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donné d’en haut, ceux à qui le Père ne le donne point, sont exempts de tout péché. Ce sont là des paroles et des prétextes ; car notre volonté est aussi nécessaire : d’être instruit et de croire cela dépend de la volonté. Mais ici, par ces paroles : « Ce que le Père me donne », Jésus-Christ déclare seulement ceci : ce n’est pas une chose commune que de croire en moi, et cela ne dépend point du raisonnement humain, mais il faut la révélation d’en haut ; et une âme pieuse qui la reçoive. Cette parole : « Celui qui vient à moi sera sauvé », veut dire que la divine Providence en aura grand soin, car c’est pour cela que je suis venu, et que j’ai pris une chair et la forme de serviteur. À quoi il ajoute : « Je suis descendu du ciel non pour faire ma volonté, mais pour faire la volonté de celui qui m’a envoyé (38) ».
Que dites-vous, divin Sauveur ? Est-ce que vous avez une volonté et le Père une autre ? De peur donc que quelqu’un ne formât ce doute, sur-le-champ il l’ôte par ce qui suit : « La volonté de mon Père, qui m’a envoyé, est que quiconque voit le Fils et croit en lui, ait la vie éternelle (40) ». N’est-ce pas là votre volonté ? Pourquoi dites-vous donc ailleurs : « Je suis venu pour mettre le feu « sur la terre, et que désiré-je, sinon qu’il « s’allume ? » (Lc. 12,49) Si c’est donc là votre volonté, il est évident que vous n’avez qu’une seule et même volonté avec votre Père ; en effet, Jésus-Christ dit encore ailleurs : « Comme le Père ressuscite les morts et leur rend la vie, ainsi le Fils donne la vie à qui il lui plaît ». (Jn. 5,21)
Quelle est donc la volonté du Père ? N’est-ce pas qu’il ne périsse aucun de tous ceux qu’il vous donne ? Et voilà ce que vous voulez vous-même : votre volonté et la volonté : du Père ne sont donc pas différentes. De même, en un autre endroit, Jésus-Christ établit encore plus fortement son égalité avec le Père en disant : « Mon Père et moi nous viendrons à lui, et nous ferons en lui notre demeure » (Jn. 14,23) ; c’est-à-dire : je ne suis venu que pour faire la volonté de mon Père, et je n’ai point d’autre volonté que celle de mon Père. Car : « Tout ce qui est à mon Père est à moi, et « tout ce qui est à moi est à mon Père » : (Jn. 17,10) Donc si tout ce qui est au Père est également au Fils, si tout est commun entre le Père et le Fils, c’est avec raison que le Fils dit : Je ne suis pas venu pour faire ma volonté.
Mais ici Jésus-Christ ne s’explique pas si clairement, il remet à le faire dans la suite. Ces vérités sublimes, comme j’ai dit, il les cache encore et les couvre comme sous une ombre ; il veut montrer que s’il avait dit Telle est ma volonté, les Juifs l’auraient méprisé : il dit donc qu’il coopère à la volonté du Père, afin de les frapper davantage de, crainte et de terreur, de même que s’il disait : Que pensez-vous ? Pensez-vous qu’en ne croyant point en moi vous me fâchiez ? Vous irritez la colère de mon Père : « Car la volonté de celui qui m’a envoyé est que je ne perde aucun, de tous ceux qu’il m’a donnés (39) ». Le divin Sauveur déclare ici qu’il n’a nullement besoin de leur culte, et qu’il n’est pas venu dans son propre intérêt ou dans celui de sa gloire, mais pour leur salut ; il l’a dit aussi dans le discours précédent : « Je ne tire point ma gloire des hommes » ; et derechef : « Je dis ceci afin que vous soyez sauvés ». Toujours et partout il s’attache à leur faire connaître qu’il est venu pour leur salut. Au reste, il dit qu’il travailla, pour glorifier son Père, afin qu’ils ne puissent former aucun soupçon contre lui : Il fait voir plus clairement, par la suite, que c’est pour cette raison qu’il a parlé de la sorte : « Celui qui veut faire sa volonté », dit-il, « cherche sa propre gloire ; mais celui qui cherche la gloire de celui qui l’a envoyé est véritable ; et il n’y a point en lui d’injustice ». (Jn. 7,18) « La volonté de mon Père est que, quiconque voit le Fils et croit en lui, ait la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour ». (Jn. 6,40) Pourquoi Jésus-Christ parle-t-il si souvent de la résurrection ? C’est afin que les Juifs ne jugent pas de la providence de Dieu seulement sur les choses de cette vie, afin que ceux qui ne jouissent pas des biens de ce monde ne se découragent pas, mais se consolent par l’espérance des biens futurs ; et que ceux qui méritent le châtiment, s’ils ne le reçoivent pas en cette vie, ne bravent point pour cela la Providence ; mais qu’ils sachent qu’une autre vie les attend.
4. Mais si les Juifs n’ont, en aucune manière, profité de ces vérités, travaillons fortement nous-mêmes ; mes frères, à en faire notre profit, en nous entretenant souvent de la résurrection. Si l’envie de nous enrichir, de