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ET CRITIQUE

Dignius hoc nulliim poteras sperare sepulcrum,
In Cosmi sancta qui requiescis humo.


Et à l’instant mesme le traduisis en cette façon :

Si Cosme en grec denote l’univers,
Et que ton nom embelli par tes vers
Passe bien loin les bornes du royaume,
Tu ne pouvois choisir manoir plus beau,
Pour te servir, mon Ronsard, de tombeau,
Que ce saint lieu, ainçois que ce saint Cosme ».


(Rech. de la Fr., VII, chap. x, éd. d’Amsterdam 1723, tome I, col. 730 ; cf. tome II, col. 932. À noter que ce chap. a été rédigé vers 1607, avant l’érection du marbre funéraire dû à Joachim de la Chétardie.)

P. 35, l. 27. — jusqu’à la mort. Ce sizain n’est qu’une variante, ou plutôt une réminiscence, des deux premières strophes d’une odelette A P. Paschal, publiée en tête du Bocage de 1554, supprimée par Ronsard dès sa première édition collective en 1560, et par conséquent inconnue de Binet. La source primitive est un fragment de Callimaque, publié par Turnèbe en 1553, et traduit antérieurement par Muret dans ses Juvenilia (v. ma thèse sur Ronsard p. lyr., pp. 124 à 126, surtout la note 1 de la p. 126).

P. 35, l. 31. — ses serviteurs. Binet, d’après la parenthèse de cette phrase, devait avoir sous les yeux le testament de Ronsard, ou une copie communiquée par Galland. Cette pièce semble aujourd’hui perdue. Mais, le même jour, il fit rédiger par Me Chevrolyer, notaire à Tours, un acte complémentaire qui nous est parvenu : « Oubliant, dit L. Froger, l’abandon qu’il avait fait de ses prieurés en faveur de Jean Galland (le 20 septembre précédent ; v. ci-dessus, p. 178, aux mots « de sa volonté », ou cédant à des influences que nous ignorons, faute de connaître assez les personnages qui l’entouraient », Ronsard abandonna les mêmes bénéfices à d’autres, celui de Saint-Guingalois à Gatien Moreau, prêtre du diocèse du Mans, celui de Croixval à René Guétier, prêtre du diocèse du Mans, celui de Saint-Gilles à Pierre Mouzay, prêtre du diocèse de Tours. La copie de cette résignation, qui se trouve aux Archives de la Sarthe (XVIIIe registre des Insinuations, fo 108 ro), a été publiée par l’abbé Froger dans son Ronsard ecclésiastique, p. 68.

Après le décès de Ronsard, ces trois personnages se hâtèrent de prendre possession des susdits bénéfices. Galland ne put les devancer ; il réussit cependant, en avril 1586, à écarter ses concurrents et resta paisible possesseur des trois prieurés que son ami avait d’abord résignés en sa faveur (cf. un article de l’abbé Froger, De trois bénéfices vacants à la mort de Ronsard, Ann. Fléch. de mai 1907, p. 169).

P. 36, l. 1. — Sirlet. Guillaume Sirlet, né en 1514 à Guardavalle (Calabre), mourut à Rome le 8 octobre 1585. Professeur de rhétorique à Rome, puis précepteur du futur pape Marcel II, il devint en 1555 secrétaire du Concile de Trente, cardinal, évêque de San Marco, enfin conservateur de la Bibliothèque du Vatican. Grand érudit, qui a laissé des Adnotationes in psalmos, quelques Vies des Saints, traduites en latin