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se réjouisse. » Il demande donc, à celui qui rend grâces, l’affection, le désir ardent, l’amour énergique, actif, se consacrant tout entier à ce Dieu qu’on célèbre. C’est ce que le même Psalmiste exprimait dans un autre texte : « Comme le cerf soupire après les eaux vives, ainsi mon cœur soupire après vous, mon Dieu ; » et encore : « Mon âme est toute brûlante de soif, pour le Dieu fort et brûlant. (Ps. 41, 1-2) ; » et encore : « Mon âme brûle d’une soif ardente pour vous, et en combien de manières ma chair se sent-elle pressée de cette ardeur, dans cette terre déserte, sans chemin et sans eaux ? » (Ps. 62,2) Un autre texte donne : « Comme dans une a terre qui a soif. » Le Psalmiste, pour montrer la disposition de son âme, l’ardeur de son désir, compare son cœur à une terre qui a soif, à un cerf altéré. Il exprime encore, par d’autres paroles, le même désir en disant : « Quand viendrai-je, quand paraîtrai-je devant la face de Dieu ? » (Ps. 41,3) Telles sont en effet les âmes des saints ; telle était l’âme de Paul, qui gémissait de voir ajourner son départ de cette vie. (2Cor. 5,4) « Que les enfants de Sion tressaillent de joie en celui qui est leur roi. » Voyez-vous ? Il exprime ce que je disais tout à l’heure, la familiarité, l’affection étroite qui a fait de ce peuple un peuple choisi. Voilà pourquoi il a ajouté : « En celui qui est leur roi. » Dieu en effet n’était pas leur roi seulement par le fait, tic la création, il l’était aussi par cette familiarité étroite, qui l’unissait à ce peuple. « Qu’ils louent son nom en chœur (3). » Voyez encore ici le brillant concert ! en effet, les chœurs ont été institués pour que tous, unis d’un même amour offrent ensemble au Seigneur leurs bénédictions. C’est ce que Paul exprime par ces paroles : « Ne nous retirant point des assemblées des fidèles. » (Héb. 10,25) C’est ce qu’exprime encore la prière présentée en même temps par tous : « Notre Père, qui êtes aux cieux (Mt. 6,9) ; » et : « Remettez-nous nos péchés (Lc. 11,4) ; » et « Ne nous induisez pas en tentation ; » et « Délivrez-nous du mal. » Vous y voyez partout le pluriel. C’est ainsi qu’autrefois on instruisait les fidèles à se réunir, pour faire entendre les hymnes et les cantiques en l’honneur de Dieu. Tout les formait à la charité et à la concorde. « Qu’ils célèbrent ses louanges, avec ale tambour et le psaltérion. »
2. Quelques personnes appliquant l’interprétation anagogique à ces instruments, prétendent que le tambour réclame de nous la mortification de la chair, tandis que le psaltérion nous avertit d’élever nos renards vers le ciel. En effet, cet instrument se touche par la partie supérieure, non pas par l’inférieure comme la cythare. Pour moi, je dirai que ces peuples se servaient anciennement de ces instruments, parce qu’ils avaient l’esprit lourd, qu’il y avait peu de temps qu’on les avait arrachés aux idoles ; et, de même que Dieu leur permit les sacrifices, de même il leur laissa ces instruments, pour s’accommoder à leur faiblesse. Donc, ce qu’il réclame d’eux ici, c’est de chanter avec joie ; voilà en effet ce que signifient ces paroles : « Qu’ils louent son nom par des concerts. » L’harmonie, c’est ici la pureté de la vie. Le Psalmiste, pour raviver leur ardeur, parle ensuite de la bonté du Pieu qu’il faut chanter : « Car le Seigneur a mis sa complaisance dans son peuple (4). » Quelle prospérité se pourrait comparer à la faveur d’un Dieu clément ? « Et il élèvera ceux qui sont doux, et les sauvera. » Voyez encore ici, comme il expose ce qu’il faut attendre de Dieu, ce que Dieu attend des hommes. De même que, tout à l’heure, en réclamant les actions de grâces, il a montré ce qui vient de Dieu, par ces paroles. « Car le Seigneur a mis sa complaisance dans son peuple ; » de même, ici encore, en promettant les bienfaits de Dieu, il exige en même temps ce qui dépend des hommes : « Et il élèvera ceux qui sont doux, et les sauvera. » Élever, voilà la part de Dieu ; être doux, voilà la part de l’homme. Ce qui vient de Dieu, ne se montre qu’après ce qui vient de l’homme. Et maintenant voyez la grandeur du don. Il ne dit pas, sauvera n’importe comment, mais : « Il élèvera et sauvera », c’est-à-dire, non seulement il délivrera des maux, mais il accordera de plus l’éclat et l’illustration ; avec le salut, il donnera aussi la gloire. Le Psalmiste, développant cette pensée, ajoute : « Les saints seront dans la joie, se voyant comblés de gloire (5). » De même que, plus haut, il réclame fa douceur du cœur, de même ici il demande la sainteté. Partout en effet Dieu se montre avec ses miracles, c’est ainsi qu’il a affranchi les Israélites de la servitude des Égyptiens ; c’est ainsi qu’il les a ramenés de Babylone, et ce n’est pas seulement en les affranchissant, mais c’est