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Christ, parlant à Pierre, n’ajouta rien de plus, mais, comme si sa foi eût été parfaite, il promet de bâtir son Église sur sa confession. Ici Jésus-Christ ne dit rien de semblable ; il est même à observer qu’il dit le contraire. En effet ; comme si cette confession eût été insuffisante dans sa principale partie, il y ajoute ce qui y manquait. Que dit-il ? « En vérité, en vérité, je vous le dis : Vous verrez dans peu le ciel ouvert, et les anges de Dieu monter et descendre sur le Fils de l’homme ». Ne voyez-vous pas comment il s’élève peu à peu de terre, et l’amène à ne plus le regarder simplement comme homme ? Celui que les anges servent, Celui sur qui les anges montent et descendent, pourrait-il être simplement homme ? C’est pourquoi il a dit : « Vous verrez de bien plus grandes choses », et, pour le lui expliquer, il lui a présenté le ministère des anges ; c’est comme s’il disait : Nathanaël, il vous paraît surprenant que je vous aie découvert votre pensée et vos sentiments, et pour cela vous m’avez reconnu roi d’Israël : que direz-vous donc, lorsque vous verrez les anges monter et descendre sur moi ? Par là il lui fait entendre qu’il doit aussi le confesser et le reconnaître pour Seigneur des anges. Car les ministres du Roi descendaient et montaient, comme pour venir servir le vrai et légitime Fils de leur Roi.
Les anges descendaient lorsque Jésus fut crucifié, ils montaient à sa résurrection et à son ascension, et même auparavant, comme lorsqu’ils s’approchèrent de lui et qu’ils le servaient (Mt. 4,11) ; lorsqu’ils annonçaient sa naissance, lorsqu’ils criaient : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre ! » (Lc. 2,14), lorsqu’ils vinrent auprès de Marie, lorsqu’ils vinrent auprès de Joseph. Ce qu’il avait souvent fait, il le fait maintenant encore : il prédit deux choses, il donne la preuve de l’une, et par là il assure que l’autre aura son accomplissement. Quant à celles qu’il a dites ci-dessus, les unes étaient déjà sûrement arrivées, comme ce qu’il a dit avant la vocation de Philippe : « Je t’ai vu sous le figuier » ; les autres devaient arriver et étaient en partie arrivées, à savoir, l’ascension et la descente des anges : « Elles étaient arrivées dans le temps de, la naissance, elles devaient arriver encore » au crucifiement, à la résurrection et à l’ascension. Ce sont là les prédictions que les précédentes rendent croyables, même avant leur réalisation. Car celui à qui les événements accomplis avaient fait connaître la puissance de Jésus, devait avoir moins de peine à croire ce qu’il annonçait pour l’avenir.
A cela que dit Nathanaël ? Il ne répondit rien. C’est pourquoi Jésus-Christ n’en dit pas davantage ; il le laisse méditer et repasser dans son esprit ce qu’il a entendu, et ne veut pas répandre toute la graine à la fois ; mais, sachant qu’il a jeté sa semence en bonne terre, il lui donne le temps de porter son fruit. C’est sur quoi il s’explique ailleurs en ces termes : « Le royaume des cieux est semblable à un homme qui avait semé de bon grain ; pendant qu’il dormait son ennemi vint, et sema de l’ivraie au milieu du blé ». (Mt. 13,24-25)
J’ai déjà dit que Jésus était connu, principalement en Galilée. C’est pourquoi il est convié aux noces et il s’y trouve ; il ne regarde point à sa dignité, mais il y va pour nous faire du bien. Et certes, celui qui a bien voulu prendre la forme de serviteur, dédaignera bien moins d’assister aux nettes de ses serviteurs ; celui qui mangeait avec les publicains et avec les pécheurs, ne refusera pas ; à plus forte raison, de prendre place aux noces avec les conviés. D’ailleurs, les gens qui l’avaient invité n’avaient pas de lui l’opinion qu’il eût fallu avoir, et ne le considéraient pas même comme un personnage illustre, mais comme le premier venu parmi leurs connaissances. L’évangéliste nous le fait même entendre, en disant : « La mère de Jésus y était, et ses frères » ; comme ils avaient convié sa mère et ses frères, ils l’avaient aussi convié lui-même. « Et le vin venant à manquer, la mère de Jésus lui dit : Ils n’ont point de vin (3) ». Sur quoi on a lieu de demander d’où il était venu dans l’esprit de la mère d’attendre quelque chose de grand de son fils ; car il n’avait point encore fait de miracles : « Ce fut là », dit l’Écriture, « le premier des miracles de Jésus, qui fut fait à Cana en Galilée ». (Jn. 2,11)
2. Mais peut-être on objectera que ce témoignage ne prouve pas que ce fut là le premier miracle, attendu que l’évangéliste ajoute « À Cana en Galilée » : il s’est pu faire, dira-t-on, que ce fut le premier accompli à Cana ; sans être le premier de tous ; et il est vraisemblable qu’il en avait fait d’autres ailleurs ; nous ferons la réponse que nous avons