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a lieu ; nous nous déchirons, nous nous dévorons les uns les autres ; nous ne craignons point notre maître, nous ravissons ce qui appartient à des serviteurs comme nous, nous volons, nous frappons, sous ses yeux. Nul esclave ne ferait cela ; s’il frappe, c’est loin des yeux de son maître ; s’il profère des injures, c’est loin de ses oreilles ; mais nous osons tout, et pourtant Dieu nous voit et nous entend. La crainte du maître leur est toujours présente ; à nous, jamais. C’est pour cela que l’on voit partout le bouleversement, la confusion, la corruption ; nous ne réfléchissons point à nos péchés, et, quand nos serviteurs commettent des fautes même les plus petites, nous les examinons toutes avec rigueur. Je ne dis point cela pour enseigner la paresse aux esclaves, mais pour secouer la nôtre, pour réveiller notre nonchalance, afin que nous soyons au moins pour Dieu ce que nos esclaves sont pour nous, eux qui sont de même nature que nous et n’ont point reçu de nous des bienfaits comparables à ceux dont Dieu nous comble. Eux aussi sont libres par nature. La parole : « Qu’ils commandent aux poissons, etc. » (Gen. 1,26), a été dite aussi pour eux. La servitude ne vient pas de la nature ; elle vient d’un châtiment et de circonstances malheureuses, et cependant ils nous portent un grand respect. Nous leur prescrivons exactement tout ce qui concerne notre service, et la plupart du temps nous nous dérobons à celui de Dieu dont tout l’avantage est pour nous. Car plus nous serons zélés à ce service, plus nous aurons de bonheur et de gain. Ne nous privons point nous-mêmes d’un tel avantage ; car Dieu se suffit et n’a besoin de rien ; récompense et gain retomberont sur nous. Il semble donc que ce ne soit pas Dieu que nous servons, mais nous-mêmes ; obéissons-lui avec crainte et tremblement, afin d’obtenir les biens promis par Jésus-Christ Notre-Seigneur, avec qui soient au Père et au Saint-Esprit, gloire, puissance, honneur, maintenant et toujours, et aux siècles des siècles. Ainsi soit-il.


HOMÉLIE XVII.


ENSEIGNEZ CELA, EXHORTEZ A L’ACCOMPLIR. SI QUELQU’UN DONNE UN ENSEIGNEMENT DIFFÉRENT ET N’ACQUIESCE POINT AUX PURES DOCTRINES DE NOTRE-SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST, ET A LA SCIENCE QUI EST CONFORME A LA PIÉTÉ, C’EST UN ORGUEILLEUX QUI NE SAIT RIEN, MAIS QUI A LA MALADIE DES RECHERCHES ET DES DISPUTES DE MOTS, D’OÙ NAISSENT L’ENVIE, LES QUERELLES, LES BLASPHÈMES, LES SOUPÇONS MAUVAIS, LES FROISSEMENTS EXCITÉS PAR DES HOMMES D’UN ESPRIT GÂTE, ÉLOIGNÉS DE LA VÉRITÉ, CONFONDANT LE GAIN ET LA PIÉTÉ [ÉLOIGNEZ-VOUS DE CES HOMMES]. OUI, C’EST UN GRAND GAIN QUE LA PIÉTÉ AVEC LA MODÉRATION DANS LES DÉSIRS. CAR NOUS N’AVONS RIEN APPORTÉ EN CE MONDE, ET IL N’EST PAS DOUTEUX QUE NOUS N’EN POURRONS RIEN EMPORTER. (VI, 2-7 JUSQU’À 12)

Analyse.

  • 1. Il faut, à celui qui est chargé d’enseigner, de l’autorité et de la douceur. – L’orgueil naît de l’ignorance.
  • 2. La cupidité est ennemie de la foi et du salut.
  • 3. Elle est la racine de tous les maux.


1. Celui qui enseigne n’a pas seulement besoin d’autorité, mais d’une grande douceur ; comme il n’a pas besoin de douceur seulement, mais aussi d’autorité. Tout cela, le bienheureux Paul l’enseigne en disant, tantôt : « Prescrivez et enseignez ceci », tantôt : « Enseignez cela, exhortez à l’accomplir ». Car, si les médecins exhortent leurs malades, non pour revenir eux-mêmes à la santé, mais pour les guérir de leurs maladies et les remettre sur pied, nous devons bien davantage user aussi d’exhortations envers ceux que nous enseignons. Le bienheureux Paul, en effet, ne refuse point de servir, quand il dit : « Nous ne nous prêchons point nous-mêmes, mais nous prêchons le Christ Jésus ; et quant à nous, nous mous regardons comme vos serviteurs, à cause de Jésus » (2Cor. 4,5) ; et ailleurs : « Tout est à vous, que ce soit Paul ou Apollon ». (1Cor. 3,22) Il sert ainsi de