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ET CRITIQUE

1609 et dans celles de 1617 et 1630. En 1623, on a rétabli la leçon primitive : « le sieur de Nau son Secretaire ». G. Colletet, qui avait sans doute sous les yeux l’édition de 1609, ou celle de 1617, qu’il a pillée sans vergogne, a écrit : « Cette princesse, toute prisonniere qu’elle estoit, l’an 1583, luy envoya par un de ses secretaires, nommé le seigneur Nauzon, un buffet de deux mille escus. » (Vie de Ronsard, éd. citée, p. 43). Cimber et Danjou ont adopté la leçon de 1609, en l’aggravant par une virgule, « le sieur de Nauson, secrétaire » (Arch. cur. de l’Hist. de Fr., 1re  série, tome X, p. 391). Enfin l’abbé Simon a corrompu encore plus le texte de Binet en donnant pour secrétaire à Marie Stuart « le sieur de Nanson » (Hist. de Vendôme, III, p. 537). Bien que Nanson ait un air plus anglais ou écossais que Nau, nous croyons sage d’adopter la leçon primitive, ainsi que l’a fait Blanchemain dans la notice de son éd. de Ronsard (VIII, 40).

P. 29, l. 4. — pour son hoste. Jean Galland, d’Arras, fut avec Binet l’exécuteur testamentaire de Ronsard, et rédigea la dédicace de la première édition posthume de ses Œuvres au roi Henri III, où l’on voit qu’il « acquit par le droit d’hospitalité la familière accointance de feu Mr de Ronsard » (Bl., I, xv et xviii). Cette dédicace est suivie de vers latins de Nicolas Ellain, médecin parisien, Ad Janum Gallandium P. Ronsardi Pyladem. Le Tombeau de Ronsard contient quelques distiques latins de J. Galland Piis amici Ronsardi manibus (Id., VIII, 253).

Jean Galland était simple clerc tonsuré du diocèse de Saint-Omer. Le pape Sixte-Quint le fit entrer en possession de trois prieurés laissés vacants par la mort de Ronsard (v. ci-après, aux mots « de sa volonté et ses serviteurs »), à la condition qu’il recevrait le sous-diaconat dans les six mois suivants, et se disposerait à la prêtrise dans le délai d’une année (Arch. dép. de la Sarthe, registre G. 349, fo 121, ro). Sur ce personnage, v. La Croix du Maine, op. cit., au nom de Pierre Galland, oncle de Guillaume, qui fut lui-même oncle de Jean : tous trois se succédèrent comme principaux du Collège de Boncourt : et quand Jean Galland mourut, en janvier 1612, ce fut son neveu, Philippe Galland qui lui succéda non seulement comme principal du dit Collège, mais comme prieur de Croixval et de Saint-Gilles de Montoire.

Sur le Collège de Boncourt (Becodiana domus), qui était situé à l’emplacement de l’Ecole Polytechnique (du côté des rues Descartes et Clovis), cf. E. Frémy, L’Acad. des derniers Valois, p. 56.

Sur les fréquents séjours de notre poète au Collège de Boncourt, les exemples de piété, d’érudition et d’éloquence qu’il y donnait aux professeurs et aux élèves, les visites qu’il y recevait et les soins affectueux dont Galland l’y entoura jusqu’en 1585, voir un long développement de Jacques Velliard : professeur au collège et témoin oculaire, il en parle avec émotion dans sa deuxième Laudatio funebris, à partir de : « Te semper fortunatam duxi, Becodiana domus, et quoad vivam felicem prædicabo... » (ff. 16 ro à 17 ro). Cf. G. Critton : « Hem, tunc, Ronsarde, quem toties obstupescentibus oculis praesentem sumus intuiti, toties in hac area sub umbraculis his et lucis inambulantem... » (Laud. fun., p. 10.)