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commun le salaire. Le Christ a déclaré bienheureux ses disciples, en disant : « Bienheureux vos yeux, parce qu’ils voient, bienheureuses vos oreilles, parce qu’elles entendent. » (Mt. 13,16) Permettez – moi d’user des mêmes termes, puisque vous montrez le même empressement : « Bienheureux vos yeux, parce qu’ils voient, bienheureuses vos oreilles, parce qu’elles entendent. » Que vos oreilles entendent, c’est chose évidente ; mais que vos.yeux voient, comme voyaient les disciples du Christ, c’est ce que je vais m’efforcer de vous montrer, afin que vous ne soyez pas réduits à la moitié de leur béatitude, mais que vous l’ayez entière. Que voyaient donc les disciples ? Des morts rappelés à la vie, des aveugles qui recouvraient la lumière, des lépreux purifiés, des démons chassés, des boiteux redressés, toutes les infirmités de la nature guéries. Tous ces miracles, vous les voyez aussi, sinon par les yeux du corps, au moins par ceux de la foi. Car, telle est la vertu des yeux de la foi : ils voient ce qui n’est pas visible, et ils se représentent ce qui n’est pas encore. Comment prouver que la foi est la vue et la révélation de ce qui n’est pas visible ? Écoutez les paroles de Paul : « La foi est le fondement des choses à espérer, la révélation de ce que l’on ne voit pas. » (Héb. 11,1) Et regardez quelle merveille ! Les yeux du corps voient les choses visibles, mais non celles qui ne le sont pas ; et les yeux de la foi, tout au contraire, voient ce qui n’est pas visible et non ce qui l’est. C’est ce que Paul a déclaré en ces termes : « Une tribulation momentanée et légère opère en nous au delà de toute mesure le poids éternel d’une sublime gloire parce que nous ne considérons point ce qui se voit, mais ce qui ne se voit pas. » (2Cor. 4,17) Et comment voir ce qui ne se voit pas ? Comment, sinon par les yeux de la foi ? Il le dit ailleurs : « Par la foi nous comprenons l’enchaînement ces siècles. » (Héb. 11,3) Comment ? Car nous ne le voyons pas. « Parce que ce qui n’était pas visible nous apparaît. » Voulez-vous un autre témoignage encore, que les yeux de la foi voient ce qui est invisible ? Paul écrivant aux Galates leur dit : « Vous dont les yeux ont vu Jésus-Christ crucifié au milieu de vous. » (Gal. 3,1)
2. Que dites-vous, bienheureux Paul ? Les Galates l’ont-ils vu crucifié en Galatie ? Ne savons-nous pas tous que Jésus a souffert sa passion en Palestine, en pleine Judée ? Comment donc les Galates l’ont-ils vu crucifié ? Par les yeux de la foi et non par ceux du corps. Voyez-vous que les yeux de la foi voient ce qui n’est pas visible ? A une telle distance, après un si long temps, ils ont vu Jésus-Christ crucifié. C’est ainsi que volis aussi, vous voyez les morts rappelés à la vie, c’est ainsi que vous voyez aujourd’hui le lépreux guéri, et, le paralytique rétabli sur ses jambes, et plus clairement que les Juifs qui étaient là. Ils étaient présents, mais ils ne crurent pas au miracle ; vous êtes éloignés, mais vous avez la foi. Aussi ai-je eu raison de vous dire : « Bienheureux vos yeux, parce qu’ils voient. »
Voulez-vous encore une autre preuve que les yeux de la foi voient ce qui est invisible et laissent échapper ce qui se voit ? Car ils ne verraient pas les choses invisibles, s’ils ne se détournaient des autres :'écoutez Paul nous dire d’Abraham qu’il a vu par les yeux de la foi ce fils qui lui devait naître et qu’il en a reçu ainsi la promesse. Que dit l’Apôtre en effet ? « Et il ne fut pas ébranlé dans sa foi et il ne songea pas à son corps frappé de mort. » (Rom. 4,19) Quelle foi puissante ! De même en effet que « les pensées des hommes sont timides et faibles (Sag. 9,14) ; » de même la foi est forte et puissante. « Il ne songea pas à son corps frappé de mort. » Sentez-vous comme il se détourne des choses visibles ? Comme il ne jette pas un regard sur sa vieillesse ! Et pourtant elle était sous ses yeux, mais il voyait par les yeux de la foi et non par ceux du corps. Aussi n’a-t-il pas vu sa vieillesse, ni le sein « de Sara frappé de mort. » (Rom. 4,19)
Il veut dire par là sa stérilité. Car il y avait en elle double impuissance, celle de l’âge et celle de la nature, non seulement l’âge avait rendu son corps inhabile à enfanter, mais son sein, l’organe où se fait le travail de la nature était mort, même avant la vieillesse, par stérilité. Voyez combien d’obstacles ! Vieillesse du mari, vieillesse de la femme ; stérilité, empêchement plus grand encore que la vieillesse, car la stérilité interdit absolument d’être mère. Eh bien ! il ne s’est arrêté à rien de tout cela, il a levé vers le ciel les yeux de la foi, rassuré sur l’exécution de la promesse parla puissance de celui qui promettait. Aussi « n’eut-il pas de doute sur la promesse de Dieu, mais il