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CHAPITRE IV.

gieux, d’abord nombreux, y avaient été réduits, et, dans un chapitre général de l’ordre tenu à Grandmont en 1295, Louye n’est destiné que pour sept religieux seulement, et sa pension annuelle à la maison-mère fixée à 20 livres.

Les fossés d’enceinte, qui appartenaient au monastère, renfermaient un terrain d’une contenance totale de 453 arpents environ, dont 346 en bois et 96 arpents, 72 perches en terres labourables, trop ombragées par la haute futaie et ravagées par le gibier. Cette clôture extérieure ou grande clôture renfermait une enceinte intérieure ou petite clôture. Dans cette dernière se trouvaient l’église, les bâtiments claustraux et réguliers, le jardin et les dépendances servant au couvent et à l’exploitation. Ce double enclos s’appelait aussi franchise, parce qu’il jouissait des nombreux et beaux priviléges accordés à l’ordre de Grandmont par les rois et les souverains pontifes : exemption de la juridiction épiscopale et ordinaire du diocèse ; permission aux religieux de sonner les cloches et d’officier même en temps d’interdit général et d’exercer les fonctions curiales à l’égard de leurs domestiques et commensaux ; exemption de toute dîme, pour tout ce qui se recueillait dans l’enclos, de toute mouvance, cens, servitudes, tailles, logement de gens de guerre, etc. ; droit de haute, moyenne et basse justice dans l’étendue de l’enclos[1].

Dans les siècles suivants, tour à tour favorisé par les seigneurs de Dourdan, ou ravagé par la guerre, le prieuré de Louye acquit et perdit successivement des biens assez considérables et des rentes nombreuses sur le territoire de Dourdan et sur les territoires voisins. La perception d’une partie des dîmes de la paroisse Saint-Germain, en lui imposant quelques charges, forma aussi une des principales sources du revenu du couvent. Dès le xiiie siècle, c’est une matière à litige et l’occasion d’un long procès avec les chanoines de Saint-Chéron.

Nous devons mentionner enfin, bien qu’elles n’aient jamais été présentes à Dourdan que par leurs procureurs, les dames de l’Umilité-Notre-Dame, ou dames de Lonchamp, qui, par la cession de Jean Bourguignel, jouissaient du champart seigneurial à Dourdan et aux Granges. Elles ne tardèrent pas à y ajouter, par diverses acquisitions, une foule d’autres droits, qui leur constituèrent, à une certaine époque, une censive très-importante sur laquelle nous aurons occasion de revenir[2].

  1. Pour justification de tous ces droits et priviléges, le prieuré de Louye conservait dans ses archives un manuscrit ancien, écrit en caractères gothiques, et aujourd’hui perdu, contenant cent rôles de parchemin, où étaient les bulles, règles et priviléges concédés à l’ordre.
  2. Le rôle des cens dus à l’abbaye pour l’an 1340, conservé aux archives d’Orléans, sur un parchemin à demi-effacé, de 0,90 centim. de long, contient des noms de personnes et de lieux intéressants pour l’histoire locale de cette époque. Nous en donnons ici un échantillon sous forme d’extrait, d’après une fidèle copie faite pour nous par l’aimable et savant archiviste du Loiret, M. Maupré :

    « La fame feu Gilet Mahi, pour sa terre de l’Estanc, 3 deniers ; item, pour sa meson des Vergiers, 5 sols.