : « Je suis avec vous ». Et il insinue encore ceci il n’aura pas à souffrir ce que j’ai souffert, et il ne se séparera point de vous. « Que le monde ne peut recevoir, parce qu’il ne le voit point ». Quoi donc ? Est-ce que le Saint-Esprit était du nombre des choses visibles ? Nullement : mais ici Jésus-Christ, par le mot de vision, entend la connaissance, car il ajoute : « Et qu’il ne le connaît point ». Et il l’ajoute, parce qu’il a coutume d’appeler vision l’exacte connaissance. Comme, de tous les sens, l’œil est celui qui fait le mieux connaître les choses, c’est aussi par ce sens que Jésus-Christ marque l’exacte connaissance. Au reste, le Sauveur appelle ici le monde les méchants, et il console ses disciples, en leur faisant connaître qu’il leur apporte un don excellent.

Voyez, mes frères ; combien il relève la grandeur et l’excellence de ce don. Il dit : « C’est un autre » ; il ajoute : « Il ne vous laissera point » ; il dit : « Il sera avec vous, de même que moi » ; il dit encore : « Il demeure avec vous ». Mais par toutes ces promesses il n’a point chassé leur tristesse, ils le voulaient lui-même, et ils demandaient encore qu’il demeurât avec eux. Pour les consoler donc pleinement, il leur dit : « Je ne