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Paul, partout admiré quand il parlait, quand il ressuscitait les morts, guérissait les malades, mettait les démons en fuite, et cela par le simple contact de ses vêtements ? Il faisait de la terre un autre ciel, et amenait tous les hommes à la vertu.
3. S’il en est ainsi sur la terre, songez à la gloire qui attend les mêmes hommes dans les cieux. Qu’est-ce à dire : « Dans sa maison ? » C’est-à-dire avec lui. Quant aux richesses mondaines, elles ne sont pas, à vrai dire, avec celui qui les possède, puisque la possession n’en est jamais assurée : elles sont entre les mains des sycophantes, des flatteurs des magistrats, des esclaves de la maison : voilà pourquoi on les répand de tous côtés, comme si l’on craignait de les garder chez soi : de là tant de surveillance, de précautions parfaitement inutiles, puisqu’il n’est pas de sentinelle qui puisse empêcher la fuite de pareils trésors. « Et sa justice subsiste dans les siècles des siècles. » Un autre traduit : « Et sa miséricorde subsiste dans les siècles des siècles. » Ou il parle ici de la vertu en général, ou, spécialement, de la vertu opposée à l’injustice ; ou encore, si l’on adopte l’autre interprétation, par miséricorde il faut entendre la bonté. Telle est la puissance de la miséricorde. c’est une chose immortelle, impérissable, quine saurait jamais s’éteindre. Toutes les choses humaines sont emportées par le temps : seul, le fruit de la miséricorde subsiste éternellement sans se flétrir : et il n’est pas de conjoncture fâcheuse qui puisse en avoir raison. En vain le corps se dissout, elle lui survit ; elle part avant nous pour nous préparer ces gîtes dont parle le Christ en disant : « Dans la maison de mon Père j’ai des gîtes nombreux. » (Jn. 14,2) De sorte qu’en cela encore elle domine de beaucoup les choses humaines, qui sont loin d’avoir la même perpétuité. Nommerez-vous la beauté ? la maladie la flétrit, la vieillesse la consume. La puissance ? elle passe de main en main. La richesse, ou tout autre des avantages qui brillent d’un vif éclat dans la vie présente ? ou ils nous quittent de notre vivant,. ou ils nous abandonnent à l’instant de la mort. Il n’en est pas ainsi da fruit de la justice : le temps ne l’altère point, la mort ne le détruit pas ; au contraire, il n’est jamais si bien en sûreté qu’une fois à l’abri dans ce port tranquille.
« La lumière s’est levée dans les ténèbres pour les hommes droits (4). » Voulant décrire la félicité de l’homme qui craint. Dieu, le Psalmiste énumère jusqu’aux avantages qu’il recueille dans cette vie : par exemple, en disant que ses biens sont impérissables, qu’il jouira de la gloire, qu’il sera supérieur à tous, qu’il verra résister à toutes les attaques ceux qui lui ressemblent par leur vertu et deviennent, à ce titre, ses enfants, qu’au milieu des plus grands embarras, il jouira d’une sécurité parfaite. Voilà ce qui signifie : « La lumière s’est levée dans les ténèbres pour les hommes droits. » Dieu fera briller la lumière au milieu de l’obscurité en faveur des hommes ainsi disposés, de ceux qui marchent droit. Qu’est-ce à dire dans les ténèbres ? Cela signifie que même dans les tribulations, la détresse, les tentations, Dieu les comblera subitement de joie. – C’est ce que Paul indique en disant : « Je ne veux pas que vous ignoriez, touchant la tribulation qui nous est survenue en Asie, que le poids en a été excessif et au-dessus de nos forces, au point que nous étions las de vivre. » Voilà les ténèbres. « Mais nous, nous avons reçu en nous-mêmes l’arrêt de la mort, afin que nous ne mettions pas notre confiance en nous, mais en Dieu qui ressuscite les morts, qui nous a délivrés de si grands périls. » (2Cor. 100,8-10) Voyez-vous la lumière qui se lève ? Vous pouvez observer la même chose au sujet des trois enfants. Ils s’attendaient à être brûlés, et une rosée pure tomba sur eux. De même pour Daniel et les autres prophètes. Que si quelqu’un veut voir ici une autre figure, il la trouvera justifiée par ce qui s’est passé dans le monde. Les ténèbres couvraient la terre et l’océan, l’erreur était partout répandue : alors, d’en bas se leva le Soleil de la justice. En effet, comme les hommes d’alors, oubliant le ciel, cherchaient Dieu sur la terre, c’est là qu’il leur apparut dans sa condescendance pour leur faiblesse, afin de les élever aux sublimes hauteurs.
« Le Seigneur Dieu est miséricordieux, compatissant et juste. » Il vient de dire que « la « justice de Dieu subsiste », afin de nous consoler. Mais comme parmi les hommes miséricordieux et ceux dont la vie est droite, il en est beaucoup dont le sort ne répond pas à leur mérite, il ajoute ensuite cette autre consolation : « Le Seigneur est miséricordieux, compatissant et juste ; » d’où l’on peut tirer une