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sauver ; il se perd, quand bien même il ferait une infinité de bonnes œuvres, parce qu’il est impossible que le fornicateur entre dans le royaume des cieux ; et, que dis-je, le fornicateur t ce n’est plus là une fornication, mais c’est un adultère. Comme la femme qui est liée avec un homme, si elle en connaît un autre, commet un adultère : de même l’homme qui est lié avec une femme, s’il s’approche d’une autre, est adultère. Or, l’adultère ne sera point héritier du royaume des cieux, mais il tombera dans l’enfer. Écoutez ce que dit Jésus-Christ : « Il tombera là où lever qui les ronge ne meurt point, et où le feu ne s’éteint point ». (Mc. 9,45)
En effet, point de pardon pour celui qui, ayant la consolation d’avoir une femme, assouvit sa concupiscence sur une autre ; car c’est véritablement là du libertinage. Que si bien des fidèles, afin de se livrer au jeûne et à l’oraison, s’abstiennent de leur femme (1Cor. 7,5), celui qui, ne se contentant pas de la sienne, en prend une autre, quel feu ne se prépare-t-il pas ? S’il n’est point permis à celui qui a renvoyé et répudié sa femme, de s’approcher d’une autre (Mt. 5,32) « (car c’est là un adultère) », quel crime me commet pas celui qui, gardant sa femme, en prend, une autre ? Ne négligez donc rien, tous tant que vous êtes, pour bannir, ce vice de votre âme, arrachez-le jusqu’à la racine : Celui qui tombe dans un tel désordre, se fait plus de tort qu’il n’en fait à sa femme. Ce péché est si grand et si indigne de pardon, que Dieu punit la femme qui se sépare de son mari malgré lui, quoiqu’il soit idolâtre ; et qu’au contraire il ne punit point celle qui se sépare d’un mari adultère. Voyez-vous bien toute l’énormité de ce mal ? Saint Paul dit : « Si une femme fidèle a un mari qui soit infidèle, et qu’il consente ode demeurer avec elle, qu’elle ne se sépare point d’avec lui ». (1Cor. 7,13) Mais Jésus-Christ parle autrement de la femme adultère ; et qu’en dit-il ? « Quiconque aura quitté sa femme, si ce n’est en cas d’adultère, la fait devenir adultère ». (Mt. 5,32) Si le mariage de deux corps n’en fait qu’un seul (Mt. 19,5), de là il s’ensuit que celui qui se joint à une prostituée, est un même corps avec elle. (1Cor. 6,16) Comment donc une femme vertueuse et modeste, qui est un membre de Jésus-Christ, permettra-t-elle à un mari adultère de s’approcher d’elle ? Comment s’unira-t-elle à un membre de prostituée ? Observez, mes frères, combien ceci est étonnant : la femme fidèle qui demeure avec un mari infidèle ne devient point impure, car l’apôtre dit : « Le mari infidèle est sanctifié par la femme fidèle ». (1Cor. 7,44) Il ne parle pas de même de la femme prostituée, mais il dit : « Arracherai-je donc à Jésus-Christ ses propres membres, pour les faire devenir les membres d’une prostituée ? » (1Cor. 6,15) En effet, qu’un mari infidèle habite avec la femme fidèle, la sainteté demeure et ne se perd point ; mais la cohabitation avec l’adultère la détruit : donc, l’adultère est un très-grand mal, et un mal qui procure un supplice éternel. Dans cette vie même il vous attire des maux sans nombre, il vous fait mener une vie misérable, qui ne diffère point de celle de ces malheureux qui sont condamnés au supplice, lorsque, pour commettre le crime, vous tentez d’entrer furtivement dans une maison étrangère, et que, hommes libres ou esclaves, tout le monde vous est suspect.
C’est pourquoi je vous conjure, mes frères, l’appliquer tous vos soins à vous délivrer de cette affreuse maladie. Si vous ne le faites pas, n’ayez point la témérité d’entrer dans le temple du Seigneur. Il ne faut pas que les brebis galeuses et malades se mêlent parmi celles qui sont saines et vigoureuses, mais il faut qu’elles soient séparées du troupeau jusqu’à' leur guérison. Nous sommes les membres de Jésus-Christ, ne devenons point les membres, d’une prostituée. Ce lieu n’est point une maison de prostitution, c’est l’Église : si vous êtes les membres d’une prostituée, n’y venez point pour ne pas déshonorer le lieu saint. Quand même il n’y aurait point d’enfer, point de supplice : après ce mutuel consentement que vous vous êtes solennellement donné, après que le flambeau nuptial a été allumé, après que vous avez contracté un légitime mariage, vécu ensemble, donné le jour à des enfants, comment oserez-vous vous joindre à une autre femme ? comment n’avez-vous pas horreur de ce crime, comment n’en rougissez-vous pas ? Ignorez-vous que ceux qui, après la mort de leur femme, en épousent une, autre, sont blâmés de bien des gens, quoiqu’il n’y ait ni peine ni punition attachée aux secondes noces ? Et vous, du vivant de votre femme, vous en prenez une autre : quelle n’est pas votre incontinence ! Apprenez ce