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Dieu son espérance, donnant, à tous les hommes, cette leçon, qu’il faut tenir bon dans les dangers ; qu’il faut, au sein de l’adversité, tenir ses regards attachés sur Dieu ; qu’il ne faut jamais, ni désespérer ni se laisser abattre. Car c’est lui qui « est mon refuge et mon défenseur. » Et si, quand les dangers commencent, il ne me couvre pas, il ne me défend pas, même alors je dois avoir pleine confiance ; si c’est lui qui est mon refuge, il saura bien toujours me délivrer des dangers. En effet, voici surtout en quoi consiste l’espérance : les objets qui frappent nos yeux, devraient nous jeter dans le désespoir, et, au contraire, nous sommes pleins de confiance, et nous attendons un meilleur avenir. « C’est lui qui assujettit mou peuple sous moi. » Voilà qui est bien dit, car, ici encore, il est besoin du secours d’en-Haut, pour que les sujets consentent à la sujétion, pour qu’il n’y ait ni sédition ni révolte. Ce n’est pas seulement pour soumettre les ennemis, ruais encore pour s’assujettir ceux de la même nation, de la même famille, qu’il est besoin d’un fort secours d’en haut. C’est un grand privilège que de bien gouverner les siens ; ce succès n’est pas moindre que la victoire sur les ennemis. On a vu en effet, bien souvent, dans les guerres, des vainqueurs élever des trophées, et dans la paix ces vainqueurs étaient immolés pour n’avoir pas su tenir d’une manière convenable leurs sujets sous la bride. Ce n’est donc pas à la puissance des princes qu’il faut attribuer la soumission de ceux qui sont en armes, mais au secours de Dieu. Et, de même que c’est de Dieu qu’émanent les victoires sur les ennemis, de même c’est lui qui opère l’obéissance des peuples à leurs princes. « Seigneur, qu’est-ce que l’homme pour vous être fait connaître à lui ? ou qu’est-ce que le fils de l’homme pour que vous l’estimiez ? » Un autre texte : « Qu’est-ce que l’homme, pour que vous cherchiez à le connaître ? » Un autre texte : « Qu’est-ce que l’homme pour que vous le reconnaissiez ? » Il faut bien que ce soit un être plein de grandeur, celui qui est destiné à connaître Dieu, ou plutôt à être connu de lui ; et encore celui à qui Dieu aura voulu se révéler. Aussi, les Septante disent avec une parfaite justesse : « Pour vous être fait connaître à lui », montrant par là, que ce n’est pas nous qui l’avons trouvé, mais lui-même qui s’est laissé trouver. En effet, le texte ne dit pas : Qu’est-ce que l’homme pour vous connaître ? mais : « Qu’est-ce que l’homme pour vous être rait connaître à lui ?
2. Et voilà pourquoi Paul, à son tour, ne cesse pas de reprendre cette pensée en tout sens : « Mais alors je le connaîtrai, comme je suis moi-même connu de lui. » (1Cor. 13,12) Entendez le Christ lui-même : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais c’est moi qui vous ai choisis. » (Jn. 15,16) Entendez maintenant Paul dans un autre passage : « Si quelqu’un aime Dieu, il est connu de lui. » (1Cor. 8,3) Et voilà pourquoi il ne cesse pas de dire et de répéter sans cesse que lui-même a été appelé, nous montrant par là, que ce n’est pas lui qui a couru vers le Seigneur, mais que d’abord il a été appelé. De même, il dit encore dans un autre passage : « Je poursuis ma course pour tâcher d’atteindre où Jésus-Christ m’a destiné. » (Phil. 3,12) Il ne dit pas pour tâcher d’atteindre où je me suis destiné, mais, « où Jésus-Christ « m’a destiné. » Et maintenant comment le Psalmiste dit-il : « Qu’est-ce que l’homme ? » On sait bien qu’un autre dit : « C’est une grande chose que l’homme, c’est une chose précieuse que l’homme plein de miséricorde. » Autre part : « Dieu le créa à son image. » (Gen. 1,27) « Il a reçu en partage le gouvernement de toutes les créatures. » (Sir. 17,2) « Et il y a eu quelques hommes : dont le monde n’était pas digne. » (Héb. 11,38) Mais ces paroles concernent la vertu, que quelques hommes ont pu montrer. « Qu’est-ce que l’homme ? » Il s’agit ici de la nature, la nature de l’homme est grande : mais si vous considérez la connaissance qu’il a reçue en partage, il s’en faut de beaucoup que cette connaissance égale sa nature.
Ces paroles sont pour les hérétiques, pour ceux qui vont, dans leur délire, jusqu’à oublier les bornes de leur nature ; ignorants, qui ne comprennent pas que ce qu’ils prétendent savoir est au-dessus de leur raison. En effet, il peut y avoir de l’ignorance dans la connaissance et de la connaissance dans l’ignorance, et, si vous voulez bien, considérons à ce point de vue les objets sensibles. Dites-moi en effet ce que vous penseriez de celui qui dirait qu’il peut mesurer la mer, qu’il sait combien elle renferme de coupes ? Des paroles de ce genre ne prouveraient-elles pas qu’on ignore plus que personne ce que c’est que la mer ?