Page:Chronique d une ancienne ville royale Dourdan.djvu/413

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion


397
PROMENADE DANS LES DEUX CANTONS DE DOURDAN.

Laissant à droite une plaine qui nous ramènerait, par Plateau et Marchais, sur la commune de Roinville, nous retrouvons le village des Granges-le-Roy, à une demi-lieue de Dourdan, au sommet de l’angle formé par la route d’Étampes et la route de Beauce que nous avions quittée. Il est inutile de revenir ici sur les détails que nous avons eu occasion de donner dans le cours de cette histoire, au sujet d’une des plus anciennes dépendances du domaine de Dourdan ; sur son rôle de grenier ou de granche du roi ; sur ses redevances en nature pour les chasses du seigneur ; sur la fondation de son prieuré contemporain de celui de Saint-Germain de Dourdan. Nous avons vu, en effet, que l’église de Saint-Léonard des Granges-le-Roy fut concédée vers 1150, par Goslin de Lèves, aux chanoines augustins de l’abbaye de Saint-Chéron-lès-Chartres, et nous trouvons, dès 1170, une transaction entre le prieur et les habitants, pour « le luminaire de la Saint-Barthélemy[1]. »

On connaît toutes les difficultés nées au xiiie siècle pour la perception de la dîme de vindesGranges dont une partie du territoire était cultivée en vignes, et les procédures du curé « Barthélemy Jorri » en 1217. L’église de Saint-Léonard, qui date à la fois du xiie, xiiie et xive siècle et dont la tour carrée se voit de très-loin, partageait avec celle de Dourdan les offrandes et les legs pieux des propriétaires du pays, et son revenu s’élevait au xiiie siècle à environ 4,000 francs d’aujourd’hui. Le patron, saint Léonard, était l’objet du pèlerinage des mères de la contrée qui y portaient leurs enfants « pour les faire parler. » On voit, dans le chœur et dans le milieu de la nef, des pierres tombales du xive et du xve siècle, qui portent les noms de plusieurs laboureurs et agriculteurs de la paroisse, spécialement des terres de Louye, et attestent d’une manière intéressante le rôle honorable du cultivateur dans la région.

La plus grande partie de la seigneurie et des droits domaniaux des Granges-le-Roy avait été, comme on l’a dit, engagée par saint Louis à Jean Bourguignel et transmise par celui-ci aux « dames de Lonchamp. » Nous avons cité les contrats, cueillerets, terriers, établissant à diverses époques les droits de ces dames sur le territoire et donnant des détails curieux sur l’ancienne consistance du sol[2] ; leurs arrangements avec M. de Passart, au xviie siècle ; leurs transactions avec le duc d’Orléans à la fin du xviiie.

Un très-ancien fief, dont le nom rappelle ceux des seigneurs de Dourdan, le fief de Jean et Louis, fils de roy, situé au centre et aux environs du village des Granges, se partageait entre les seigneurs de Sainte-

  1. Archives d’Eure-et-Loir, fonds de Saint-Chéron. — Voir au même fonds d’autres pièces : acquisition par le prieur d’une maison au village des Granges (décembre 1326). — Bail de prés à Dourdan par le prieuré (1391). — Prise de possession du prieuré, par Jean Aubert (1408), etc.
  2. Voir Chapitre IV, p. 39. Chapitre XIII, p. 130, 148. — Pièce justificative XVI.