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des choses qu’ils ignoraient, nous n’y avons pas peu de gloire : mais que ce soit aussi de nous qu’ils les ont apprises, je n’expliquerai point encore comment cela est arrivé.
Écoutons saint Jean avec modestie, gardons un grand silence, non seulement aujourd’hui, ou dans le jour seulement auquel nous l’écoutons, mais aussi pendant toute notre vie : il est avantageux d’être en tout temps attentifs à sa voix. Si nous sommes curieux d’apprendre ce qui se passe à la cour, ce que fait l’empereur, ce qu’il a résolu de faire pour ses sujets, quoique souvent il n’y ait rien en cela qui nous regarde, nous devons beaucoup plus désirer de savoir ce que Dieu a dit, et surtout puisqu’ici tout nous importe, tout est pour nous. Jean nous donnera la connaissance de toutes ces choses, parce qu’il est l’ami du R. ou plutôt parce qu’il a en lui-même le Roi qui parle par sa bouche, et qu’il sait de lui tout ce qu’il apprend de son Père. Jésus-Christ dit : « Je vous ai appelé mes amis, parce que je vous ai fait savoir tout ce que j’ai appris de mon Père ». (Jn. 15,15) Or, si nous voyions descendre tout à coup du ciel quelqu’un qui nous promît de nous dire ce qui s’y passe, nous accourrions tous auprès de lui : accourons donc présentement de même.
Cet homme nous parle du haut du ciel : il n’est pas de ce monde, c’est Jésus-Christ lui-même qui le déclare : « Vous n’êtes point », dit-il, « de ce monde ». (Jn. 15,19) L’Esprit-Saint dont il est rempli lui parle, cet Esprit qui est présent partout, qui connaît ce qui est en Dieu, de même que l’esprit de l’homme, qui est en lui, connaît ce qui se passe en lui (1Cor. 2,11), c’est-à-dire l’Esprit de sainteté, l’Esprit de vérité, qui conduit et mène au ciel, qui donne de nouveaux yeux, qui nous rend présentes les choses futures, et qui, quoique nous soyons encore dans notre chair, nous fait voir les choses célestes.
C’est pourquoi, mes frères, présentons-nous à lui avec un esprit paisible et tranquille durant tout le cours de notre vie ; qu’aucun indifférent, aucun homme sans ferveur, aucun débauché, une fois entré ici, ne demeure tel qu’il était. Mais élevons-nous, au ciel, c’est là que l’évangéliste parle à ceux qui y vivent. Si nous sommes habitants de la terre, nous ne rapporterons aucun fruit. La doctrine de saint Jean n’est pas pour ceux qui mènent une vie sensuelle et toute animale, de même que les choses terrestres ne le touchent et ne le regardent point. Certes, le tonnerre qui gronde dans l’air nous épouvante et nous effraye par son bruit confus ; mais la voix de Jean ne trouble point les âmes fidèles, elle les délivre au contraire du trouble et de la terreur, et n’est terrible qu’aux démons et aux esclaves des démons. Pour voir et pour connaître comment il les effraye et les met en fuite, que notre esprit, que notre langue gardent un profond silence, mais surtout notre esprit : de quelle utilité serait-il que la langue fût dans le silence, lorsque l’esprit serait dans l’agitation et dans le trouble ? Je demande la paix de l’âme, parce que je veux que l’âme soit attentive et m’écoute. Que la cupidité, l’amour de la gloire, que la colère, ce cruel tyran, que toutes les autres passions cessent donc de nous agiter : l’oreille qui n’est pas bien purifiée ne peut dignement entendre, ni pleinement concevoir la sublimité de ces paroles, la formidable grandeur de ces ineffables mystères, en un mot, l’excellence de ces divins oracles. Si, faute de prêter une exacte attention, il est impossible de bien apprécier un air joué sur la flûte ou la lyre, comment l’auditeur appelé à entendre une voix mystique, le pourra-t-il si son âme sommeille ?
3. Voilà pourquoi Jésus-Christ nous donne cet avertissement : « Gardez-vous de donner les choses saintes aux chiens, et : ne jetez point vos perles devant les pourceaux. ». (Mt. 7,6) Il appelle ses paroles des perles (quoiqu’elles soient infiniment plus précieuses que ne le sont celles-ci), parce que les perles sont ce qu’il y a de plus précieux sur la : terre. Il a coutume aussi de comparer leur douceur au miel, non que le miel puisse l’égaler, mais parce que nous n’avons rien de plus doux. Mais qu’elles surpassent en effet, et de beaucoup, et le prix des pierres précieuses, et la douceur du miel ; si vous en doutez, écoutez ce qu’en dit le Prophète : « Elles sont plus désirables que l’abondance de l’or et des pierres précieuses, et plus douces que n’est le miel, et qu’un rayon plein de miel » (Ps. 18,11 et 12) ; mais pour ceux-là seulement qui se portent bien ; aussi a-t-il ajouté : « Car votre serviteur les garde ». Et ailleurs encore, après avoir dit : douce, il joint : à moi : « Que vos paroles », dit-il, « me sont douces ! » Et pour marquer leur excellence, il ajoute :