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Dieu ! vous n’avez voulu ni offrande ni sacrifice ». – Le tabernacle était fait de main d’homme : la main de l’homme n’a point construit le nôtre. – L’un vit couler le sang des boucs, l’autre le sang du Seigneur : en celui-là le prêtre se tient debout ; dans notre sanctuaire, il est assis.
Tout étant donc bien moindre d’un côté, et bien plus grand de l’autre, il conclut et nous dit : « C’est pourquoi, mes frères, ayez confiance ». Et pourquoi, confiance ? à cause du pardon. Car, dit-il, comme le péché produit et apporte la honte, ainsi la confiance naît et se produit par la certitude que tous nos péchés nous ont été remis. Et ce n’est pas pour cette raison seulement ; c’est aussi parce que nous sommes devenus ses cohéritiers et les objets de cette immense charité. – « Dans l’entrée au sanctuaire ». Où, cette entrée ? Au ciel, dans une voie et un progrès tout spirituels. – « La voie qu’il a ouverte pour nous », c’est-à-dire, qu’il a construite, et par où il est entré tout d’abord. En effet, ouvrir signifie ici commencer d’user. Or il l’a préparée, cette voie, nous dit-il, et lui-même est entré « dans cette voie nouvelle et vivante ». Il montre ici la plénitude de notre espérance. Cette voie est nouvelle, dit-il ; car il veut nous montrer que nous sommes bien plus grandement partagés que les anciens, puisqu’à présent les portes du ciel sont ouvertes, bonheur que n’avait pas l’époque d’Abraham. Et c’est avec raison qu’il l’appelle voie nouvelle et vivante ; car l’antique voie était un chemin de mort conduisant aux enfers ; celle-ci mène à la vie. Et toutefois il ne l’appelle pas la route de vie, mais la route vivante, c’est-à-dire permanente. – « Par le voile », dit-il, « par sa chair » ; car cette chair sacrée lui ouvrit à lui-même et tout d’abord ce bienheureux chemin, qu’il est dit avoir inauguré, puisqu’avec cette chair, il y est entré le premier. Cette chair, il l’appelle un voile, et à bon droit ; car lorsqu’il eut été enlevé dans le ciel, alors tout ce qui est dans les cieux s’est dévoilé.
« Approchons-nous », dit-il, « avec un cœur sincère ». Qui pourra donc approcher de lui ? L’homme saint, armé de la foi et de l’adoration en esprit ; – « avec un cœur sincère et dans la plénitude de la foi », parce qu’en effet, rien chez nous n’est visible, ni le prêtre, ni le sacrifice, ni l’autel ; bien que, chez les juifs mêmes, le grand prêtre fut invisible aussi, entrant seul au Saint des Saints, tandis que tous les autres, tout le peuple restait dehors. Ici au contraire, non content de montrer que notre prêtre a pénétré dans le sanctuaire, (ce qu’il déclare en ces termes : « Nous avons aussi un grand prêtre qui est établi sur la maison de Dieu »), il déclare que nous y entrerons après lui. « Ayons donc », dit-il, « la plénitude de la foi (21, 22) ». Il peut arriver, en effet, que vous croyiez, mais avec des doutes ; comme plusieurs même à présent prétendent que tels ressusciteront, et que tels autres ne ressusciteront pas. Ce n’est pas là une foi pleine et entière. Il faut croire comme vous croyez à ce que vous voyez, et bien plus fermement encore ; car notre vue peut se tromper même dans les objets qu’elle perçoit ; mais dans les enseignements de la foi, l’erreur est impossible. Dans le premier cas, nous écoutons un de nos sens ; dans le second, l’Esprit divin est notre maître.
« Ayant le cœur purifié des souillures de la mauvaise conscience (23) ». Il enseigne que non seulement la foi est exigée pour le salut, mais aussi la conduite et la vie vertueuse, et une conscience qui ne se reproche aucune iniquité. A défaut de cet ensemble de dispositions, l’on ne peut recevoir en leur plénitude les choses saintes car saintes en elles-mêmes, les choses saintes sont surtout pour les saints. Aucun profane n’entre donc ici ; Israël se purifiait de corps, nous de conscience. Une sainte aspersion nous est encore permise, celle de la vertu. « Ayant eu aussi le « corps lavé dans l’eau qui purifie ». Il parle ici d’un bain qui ne purifie pas le corps, mais l’âme. – « Car l’auteur de nos promesses est fidèle ». Mais à quelles promesses doit-il être fidèle ? C’est que nous avons à sortir d’ici, pour entrer dans un royaume. Au reste, ne sondez pas avec curiosité la parole divine, n’en exigez pas les raisons. Nos saintes vérités requièrent la simplicité de la foi.
« Et ayons les yeux les uns sur les autres pour nous provoquer mutuellement à la charité et aux bonnes œuvres, ne nous retirant pas de l’assemblée des fidèles, comme quelques-uns ont accoutumé de faire, mais nous exhortant les uns les autres, d’autant plus que vous voyez que le jour approche (24, 25) ». – Conformément à ce qu’il dit ailleurs : « Le Seigneur est proche ; soyez sans inquiétude (Phil. 4,5) ; Car aujourd’hui notre salut est plus près de nous ». Et encore : « Le temps est court ». (1Cor. 7,29) – Mais pourquoi faut-il « ne pas abandonner l’assemblée des fidèles ? » C’est qu’il sait qu’une réunion, une congrégation présente, devant Dieu, une force particulière. « Car », a dit le Seigneur, « quand deux ou trois d’entre vous se rassemblent en mon nom, je suis là, au milieu d’eux ». Il dit aussi : « Qu’ils ne soient qu’un, comme nous ne sommes qu’un ». (Jn. 17,11) Et on lit ailleurs : « Tous n’avaient qu’un cœur et qu’une âme ». (Act. 4,32) Et ce n’est pas là le seul avantage d’une réunion ; par sa nature, une assemblée chrétienne commande et augmente la charité ; et cet accroissement de charité emporte et attire un surcroît de bénédictions divines. « La prière », est-il dit, « se faisait sans relâche par tout le peuple ». (Act. 12,5) – « Comme quelques-uns ont l’habitude de s’isoler » il ne s’en tient pas à exhorter, il sait reprendre aussi. – « Et ayons les yeux les uns sur les autres pour nous provoquer mutuellement à la charité et aux bonnes œuvres ». Il sait que déjà leurs réunions suivent cette règle. Comme le l’or aiguise le fer, ainsi le rapprochement augmente la charité ; et si une pierre broyée contre une autre pierre, fait jaillir le feu, combien plus une âme qui se fond dans une âme ! Voyez : il ne dit pas : Pour rivaliser entre vous ; mais : « Pour provoquer votre charité mutuelle ». Mais, qu’est-ce que cette provocation de charité ? C’est le désir d’aimer et d’être aimé davantage ; « et vos bonnes