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32e. — page 151.

Comme une moissonneuse.

Jusqu’ici on avoit comparé le jeune homme mourant à l’herbe, à la fleur coupée, « succisus aratro ; » j’ai transporté les termes de la comparaison, et j’ai comparé Velléda à la moissonneuse elle-même. La circonstance de la faucille d’or m’a conduit naturellement à l’image : un poëte habile pourra peut-être profiter de cette idée et arranger tout cela un jour avec plus de grâce que moi.

Ici se terminent les chants pour la patrie. J’ai peint notre double origine ; j’ai cherché nos costumes et nos mœurs dans leur berceau, et j’ai montré la religion naissante chez les fils aînés de l’Église. En réunissant ces six livres et les notes de ces livres, on a sous les yeux un corps complet de documents authentiques touchant l’histoire des Francs et des Gaulois. C’est chez les Francs qu’Eudore est témoin d’un des plus grands miracles de la charité évangélique ; c’est dans la Gaule qu’il tombe, et c’est un prêtre chrétien de cette même Gaule qui le rappelle à la vraie religion. Eudore porte nécessairement dans les cachots les souvenirs de ces contrées demi-sauvages auxquelles il doit, pour ainsi dire, et ses vertus et son triomphe. Ainsi, nous autres François, nous participons à sa gloire, et, du moins sous un rapport, le héros des Martyrs, quoique étranger, se trouve rattaché à notre sol. Ces considérations, peut-être touchantes, n’auroient point échappé à la critique, si on n’avoit voulu aveuglément condamner mon ouvrage, en affectant de méconnoître un grand travail et un sujet intéressant, même pour la patrie.

LIVRE ONZIÈME.


1re Remarquepage 152.

La grande époque de ma vie.

Voilà qui lie absolument le récit à l’action, en amenant le repentir et la pénitence d’Eudore, et ce qui rentre dans les desseins de Dieu, desseins qui sont expliqués dans le livre du Ciel.


2e. — page 152.

Il me nomma préfet du prétoire des Gaules.

J’ai dit plus haut qu’Ambroise étoit le fils du préfet du prétoire des Gaules ; mais je suppose à présent que le père d’Ambroise étoit mort ou qu’il ne possédoit plus cette charge.