de celle d’Aaron, qui a duré jusqu’à l’avènement
de Jésus-Christ et dont il on reste encore
aujourd’hui quelques débris. À l’égard de la
maison d’Héli, Dieu avait déjà dit que tous
ceux qui resteraient de cette maison périraient
par l’épée. Comment donc ce qu’il dit ici
peut-il être vrai : « Quiconque restera de votre
maison viendra l’adorer», à moins qu’on
ne l’entende de toute la famille sacerdotale
d’Aaron ? Si donc il existe de ces restes prédestinés
dont un autre prophète dit : « Les
restes seront sauvés[1]» ; et l’Apôtre : « Ainsi,
en ce temps même, les restes ont été sauvés
selon l’élection de la grâce[2]» ; si, dis-je, il
est quelqu’un qui reste de la maison d’Aaron,
indubitablement il croira en Jésus-Christ,
comme du temps des Apôtres plusieurs de
cette nation crurent en lui ; et encore aujourd’hui,
l’on en voit quelques-uns, quoique en
petit nombre, qui embrassent la foi et en qui
s’accomplit ce que cet homme de Dieu ajoute :
« Il viendra l’adorer avec une petite pièce
d’argent ». Qui viendra-t-il adorer, sinon
ce souverain prêtre qui est Dieu aussi ? Car
dans le sacerdoce établi selon l’ordre d’Aaron,
on ne venait pas au temple ni à l’autel pour
adorer le grand prêtre. Que veut dire cette
petite pièce d’argent, si ce n’est cette parole
abrégée de la foi dont l’Apôtre fait mention
après le Prophète, quand il dit : « Le Seigneur
fera une parole courte et abrégée sur
la terre[3]? » Or, que l’argent se prenne pour
la parole de Dieu, le Psalmiste en témoigne,
lorsqu’il dit : « Les paroles du Seigneur sont
pures, c’est de l’argent qui a passé par le
feu[4]».
Que dit donc celui qui vient adorer le prêtre de Dieu et le prêtre-Dieu ? « Donnez-moi, je vous prie, quelque part en votre sacerdoce, afin que je mange du pain ». Ce qui signifie : Je ne prétends rien à la dignité de mes pères, puisqu’elle est abolie ; faites-moi seulement part de votre sacerdoce. « Car j’aime mieux être méprisable dans la maison du Seigneur[5]» ; entendez : pourvu que je devienne un membre de votre sacerdoce, quel qu’il soit. Il appelle ici sacerdoce le peuple même dont est souverain prêtre le médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ homme. C’est à ce peuple que l’apôtre saint Pierre dit : « Vous êtes le peuple saint et le sacerdoce royal[6]». Il est vrai que quelques-uns, au lieu de votre sacerdoce, traduisent votre sacrifice, mais cela signifie toujours le même peuple chrétien. De là vient cette parole de l’Apôtre : « Nous ne sommes tous ensemble qu’un seul pain et qu’un seul corps en Jésus-Christ[7]» ; et celle-ci encore : « Offrez vos corps à Dieu comme une hostie vivante[8]». Ainsi, quand cet homme de Dieu ajoute : « Pour manger du pain », il exprime heureusement le genre même du sacrifice dont le jirêtre lui-même dit : « Le pain que je donnerai pour la vie du monde, c’est ma chair[9]». C’est là le sacrifice qui n’est pas selon l’ordre d’Aaron, mais selon l’ordre de Melchisédech. Que celui qui lit ceci l’entende. Cette confession est en même temps courte, humble et salutaire : « Donnez-moi quelque part en votre sacerdoce, afin que je mange du pain ». C’est là cette petite pièce d’argent, parce que la parole du Seigneur, qui habite dans le cœur de celui qui croit, est courte et abrégée. Comme il avait dit auparavant qu’il avait donné pour nourriture à la maison d’Aaron les victimes de l’Ancien Testament, il parle ici de manger du pain, parce que c’est le sacrifice des chrétiens dans le Nouveau.
CHAPITRE VI.
Bien que ces choses paraissent maintenant aussi claires qu’elles étaient obscures lorsqu’elles furent prédites, toutefois il semble qu’on pourrait faire cette objection avec quelque sorte de vraisemblance : Quelle certitude avons-nous que toutes les prédictions des Prophètes s’accomplissent, puisque cet oracle du ciel : « Votre maison et la maison de votre « père passeront éternellement en ma présence », n’a pu s’accomplir ? Car nous voyons bien que ce sacerdoce a été changé, sans que cette maison puisse jamais espérer d’y rentrer, attendu qu’il a été aboli, et que cette promesse est plutôt pour l’autre sacerdoce qui a succédé à celui-là. — Quiconque parle de la sorte ne comprend pas encore ou ne se souvient pas que le sacerdoce, même