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est ainsi chantée par le Prophète : « Mon Dieu, élevez-vous au-dessus des cieux, et que votre gloire soit sur toute la terre[1] ». Qu’après son exaltation le Saint-Esprit dût venir et le glorifier, c’est ce qu’annonçait le Psalmiste, c’est ce qu’avait promis Jésus-Christ lui-même ; nous en voyons maintenant l’accomplissement.

4. Quant à ce que dit le Sauveur : « Il recevra du mien et vous l’annoncera », écoutez-le avec des oreilles catholiques, comprenez-le avec des esprits catholiques. Il ne s’ensuit pas, en effet, comme l’ont pensé quelques hérétiques, que le Saint-Esprit soit moindre que le Fils ; comme si le Fils recevait du Père, et le Saint-Esprit du Fils, en raison de différences qui existeraient dans leur nature. Loin de nous de le croire ; loin de nous de le dire ; loin de tout cœur chrétien même de le penser. Du reste, Notre-Seigneur tranche lui-même la difficulté et nous explique aussitôt ce qu’il a voulu dire : « Toutes les choses », dit-il, « qu’a le Père, sont miennes ; c’est pourquoi j’ai dit qu’il recevra du mien et vous l’annoncera ». Que voulez-vous de plus ? Le Saint-Esprit reçoit donc du Père et le Fils aussi ; parce que dans cette Trinité, le Fils est né du Père, et que le Saint-Esprit en procède. Celui qui n’est pas né d’un autre et qui ne procède de personne, c’est le Père seul. Mais dans quel sens le Fils unique a-t-il dit : « Toutes les choses que le Père a, sont miennes ? » Certes, ce n’est pas dans le sens dans lequel il a été dit à ce fils non unique, mais l’aîné des deux : « Tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi[2] ». Nous le constaterons avec soin, si le Seigneur nous en fait la grâce, à l’occasion de ce passage où le Fils dit au Père : « Et tout ce qui est à moi est à vous, et ce qui est à vous est à moi[3] ». Il faut, en effet, terminer ce discours ; ce qui suit demandant, pour être traité, un exorde différent.

CENT UNIÈME TRAITÉ.

DEPUIS CES PAROLES DE NOTRE-SEIGNEUR : « ENCORE UN PEU DE TEMPS, ET VOUS NE ME VERREZ PLUS », JUSQU’À CES AUTRES : « ET EN CE JOUR VOUS NE ME DEMANDEREZ RIEN ». (Chap. 16, 16-23.)

LA VIE PRÉSENTE ET LA VIE FUTURE.

Entre le moment de la mort du Christ et celui de sa résurrection devaient déjà se vérifier ces paroles : « Encore un peu de temps, etc. » Mais elles ont particulièrement trait, d’abord à la vie présente, où nous gémissons, et ensuite à la vie éternelle, où nous saurons tout et où rien ne nous manquera.

1. Ces paroles de Notre-Seigneur à ses disciples : « Encore un peu de temps et vous ne me verrez plus, et encore un peu de temps et vous me verrez, parce que je vais à mon Père », étaient pour eux si obscures, avant l’accomplissement de ce qu’elles annonçaient, qu’ils se demandaient entre eux ce qu’il voulait dire, et qu’ils avouaient n’y rien comprendre. L’Évangile, en effet, ajoute : « Quelques-uns donc des disciples se dirent entre eux : Qu’est-ce qu’il nous dit : Encore un peu de temps et vous me verrez, et encore un peu de temps et vous ne me verrez plus, parce que je vais à mon Père ? Ils disaient donc : Qu’est-ce qu’il nous dit : Encore un peu de temps ? Nous ne savons ce qu’il dit ». Ce qui les embarrassait, c’est qu’il disait : « Encore un peu de temps et vous ne me verrez pas, et encore un peu de temps et vous me verrez ». Auparavant il leur avait dit, non pas : « Encore un peu de temps » ; mais seulement : « Je vais à mon Père, et vous ne me verrez plus[4] ». Il

  1. Psa. 107, 6
  2. Luc. 15, 31
  3. Jn. 17, 10
  4. Jn. 16, 10