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autres. Accourant auprès de Nathanaël, il lui dit : « Nous avons trouvé celui de qui Moïse a écrit dans la loi, et que lés prophètes ont prédit ». (Jn. 1,45) Ne voyez-vous pas sa vigilance, son assiduité à lire les livres de Moïse, et qu’il était de ceux qui attendaient la venue de Jésus-Christ ? En effet, ces paroles : « Nous avons trouvé », marquent un homme qui cherche continuellement.
« Le lendemain, Jésus voulant s’en aller en Galilée », Jésus-Christ, avant que quelqu’un se soit attaché à lui, n’appelle personne. Et ce n’est pas sans sujet ; c’est l’effet d’une extrême sagesse et d’une très-grande prudence : s’il avait appelé des disciples avant qu’aucun se fût attaché à lui, ils se seraient peut-être retirés dans la suite ; mais ayant d’eux-mêmes pris le parti de le suivre, ils sont demeurés, fermes. Or, s’il appelle Philippe, c’est parce qu’il lui était plus connu que les autres, étant né et ayant été élevé dans la Galilée. Jésus-Christ donc, après avoir reçu ces disciples, part pour en aller chercher d’autres, et il attire à soi Philippe et Nathanaël. Quant à celui-ci, il n’y a pas tant de quoi s’étonner, « la réputation de Jésus s’étant répandue par toute la Syrie » (Mt. 4,24) ; mais il est surprenant que Pierre et Jacques et Philippe l’aient suivi, non seulement parce qu’ils ont cru avant d’avoir vu des miracles, mais, encore parce qu’ils étaient de la Galilée, d’où il ne sortait point de prophète et d’où il ne venait rien de bon : car le peuple de ce pays était rustique, simple et grossier.
Mais en cela même Jésus-Christ a fait éclater sa puissance, lui qui d’une terre stérile et infructueuse a su tirer ses principaux disciples : Il y a donc de la vraisemblance que Philippe suivit Jésus, pour avoir vu Pierre faire de même et avoir entendu Jean ; il est aussi à croire que la voix de Jésus-Christ avait opéré quelque chose en lui : car Jésus-Christ connaissait ceux qui étaient propres à son ministère. Mais l’évangéliste rapporte sommairement tout ceci. Que le Christ dût venir, Philippe le savait ; mais que celui-ci fût le Christ, c’est ce qu’il ignorait et c’est aussi ce que je crois qu’il avait appris de Pierre ou de Jean-Baptiste. Au reste l’évangéliste nomme la patrie de Philippe, afin de vous apprendre que « Dieu a choisi les faibles, selon le monde ». (1Cor. 1, 27)
« Philippe ayant trouvé Nathanaël, lui dit. « Nous avons trouvé celui de qui Moïse a écrit dans la loi, et que les prophètes ont prédit ; savoir, Jésus de Nazareth, fils de Joseph ». Philippe dit cela pour donner, par l’autorité de Moïse et des prophètes, plus de créance à sa prédication, et aussi pour rendre son auditeur docile et respectueux. Et comme Nathanaël était savant et très-zélé pour la vérité, ainsi que Jésus-Christ même en rend témoignage, et, que sa propre conduite le prouve, il le renvoie avec raison à. Moïse et aux prophètes, afin que, Jésus-Christ le recevant ensuite, le trouvât instruit. Si l’évangéliste appelle Jésus fils de Joseph, né vous en troublez point, alors on le croyait encore fils de Joseph. Mais, Philippe, par où est-il certain que ce Jésus est celui que vous dites ? Quelle preuve nous en donnez-vous ? Ce n’est pas assez que vous le disiez. Quel prodige, quel miracle avez-vous vu ? Il y a du risque et du péril à croire témérairement de si grandes choses. Quelle raison avez-vous donc ? la même qu’André, dit-il ; car André n’ayant ni assez de force, ni assez de capacité pour annoncer le trésor qu’il avait découvert, ni assez d’éloquence pour le faire connaître, amène son frère à celui qu’il a trouvé. De même Philippe n’explique pas comment ce Jésus est le Christ, ni en quoi, ni quand les prophètes l’ont prédit ; mais il amène Nathanaël à Jésus, bien sûr que désormais il ne le quittera point, s’il a une fois entendu sa parole et sa doctrine.
« Nathanaël lui dit : Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth ? Philippe lui dit : « Venez et voyez ».
« Jésus voyant Nathanaël qui le venait trouver, dit de lui : Voici un vrai Israélite, sans déguisement et sans artifice ». Nathanaël avait dit : « Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth ? » Et Jésus le loue et l’admire : mais toutefois n’était-il pas plutôt à blâmer ? Non, certes, ce qu’il avait dit n’était pas une marque d’incrédulité, ni un crime qui méritât une réprimande, mais c’était une chose digne de louanges. Comment et pour quelle raison ? Parce qu’il était plus versé dans les prophéties que Philippe. Il avait appris des Écritures que le Christ devait sortir de Bethléem, et du même bourg, où était né David. Ce bruit s’était répandu parmi les Juifs, et longtemps auparavant un prophète l’avait prédit en ces termes : « Et toi Bethléem, tu n’es pas la dernière d’entre les principales villes