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êtes mes disciples ? à votre charité les uns pour les autres ». (Jn. 13,35) Ce signe particulier qui les fait reconnaître, il le montre ici. Ce ne sont pas les miracles, et qu’est-ce donc ? C’est la charité qu’ils ont les uns pour les autres. Et ailleurs il dit à son Père : « On reconnaîtra que vous m’avez envoyé à ce signe : ils ne seront qu’un ». (Jn. 17,21) Et lui-même dit à ses disciples:« Voici un nouveau précepte que je vous donne, aimez-vous les uns les autres ». (Jn. 13,34)

Il y a donc plus de mérite et de gloire à cela qu’à ressusciter les morts, et c’est justice. Car tous ces dons que nous avons mentionnés, sont des présents de la grâce divine ; celui-ci est le fruit du zèle ; d’est l’apanage du vrai chrétien ; c’est le sceau du disciple de Jésus-Christ, de ce disciple que l’on crucifie et qui n’a rien de commun lavée la terre. Sans la charité, le martyre même est inutile. Voulez-vous le savoir ? Remarquez bien ceci. Saint Paul divise les vertus en trois classes principales : celle des signes miraculeux, celle de la science, celle qui consiste dans une vie droite. Eh, bien ! ces vertus, selon lui, ne sont rien, sans la charité. Comment cela ? je vais vous le dire : « Quand j’aurais distribué tout mon bien pour nourrir les pauvres, si je n’ai point la charité, cela ne me sert de rien ». (1Cor. 13,3) Il est possible en effet, que celui qui distribue ainsi son bien, ne soit point charitable et ne soit qu’un prodigue. C’est ce qui a été suffisamment développé dans le passage où nous avons parlé de la charité, et nous y renvoyons le lecteur ! Soyons donc jaloux, je le répète, d’acquérir la charité, aimons-nous les uns les autres, et cette voie, à elle seule, nous fera parvenir à la vertu. Tout nous sera facile. Plus de sueurs ; tout nous réussira et nous ferons tout avec zèle. Oui, répète-t-il, aimons-nous les uns les autres. Cet homme a deux ou trois amis ; cet autre en a quatre. Mais ce n’est pas là ce qui s’appelle aimer pour Dieu ; c’est aimer pour être aimé. L’amour qui a Dieu pour cause, ne dérive pas d’un semblable principe. L’homme qui aime pour Dieu regardera tous les hommes comme ses frères. Ceux qui partagent sa croyance, il les aimera comme des frères germains ; quant aux hérétiques, aux Grecs et aux Juifs qui sont ses frères selon la nature, mais qui sont des membres corrompus et inutiles, il en aura pitié, et se consumera dans les larmes, en déplorant leur sort.

Le moyen de ressembler à Dieu, c’est d’aimer tout le monde et même ses ennemis ; ce n’est pas de faire des miracles. Car Dieu lui-même, si nous, l’admirons quand il fait des miracles, nous l’admirons bien davantage encore, quand il manifesté sa bonté et sa patienté. Si donc ces vertus sont tellement admirables dans la nature divine, à plus forte raison sont-elles admirables chez l’homme. Montrons-nous donc jaloux d’acquérir la charité, et nous égalerons saint Pierre, saint Paul, et ces hommes qui ont opéré des milliers de résurrections. Oui : nous les égalerons, quand même nous n’aurions pas le pouvoir de guérir une simple fièvre. Mais, sans la charité, quand même nous ferions plus de miracles que les apôtres, quand nous affronterions mille dangers, pour faire triompher la foi, tout, cela sera en pure perte. Et ici ce n’est pas moi qui parle ; cette doctrine est celle du nourrisson de la charité, et c’est à lui que nous devons obéir. C’est ainsi que nous obtiendrons les biens qui nous sont promis. Ces biens, puissions-nous tous les acquérir, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ. A lui, au Père et au Saint-Esprit, gloire, puissance et honneur, maintenant et toujours, et dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE IV.


CAR DIEU N’A POINT SOUMIS AUX ANGES LE MONDE FUTUR DONT NOUS PARLONS. OR QUELQU’UN A DIT DANS UN ENDROIT DE L’Écriture : QU’EST-CE QUE L’HOMME POUR MÉRITER VOTRE SOUVENIR ? ET QU’EST-CE QUE LE FILS DE L’HOMME POUR]ÊTRE HONORÉ DE VOTRE VISITE ? VOUS L’AVEZ RENDU, POUR UN TEMPS, INFÉRIEUR AUX ANGES. (II, 5, JUSQU’A 15)

Analyse.

  1. Pourquoi Dieu n’a-t-il pas voulu nous faire connaître d’avance le jour de notre mort ?
  2. Le royaume de Dieu. – La gloire du Fils de l’homme. – Les fruits de la croix.
  3. L’incarnation et la passion du Christ plus grandes que la création.
  4. Le Christ a terrassé la mort et le démon. – Celui qui ne craint pas la mort est libre et grand.
  5. Il ne faut pas, dans les funérailles, faire étalage de sa douleur. – Il ne faut pas payer des pleureuses à gages.
  6. II faut se soumettre à l’Église. – II faut savoir supporter les réprimandes.

1. Je voudrais savoir positivement si quelques-uns d’entre vous écoutent comme il faut nos paroles, et si nous ne jetons pas la semence le long de la route. Votre attention nous donnerait plus d’ardeur à poursuivre cet enseignement. Quand personne ne devrait nous écouter, nous parlerons sans doute, parce que Nous craignons le Sauveur. Car il est dit : Rendez-nous témoignage devant ce peuple et, s’il ne vous écoute pas, vous n’en serez pas responsable. Mais si j’étais sûr de votre attention, ce n’est pas la crainte qui me ferait parler, mais ce serait avec plaisir que je remplirais