voix, gardez-vous bien d’endurcir vos cœurs, comme il arriva au temps du murmure qui excita sa colère. » (Ps. 94,8, 9) Faisons-nous, avec cette pensée, des liens qui nous ramènent vers lui. « Faites-moi bientôt entendre une réponse de miséricorde, parce que c’est en vous que j’ai mis mon espérance (8). » Un autre texte : « Faites-moi entendre, dès le matin, une réponse de miséricorde. » C’est-à-dire, promptement.
6. Comprenez-vous ce que demande l’âme affligée, bouleversée ? elle veut être entendue, avant l’épreuve, afin que l’espérance, que l’attente la redresse. La demande revient à ceci : faites que je me relève, comme vous me l’avez promis ; vient ensuite un motif légitime, pour obtenir ce qu’on demande : « Parce que c’est en vous que j’ai mis mon espérance. » Dieu en effet demande, avant tout, que nous levions toujours nos yeux vers lui ; que, sans cesse, nous nous suspendions à lui : « Faites-moi connaître la voie dans laquelle je dois marcher. » Ceci peut, si vous le voulez, s’exprimer comme il suit : attendu que ma conscience s’est abîmée dans le vice, je demande une conscience nouvelle : ou encore il entend ici par voie nombre de choses ignorées des hommes, ce que Paul nous montre aussi par ces paroles : « Nous ne savons ce que nous devons demander à Dieu, par nos prières. » (Rom. 8,26) Si Paul, doué d’une si grande connaissance, est ignorant sur ce point, qu’y a-t-il d’étonnant que le Psalmiste aussi professe la même ignorance ? Et maintenant, voyez qu’il ne recherche ici rien de sensible, mais la voie qui conduit à Dieu, et qu’il commence lui-même par faire d’abord ce qui dépend de lui. En effet, il ne se borne pas à dire : faites-moi connaître la voie qui conduit vers vous ; mais que dit-il ? « Parce que j’ai élevé mon âme vers vous », c’est-à-dire, je me suis attaché à vous, c’est sur vous que je tiens mes yeux fixés, c’est vous seul que je regarde. Voilà, en effet, à quelle condition Dieu se fait connaître. Aussi, disait-il en parlant des Juifs, quand on lui demandait pourquoi il ne leur adressait que des paraboles : « En voyant ils ne voient point, en écoutant, ils n’entendent point. » (Mt. 13,13) Quant à cette expression, « j’ai élevé », elle signifie j’ai conduit vers vous, j’ai transporté vers vous mon âme.
« Délivrez-moi de mes ennemis, Seigneur, parce que c’est à vous que j’ai recours (9). » Vous voyez que, partout, la prière est justifiée. « Ne détournez pas de moi, dit-il, votre visage, parce que c’est en vous que j’ai mis mon espérance. Faites-moi connaître votre voie, parce que j’ai élevé mon âme vers vous. Délivrez-moi de mes ennemis, parce que c’est à vous que j’ai recours. Enseignez-moi à faire votre volonté, parce que vous êtes mon Dieu (10). » Il ne se borne pas à dire enseignez-moi votre volonté, mais : « Enseignez-moi à faire votre volonté », c’est-à-dire conduisez-moi jusqu’à la pratique ; car il est besoin du secours d’en haut, de l’enseignement du ciel, pour que nous nous avancions dans la voie qui conduit à la vertu, et n’oublions pas cette condition, que nous ne demeurions pas inactifs, mais que nous fassions ce qui dépend de nous. « Parce que vous êtes mon Dieu. » Voyez-vous que ces prières n’ont rien que de spirituel ? il ne s’agit pas d’argent, de puissance, de gloire, mais de l’accomplissement de la volonté de Dieu. Voilà ce qu’il demande ; ce qui est le trésor de tous les biens, la richesse qui ne manque jamais, le principe et la racine de la félicité, et le milieu, et la fin. « Votre esprit souverainement bon me conduira dans une terre droite et unie. » Voyez-vous comment nous apprenons, comment nous recevons l’enseignement relatif à cette voie ? c’est par le moyen de l’Esprit-Saint. Aussi, disait Paul, « Dieu nous a révélé par son Esprit. » (1Cor. 2,10) Dans une terre droite et unie. » Si vous prenez le mot au propre, il désigne par là sa patrie ; si vous le prenez dans le sens anagogique, il entend la voie qui conduit à la vertu. Un autre texte dit : « Dans une terre plane ; ». c’est qu’en effet il n’y a rien de plus uni, qui ressemble plus à une surface plane que la vertu, libre de tout ce qui trouble, de tout tumulte : « Vous me ferez vivre, Seigneur, pour la gloire de votre nom. » Voyez-vous, ici encore, que c’est vers Dieu qu’il se réfugie, qu’il ne fonde pas sa confiance sur sa conduite ? « Selon l’équité de votre justice vous ferez sortir mon âme de l’affliction qui la presse. » Un autre texte : « Selon votre miséricorde. » Voyez-vous la vérité de ce que je disais plus haut, qu’il donne souvent à la justice let nom de clémence ? « Vous ferez sortir mon âme ! de l’affliction qui la presse. Priez en effet, dit le Seigneur, pourrie pas entrer en tentation. » (Mc. 14, 38) « Et vous exterminerez tous
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