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cette véritable gloire » (Mt. 16,22), ne craignit pas de reprendre son Maître. Car, vaincre la mort par la mort même, c’est une grande gloire, et c’est là ce que dit Jésus-Christ de lui-même : « Quand j’aurai été élevé, alors vous connaîtrez qui je suis » (Jn. 8,28) ; et encore : « Détruisez ce temple » (Id. 12,33) ; et derechef : « Il ne leur sera point donné d’autre signe que celui de Jonas ». (Lc. 11,29) Après sa mort, pouvoir faire de plus grandes choses qu’avant sa mort, comment ne serait-ce point là une très-grande gloire ? En effet, afin que les peuplés crussent à la résurrection, les disciples et les prédicateurs de la résurrection ont fait de plus grands prodiges. Disons-le : si Jésus-Christ n’était pas ressuscité, s’il n’avait pas vécu après sa mort, s’il n’eût pas été Dieu, comment ses disciples auraient-ils fait en son nom de si grandes œuvres et de si grands miracles ?
« Et Dieu le glorifiera (32) ». Que veut dire cela : « Dieu le glorifiera en lui-même ? » C’est-à-dire : Il le glorifiera par lui-même et non par une autre ; et il le glorifiera aussitôt, il le glorifiera en même temps avec la croix. Non, dit-il, il ne tardera pas, et ce ne sera pas longtemps après sa résurrection qu’il fera éclater sa gloire ; mais dès qu’il sera attaché à la croix, des signes éclatants et des prodiges paraîtront, et dans le ciel, et sur la terre. On les vit, ces signes éclatants et ces prodiges :1e soleil fut obscurci, les pierres se fendirent, le voile du temple se déchira en deux, plusieurs corps de saints qui étaient dans le sommeil de la mort, ressuscitèrent (Lc. 26,45 ; Mt. 27,54. 52 ; Idem, ibid. 66) ; les Juifs, pour s’assurer du sépulcre, scellèrent la pierre et y mirent des gardes ; et quoiqu’on eût fermé avec une grosse pierre le tombeau où était le corps, ce corps ressuscita et sortit du tombeau. Quarante jours après, les disciples reçurent le Saint-Esprit, et aussitôt ils prêchèrent Jésus ressuscité. Voilà ce que signifie cette parole : « Dieu le glorifiera en lui-même » ; et il le glorifiera incontinent, non par les anges, non par quelque autre puissance, mais par lui-même.
3. Comment Dieu l’a-t-il glorifié par lui-même ? En faisant tout pour la gloire de son Fils. Mais le Fils a fait toutes choses. Ne le voyez-vous pas, mes frères, que Jésus rapporte au Père les œuvres du Fils ?
« Mes petits enfants, je n’ai plus que peu de temps à être avec vous. Vous me chercherez, et comme j’ai dit aux Juifs qu’ils ne pourraient venir où je vais, je vous dis aussi à vous autres que vous ne le pouvez présentement (33) ». Jésus-Christ commence maintenant, après le souper, à entretenir ses disciples de choses tristes : car, lorsque Judas sortit, ce n’était pas le soir, mais la nuit. Comme ceux qui le venaient prendre allaient incessamment arriver, il fallait qu’il leur donnât ses ordres et toutes ses instructions, afin qu’ils n’oubliassent et n’omissent rien de ce qu’ils devaient faire ; ou plutôt le Saint-Esprit les faisait ressouvenir de tout ce que leur Maître leur avait dit (Jn. 14,26) ; il y a même beaucoup d’apparence que plusieurs choses se perdirent alors de leur mémoire, et parce qu’ils les entendaient pour la première fois, et parce qu’ils avaient bien des traverses et des afflictions à essuyer. Ils se laissèrent aller au sommeil, comme le rapporte un autre évangéliste ; et ils étaient en proie à la tristesse, comme le leur dit Jésus-Christ lui-même : « Mais parce que je vous ai dit ces choses, votre cœur a été rempli de tristesse » (Mt. 26,40, 43, 45 ; Jn. 16,6) ; comment donc auraient-ils pu retenir exactement toutes ces choses ?
Mais pourquoi, dans cet état de tristesse et d’accablement, Jésus-Christ les leur disait-il ? C’est parce qu’ils en tiraient un grand profit et un grand avantage qui tournait à sa gloire, lorsque, dans la suite, les voyant visiblement arriver, ils se rappelaient qu’il les leur avait toutes prédites. Mais encore, pourquoi le Sauveur abat-il ainsi l’esprit de ses disciples, en disant : Je n’ai plus que peu de temps à être avec vous ? Ils auraient bien pu répliquer Vous avez raison de dire cela aux Juifs, mais pourquoi nous confondez-vous avec ces ingrats ? Non, il ne les confond point. Pourquoi dit-il donc : « Comme j’ai dit aux Juifs ? » C’est pour les faire souvenir que ce n’est point l’approche du danger qui lui dicte ce langage, et que dès longtemps il est averti ; eux-mêmes en sont témoins, eux qui ont entendu faire ces prédictions aux Juifs. C’est pourquoi il a ajouté : « Mes petits enfants », afin qu’entendant ces paroles : « Comme j’ai dit aux Juifs », ils ne crussent pas qu’il les leur disait de la même manière et dans le même sens. Ce n’a donc point été pour jeter ses disciples dans l’abattement et dans la tristesse, que leur Maître leur a dit cela, mais pour les consoler