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cherche qu’à ravir les brebis, qu’à les égorger, et de celui qui ne les perd pas lui-même, mais qui ne repousse pas le voleur et ne le chasse pas. Par celui-là il désigne Théodas ; dans la personne de celui-ci il flétrit les docteurs des Juifs, qui ne prenaient aucun intérêt au troupeau qui leur avait été confié : c’est de quoi longtemps auparavant Ézéchiel leur avait fait des reproches, en leur disant : « Malheur aux pasteurs d’Israël ! Ne se paissent-ils pas eux-mêmes ? les pasteurs ne paissent-ils pas leurs troupeaux ? » (Ez. 34,2) Mais les pasteurs d’Israël faisaient le contraire, ce qui est d’une extrême méchanceté et la source de tous les autres malheurs. Voilà pourquoi le prophète dit : Ils ne ramènent pas au troupeau les brebis qui se sont égarées ; celles qui se sont perdues, ils ne les cherchent pas ; ils ne bandent – point les plaies de celles qui se sont blessées ; ils ne travaillent point à fortifier et à guérir celles qui sont faibles et malades, parce qu’ils se paissent eux-mêmes, et non leur troupeau (Ez. 34,4).
Saint Paul déclare la même chose en d’autres termes : « Tous cherchent », dit-il, « leurs « propres intérêts, et non ceux de Jésus-Christ » (Phil. 2,21) ; et encore : « Que personne ne cherche sa propre satisfaction, mais le bien des autres ». (1Cor. 10,24) Jésus-Christ se sépare de ces deux sortes de pasteurs, de ceux qui s’ingèrent dans ce ministère pour la ruine du troupeau, quand il dit : « Pour moi, je suis venu, afin que les brebis aient la vie, et qu’elles l’aient abondamment (10) » ; et de ceux qui ne se soucient pas que les loups ravissent les brebis, en ne les abandonnant point, et donnant, au contraire, sa vie pour leur salut. Lorsque les Juifs cherchaient à le faire mourir, il n’a point cessé de prêcher et d’instruire, il n’a point abandonné ses disciples ; mais il est demeuré ferme et il a voulu souffrir la mort. C’est pourquoi partout il dit : « Je suis le bon pasteur ».
Ensuite, comme on ne voyait point encore de preuve de ce qu’il avançait (car ce ne fut que quelque temps après que cette parole « Je donne ma vie », eut son accomplissement, et celle-ci : « Afin qu’elles aient la vie, et « qu’elles l’aient abondamment », ne devait l’avoir qu’après sa mort) ; que fait-il ? Il confirme une des choses par l’autre : en donnant sa – propre vie, il prouve qu’il donne aussi la vie, et c’est là ce que saint Paul nous apprend ; car il dit : « Si, lorsque nous étions ennemis de Dieu, nous avons été réconciliés avec lui par la mort de son Fils, à plus forte raison étant maintenant réconciliés avec lui, nous serons sauvés ». (Rom. 5,10) Et encore ailleurs : « S’il n’a pas épargné son propre a Fils, mais l’a livré à la mort pour nous tous, que ne nous donnera-t-il point après nous l’avoir donné ? » (Rom. 8,32)
Mais maintenant, comment les Juifs ne font-ils pas des reproches à Jésus, et ne lui disent-ils pas comme auparavant : « Vous vous rendez témoignage à vous-même », ainsi votre témoignage n’est point véritable ? » (Jn. 8,13) C’est parce qu’il les avait, souvent obligés de se taire, et que les miracles qu’il avait faits lui donnaient plus de liberté vis-à-vis d’eux.
Après cela, ayant dit ci-dessus : « Les brebis entendent sa voix, et le suivent » ; de peur que quelqu’un ne demandât : et en quoi cela importe-t-il à ceux qui ne croient point ? faites attention à ce qu’il ajoute : « Et je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent ». L’apôtre l’a aussi déclaré de même : « Dieu, n’a point rejeté son peuple qu’il a connu ; dans sa prescience ». (Rom xi, 2) Et Moïse : « Le Seigneur connaît ceux qui, sont à lui ». (Nb. 16,5 ; LXX et 11 ; 2Tim. 2,19) Je parle de ceux, dit Jésus-Christ, que j’ai connus dans ma prescience. Et pour vous empêcher de croire que le degré de connaissance soit égal, observez avec quel soin il corrige, par ce qui suit, la fausse idée qu’on s’en pourrait former : « Je connais mes brebis », dit-il, « et mes brebis me connaissent » : mais ces connaissances, savoir, la mienne et celle des brebis, ne sont point égales. Et où y a-t-il égalité de connaissance ? Dans mon Père et dans moi, car : « Comme mon Père me connaît, je connais mon Père (15) ». En effet, si le Sauveur n’avait pas voulu prouver cela, pourquoi aurait-il ajouté ce qui suit immédiatement ? Comme il se confond souvent d’ans la foule, de peur qu’on ne pensât qu’il connaissait son Père seulement à la manière d’un homme ; il, a ajouté : « Comme mon Père me connaît, je connais mon Père ». Je le connais aussi parfaitement qu’il me connaît lui-même. Voilà pourquoi il disait : « Nul ne connaît qui est le Fils, que le Père ; ni qui est le Père, que le Fils » : marquant par là une connaissance